Hav Sokna a dû faire face à quelques préjugés sexistes lorsqu'elle s'est lancée dans les affaires, les premières objections venant de sa propre famille, qui craignait qu'elle ne réussisse pas - et que cette nouvelle entreprise la détourne de ses devoirs de femme au foyer.
Mais la jeune femme ne s’est pas laissé décourager. Ayant découvert l’élevage de vers de coco sur les réseaux sociaux, Sokna a commencé à effectuer des recherches sur cette entreprise inhabituelle, prouvant ainsi que les femmes du secteur informel pouvaient réussir si elles étaient déterminées.
« L’idée de créer cette entreprise était de gagner un revenu supplémentaire pour subvenir aux besoins de ma famille et d’apporter une contribution à la communauté. »
« Je me suis intéressée à la création de ma propre entreprise de vente de vers de coco, car, en tant que femme au foyer occupée par les tâches quotidiennes, il est facile de s’en occuper. Ils sont faciles à élever et demandent peu d’attention », explique Sokna.
Aujourd’hui, Hav Sokna est l’heureuse propriétaire de la Sokna Natural Coconut Worm Farm, située à Sangkat Kraing Thnong, dans le quartier Sen Sok de Phnom Penh.
Bien qu’on l’appelle communément le ver du cocotier, cette friandise frétillante est en fait la larve d’un type de scarabée.
Après avoir acquis les techniques nécessaires à cet élevage, Sokna a créé sa propre entreprise au début de 2021. Son initiative l’a vue devenir une entrepreneuse sûre d’elle, et cette mère de deux enfants a pu jongler entre son activité et son rôle de mère de famille.
Le succès d’une entreprise est souvent une question de bon timing, et l’entrée de Sokna sur le marché de la vente de larves maison s’est avérée lucrative lorsque les médias sociaux ont été inondés de clips vidéo sur la consommation d’aliments rares, exotiques et inhabituels — alimentant la demande pour ses savoureux asticots.
« La demande a été forte de juin à septembre de l’année dernière, car les émissions sur la nourriture exotique sont devenues virales sur les médias sociaux tels que Facebook et TikTok.
« De nombreux clients voulaient goûter mes vers de coco. J’élevais environ 400 conteneurs de larves, et chaque mois, je pouvais facilement vendre entre 50 et 80 kg. Le prix de détail est de 70 000 riels par kilo, tandis que celui de gros est d’environ 50 000 riels », déclare Sokna.
L’élevage des vers de coco n’est pas une activité laborieuse, dit-elle, car les larves peuvent être écloses en sept jours, et après environ 45 jours, elles sont prêtes à être vendues. L’élevage peut se pratiquer facilement dans des récipients en plastique remplis de fibres de noix de coco.
« Les vers de coco sont faciles à élever, car ils n’ont besoin d’être nourris qu’une fois tous les 10 à 15 jours environ. Nous sélectionnons d’abord la bonne espèce, puis nous choisissons la nourriture qui leur convient. J’utilise des coquilles de noix de coco et des fruits légèrement pourris du marché local, comme des bananes, des papayes, des pastèques, des jacquots ou des fruits du dragon. »
Elle précise que l’un des éléments à prendre en compte lors de l’élevage des larves est le temps — elles ont besoin d’un climat chaud et humide compris entre 27 et 30 Celsius pour une croissance saine, sinon elles ne se reproduisent pas assez.
L’asticot est très nutritif et contient des protéines, des glucides, des fibres, du magnésium, du calcium, du zinc, du fer et du potassium.
Les larves grillées sont un mets populaire dans les pays tropicaux, et sont largement consommées comme collation en Thaïlande, au Vietnam et dans certaines régions d’Afrique. Elles sont également consommées crues.
« Plus de 20 000 entreprises d’élevage d’insectes sont désormais enregistrées en Thaïlande, dont la plupart sont des exploitations familiales à petite échelle », confie Hiroyuki Konuma, le sous-directeur général et représentant régional de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, dans le rapport 2013 « L’élevage à six pattes ».
« L’élevage, la collecte, la transformation, le transport et la commercialisation des insectes sont devenus un secteur de plusieurs millions de dollars, fournissant des revenus et des emplois à des dizaines de milliers de Thaïlandais, et des aliments sains et nutritifs à des millions de consommateurs. »
Sokna exploite son entreprise depuis sa modeste maison.
« Mes clients sont surtout des détaillants, car je n’ai pas encore de clients en gros, comme des restaurants. La plupart des clients achètent les asticots pour découvrir leur goût. Je produis en fonction des commandes, sinon ce sera une perte pour moi si je les élève et qu’il n’y a pas d’acheteurs. Je m’occupe également des clients en gros, mais j’ai besoin d’un délai pour élever les asticots.
« Cependant, la taille du marché des vers est encore réduite en raison de la faible demande. La plupart des Cambodgiens ne connaissent pas encore les avantages des vers de la noix de coco, contrairement à la Thaïlande, où ce marché est florissant », dit-elle.
Et de donner des conseils aux femmes qui souhaitent explorer leurs propres idées d’entreprise, Sokna affirme : « Les femmes doivent croire en elles-mêmes et ne pas se laisser décourager par l’échec. Elles doivent être prêtes à apprendre de nouvelles choses pour devenir des entrepreneurs à succès. »
Avec notre partenaire The Phnom Penh Post
