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Cessez-le-feu avec la Thaïlande : Entre espoirs fragiles et solidarité citoyenne

Depuis plusieurs mois, la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande demeure le théâtre d’un conflit qui a profondément marqué la région tant sur les plans militaire, économique, social que touristique. Ce 11 août 2025, la situation présente des signes de stabilité relative, mais les enjeux demeurent lourds et complexes, impliquant prisonniers, réfugiés, acteurs diplomatiques et initiatives citoyennes en faveur de la paix.

Des attachés militaires étrangers visitent un camp de déplacés dans la province d'Oddar Meanchey
Des attachés militaires étrangers visitent un camp de déplacés dans la province d'Oddar Meanchey

Situation militaire et diplomatique

Un cessez-le-feu a été signé le 28 juillet 2025 sous médiation internationale, notamment lors d’une réunion à Kuala Lumpur le 7 août, réunissant des représentants de l’Asean, de la Malaisie, des États-Unis et de la Chine. Ce cessez-le-feu, encore fragile, a suivi cinq jours d’affrontements intenses qui ont fait plus de 40 morts et ont provoqué le déplacement massif de civils des deux côtés de la frontière. Malgré cela, les autorités cambodgiennes ont continué d’évoquer des préparatifs militaires du côté thaïlandais, ce qui maintient la tension dans la région.

Le Cambodge accuse la Thaïlande de viser des sites symboliques tels que les temples de Preah Vihear et Ta Krabey, et reste très vigilant face aux risques d’offensive.

Parmi les conséquences de ces affrontements, environ vingt soldats cambodgiens sont détenus par l’armée thaïlandaise, dont la libération est réclamée avec insistance par Phnom Penh. Deux prisonniers ont été libérés début août, mais la majorité reste captive en Thaïlande, nourrissant un climat de méfiance entre les deux états. Les autorités thaïlandaises affirment cependant respecter les conventions humanitaires dans leur traitement des détenus.

Conséquences économiques, sociales et touristiques

L’impact de ce conflit frontalier dépasse le cadre militaire. La fermeture de la frontière terrestre depuis fin juin 2025 a stoppé l’intense flux de travailleurs migrants cambodgiens en Thaïlande, estimés à environ 500 000, ce qui entraîne des difficultés économiques majeures tant pour les travailleurs que pour les entreprises thaïlandaises et cambodgiennes dépendantes de cette main-d’œuvre.

Le secteur touristique, autre pilier économique régional, souffre également de cette instabilité. Les villes frontalières et les zones touristiques voient leur activité paralysée par la baisse des visiteurs, la peur et les restrictions aux passages de la frontière.

Cela affecte tant les petits commerces, guides touristiques et taxis, que les projets d’infrastructures soutenus par des investisseurs étrangers, en particulier chinois.

La crise a par ailleurs accentué les discriminations et tensions sociales, avec des actes d’hostilité envers les Cambodgiens résidant ou travaillant en Thaïlande, suscitant une vague de retours massifs vers le Cambodge. Selon les estimations, entre 200 000 et 750 000 travailleurs auraient regagné leur pays, dans des conditions parfois précaires, aggravant la situation sociale et économique locale.

Situation des réfugiés et initiatives humanitaires

Plus de 300 000 civils ont été déplacés des zones frontalières, cherchant refuge principalement au Cambodge. En réponse, le gouvernement cambodgien affiche un esprit humanitaire, renforcé par des accords de cessez-le-feu et des appels à la solidarité régionale.

Diverses initiatives d’ONG, agences internationales et acteurs locaux se mobilisent pour apporter assistance, notamment en matière de protection, logement, santé et soutien psychologique aux réfugiés et déplacés. Ces efforts s’inscrivent dans un cadre réglementé, où les ONG étrangères doivent être enregistrées auprès des autorités cambodgiennes pour agir sur le terrain.

Engagements pour la paix : marches et mobilisations

Sur le plan civil, plusieurs marches pour la paix ont eu lieu à Phnom Penh et à l’international, témoignant d’un souhait profond de résoudre le conflit par le dialogue et la réconciliation.

Des centaines de moines bouddhistes ont organisé des processions pour honorer les soldats morts dans les affrontements, diffusant un message de paix et de mémoire. Ces actions, relayées par des centres culturels et des réseaux diasporiques, participent à maintenir une dynamique apaisante dans un contexte régional tendu.

Déclarations officielles

Les gouvernements des deux pays affichent des positions prudentes mais déterminées. Phnom Penh insiste sur l’inviolabilité de sa souveraineté et réclame la libération immédiate des prisonniers cambodgiens. Bangkok, de son côté, affirme son engagement à respecter le droit international humanitaire et défend ses mesures de sécurité aux frontières, tout en soulignant la nécessité de lutter contre la criminalité transnationale liée à la région.

Au 11 août 2025, la frontière Cambodge-Thaïlande se trouve à un moment critique d’équilibre fragile. Si les hostilités directes semblent contenues, les défis économiques, sociaux et humains demeurent considérables. Dans ce contexte, le rôle de la diplomatie internationale, des ONG, des communautés locales et des manifestations pacifistes apparaît essentiel pour bâtir un avenir de coexistence et de coopération entre ces deux voisins au passé complexe et partagé.

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