Beaucoup de jeunes et moins jeunes pensent probablement que Lara Croft et quelques autres films comme Two Brothers sont les seules grosses productions ayant été tournées dans le cadre somptueux des temples d’Angkor.
Il est pourtant un film majeur qui fut tourné par Richard Brooks en 1965 avec l’immense Peter O’Toole : Lord Jim, tiré d’un livre de Joseph Conrad.
La production de Lord Jim s’est déroulée dans un contexte tout particulier qui rend les lieux enchanteurs du tournage presque secondaires même s’ils apportent l’exotisme indispensable des productions d’aventures de l’époque. En fait, ce film fut une suite de malentendus.
Oeuvre inhabituelle réalisée avec un talent indéniable, Lord Jim a pourtant été, et injustement, très mal accueilli à sa sortie, tant par le public que par les critiques de l’époque ; quoique l’avis des critiques ne soit pas forcément le gage de la meilleure appréciation….Peut-être, Richard Brooks serait-il resté à la fois timide et conciliant devant les exigences des producteurs qui souhaitaient faire de Lord Jim une grande aventure proche de Lawrence d’Arabie ?
Génial O’Toole
Malgré les pressions, Brooks a néanmoins tenté de garder l’esprit intimiste et essayé de dépeindre le mal-être qui affecte le héros tout au long de sa mise en scène. Même dilemme avec le génial O’Toole alternant des attitudes trop proches de son personnage dans Lawrence d’Arabie et d’autres bien plus fidèles au héros tourmenté du livre.
Lord Jim n’est donc surtout pas un héros, c’est un looser qui tente à grande peine de retrouver une dignité au travers d’actes héroïques. Il n’était donc pas facile pour le cinéaste de faire accepter au public un tel personnage.
Dans cette fresque bancale, mi-intimiste, mi-épopée, Curd Jürgens compose un lâche alcoolique, le jubilatoire Eli Wallach est une espèce de sadique et James Mason un Nemesis de Lord Jim, un vague reflet de ses travers.
Au final, le film livre un parcours intérieur jalonné d’épisodes plutôt spectaculaires se déroulant dans un cadre forcément exotique, avec des acteurs solides et un sujet un peu ébréché, mais extrêmement bien réalisé.
La confusion dans l’esprit du public à la sortie du film était donc inévitable et fut accentuée par les pontes du studio qui ne savaient pas comment vendre l’œuvre alors que ce voyage intérieur en dehors des schémas hollywoodiens classiques de l’époque était un événement et une œuvre résolument ambitieuse, à l’opposé des productions traditionnelles proposant des héros condamnés à être beaux, séducteurs, et à détruire des armées entières de méchants.
Synopsis
Un jeune officier de marine, le lieutenant Jim, embarque comme second à bord d’un navire pour convoyer un groupe de pèlerins. Mais quand surgit la tempête, il fuit par lâcheté, laissant les passagers à leur funeste destin.
Pris de remords et animé d’un désir de rédemption, il se lance dans une aventure en Malaisie. Il participe au soulèvement de la population contre un dictateur et brille par son courage. Mais l’orgueil le rend imprudent et téméraire.
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