Cambodge : Emprunt de 3 milliards de dollars pour financer les dépenses 2026, la dette reste maîtrisable
- La Rédaction
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Le gouvernement royal du Cambodge a annoncé son intention d’emprunter plus de 3 milliards de dollars américains au cours de l’année 2026 afin de financer ses projets d’investissement public clés, dans le but de soutenir une croissance économique durable et de renforcer la productivité nationale.

Malgré ce niveau d’endettement supplémentaire, les autorités financières rassurent quant à la soutenabilité de la dette publique, jugée à ce jour « maîtrisable » et « à faible risque ». Cette décision s’inscrit dans un contexte où l'économie cambodgienne affiche de solides perspectives de croissance, avec un produit intérieur brut (PIB) attendu à +6,2% en 2026 selon la Banque asiatique de développement.
Un emprunt massif mais stratégiquement ciblé
Selon le projet de loi financière pour la gestion budgétaire 2026 publié par le ministère de l’Économie et des Finances, le Cambodge prévoit d’emprunter l’équivalent de 2,25 milliards de Droits de Tirage Spéciaux (DTS), soit environ 3,1 milliards de dollars. Ces fonds seront essentiellement investis dans des projets prioritaires d’infrastructure et de développement, visant à renforcer les capacités productives du pays.
Le cadre d’emprunt se concentre sur des prêts concessionnels, avec un élément de don moyen de 36%, limitant ainsi le coût réel de la dette pour le Trésor public.
Le pays poursuit ainsi une politique de financement prudente, privilégiant les partenaires bilatéraux et multilatéraux, parmi lesquels figurent la Banque asiatique de développement, la Banque mondiale, ainsi que des pays comme la Chine, le Japon, la France et la Corée du Sud. Fin 2025, la dette publique extérieure du Cambodge s’élevait à environ 12,54 milliards de dollars, représentant 18,4% du PIB, un ratio bien en dessous du seuil internationalement reconnu à 40% pour qualifier une dette à risque élevé.
Une dette publique jugée "assimilable" par les experts
Dans un entretien récent, le ministre délégué à l’Économie et aux Finances, Aun Pornmoniroth, a confirmé que le gouvernement veillait à la gestion rigoureuse de la dette, fondée sur une stratégie prudente et des emprunts concessifs. L’objectif est de maintenir la dette en dessous de seuils critiques qui pourraient compromettre la stabilité économique.
L’économiste Hong Vanak de l’Académie royale de Cambodge souligne que la dette publique est considérée comme maîtrisable tant qu’elle reste aux alentours de 30% du PIB. À titre de comparaison, certains pays confrontés à des niveaux de dette dépassant 50% du PIB rencontrent de graves difficultés de gestion des finances publiques. Le Cambodge est donc en position confortable, avec un ratio dette/PIB historiquement stable oscillant autour de 25%, contre un record à 39,8% en 2003.
Perspectives économiques robustes pour soutenir la gestion de la dette
Le contexte macroéconomique cambodgien demeure favorable à cette stratégie d’endettement mesuré. Selon les récentes estimations de la Banque asiatique de développement, le PIB réel du Cambodge devrait croître de 6,1% en 2025, puis de 6,2% en 2026, porté par une dynamique industrielle soutenue, notamment dans les secteurs du textile, de l’électronique et de l’agroalimentaire.
L’investissement public, assorti d’une gestion budgétaire transparente, vise à catalyser davantage l’investissement étranger direct et à améliorer les infrastructures, contribuant à l’essor économique soutenu.
Toutefois, cette trajectoire devra composer avec certains défis, dont une inflation modérée attendue à 3,7% en 2025 avant de ralentir l’année suivante, ainsi que des incertitudes liées aux échanges commerciaux mondiaux qui pourraient ralentir la demande extérieure. La diversification économique et le renforcement des capacités locales dans l’industrie manufacturière restent ainsi au cœur des priorités gouvernementales.
Un budget 2026 en hausse, reflet d’une ambition économique
Le gouvernement cambodgien a également dévoilé un projet de budget national pour 2026 d’environ 32,7 billions de riels, soit environ 8,1 milliards de dollars, représentant une augmentation notable par rapport aux années précédentes. Les dépenses totales sont estimées à 40,9 billions de riels (environ 10,1 milliards de dollars), soit une hausse de presque 8%. Dans ce schéma, l’emprunt public couvre une part significative du déficit budgétaire anticipé, lequel s’inscrit dans une vision d’investissement à long terme et d’aménagement stratégique pour soutenir la croissance.
Le maintien d’une part des dépenses courantes à environ 12,6% du plafond d’emprunt autorisé illustre la volonté de garder une discipline financière stricte, même face à la nécessité d’augmenter les capacités de financement pour des projets de grande envergure, notamment dans les infrastructures routières, énergétiques et sociales.
Entre maîtrise des risques et dynamique de développement
Le Cambodge parvient à conjuguer une politique d’endettement mesurée avec des ambitions de croissance soutenue, appuyée par une stratégie financière lucide et une gestion transparente des fonds publics. Le recours aux prêts concessifs et la concentration des emprunts sur des projets productifs contribuent à pérenniser la situation budgétaire, tout en permettant au pays de poursuivre son développement économique.
Cette approche équilibrée est cruciale dans un contexte mondial marqué par l’incertitude économique et les fluctuations des marchés. Tant que la dette publique reste à un niveau soutenable, proche de 25% du PIB, le Cambodge conserve une marge de manœuvre suffisante pour financer ses priorités nationales sans compromettre sa stabilité financière.
Ainsi, 2026 devrait être une année charnière, marquée par un dosage prudent entre investissement ambitieux et gestion rigoureuse, pour soutenir le positionnement du Cambodge en tant qu’économie émergente à forte croissance dans la région Asie du Sud-Est.



