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Cambodge & Aventure : Marc Boudier, 50 000 kilomètres avant Siem Reap

Il n’avait prévu de rester que quelques semaines au Cambodge, traversant le pays au cours d’un long périple depuis Paris au guidon de son vélo électrique. Le Covid et les fermetures de frontières en auront décidé autrement, obligeant Marc Boudier à poser pied à terre dans la ville de Siem Reap. Le cycliste-voyageur a accepté de décrire son quotidien siemreapois et de revenir sur les innombrables étapes qui ont jalonné les 50 000 kilomètres déjà parcourus.

Un vélo Riese & Muller armé de deux batteries de 500 watts, capable d’atteindre une vitesse de 45 km/h et disposant de 200 km d’autonomie : c’est avec un équipement de haute volée que Marc Boudier s’est lancé dans l’aventure. Sa monture l’a jusqu’à présent mené à travers 32 pays, au cours d’un périple mis en suspens par la pandémie, mais que l’aventurier s’apprête à reprendre dès que les frontières terrestres rouvriront. Cette pause impromptue lui a néanmoins permis de digérer tous les événements qui se sont succédé sans répit depuis son départ :

« Lorsqu’on voyage, il n’est pas facile de prendre du recul, de cultiver ses souvenirs et de se rendre vraiment compte de ce qu’on vit ».

Les événements s’enchaînent et il faut penser à une multitude de choses afin de gérer au mieux les aléas du quotidien. Depuis que je suis à Siem Reap, j’ai eu le temps de repenser aux paysages traversés, aux rencontres, à tous ces lieux chargés d’histoire et ce que j’ai ressenti en les visitant. Sans omettre la découverte plus approfondie du Cambodge, à laquelle je peux m’adonner sans réserve depuis deux ans. »

Larguer les amarres

Pour Marc Boudier, la soif de l’inconnu ne date pas d’hier. Ayant déjà effectué 2 tours du monde, ce français longtemps exilé à San-Francisco dévore depuis longtemps les ouvrages de Sylvain Tesson, de Nicolas Bouvier et de ces écrivains-voyageurs dont chacune des pages alimente une inextinguible soif d’aventure.

« Pendant 14 ans, j’ai travaillé vraiment dur à San-Francisco, m’occupant de la création et de la maintenance de sites internet pour de grosses entreprises. »

«Cela m’a permis d’accumuler de jolies sommes d’argent, mais en contrepartie, je ne partais quasiment jamais en vacances.»

« Alors, un jour, durant ce qu’on appelle une “période charnière”, j’ai décidé de changer de vie et d’entamer ce périple qui doit me mener à Singapour, en passant par le Vietnam et pourquoi pas jusqu'au Japon… L’idée germait depuis un certain temps, deux ans peut-être. Il a fallu se préparer avec soin, boucler un itinéraire, se renseigner sur les visas, les hébergements et tous ces aspects relatifs à la logistique. Sans négliger la question du climat, afin de ne pas se retrouver dans les régions montagneuses en plein hiver par exemple. Une fois le vélo acquis et les sacoches bouclées, j’étais prêt à quitter Paris. C’était le 11 mai 2018, pour une durée estimée entre 8 et 10 mois… Nous en sommes loin ! »

Éloge de la lenteur

Ce voyage, Marc Boudier ne l’a jamais envisagé sous l’angle de l’exploit. Pour ce féru d’histoire, de culture et d’architecture, le choix de l’itinéraire s’est décidé en fonction du patrimoine, quitte à effectuer de larges boucles répondant à ses centres d’intérêt. Sur son blog, l’itinéraire sinueux et riche en circonvolutions en témoigne, affichant sur la mappemonde des lieux aux consonances magiques. Venise, Pompéi, Istanbul, Samarcande, Bénarès, Jaipur, Bagan…

« Visiter des sites classés par l’UNESCO, découvrir des endroits chargés d’histoire et traverser des paysages fantastiques ont été mes préoccupations premières lorsque j’ai établi mon trajet. »

« Tout en veillant à privilégier autant que possible les petites routes, qui possèdent tellement plus de charme que les grandes voies surfréquentées. »

Il est évident, en étudiant l’itinéraire emprunté, que pour Marc Boudier le chemin le meilleur n’est pas celui de la ligne droite. « Avant d’arriver à Istanbul, le compteur kilométrique avait déjà dépassé les 10 000 kilomètres » se souvient-il en souriant. La traversée de l’Inde s’est transformée en un tour quasi complet du sous-continent qui, en 8 mois, a révélé toute la richesse d’un pays profondément façonné par des religions dont les cultes cohabitent parfois à seulement quelques mètres de distance.

Apprivoiser le voyage au long cours

En plus des splendeurs architecturales et des paysages somptueux, Marc a aussi profité des hasards du calendrier, qui l’ont propulsé au cœur de cérémonies religieuses, festivals divers et autres fêtes, qu’elles soient nationales ou de quartier. De quoi amplement satisfaire la curiosité et l’ouverture d’esprit qui poussent à entreprendre une telle aventure, qui nécessite pourtant des conditions physiques et mentales particulières.

« Ce nomadisme à temps plein me convient parfaitement. J’y trouve un équilibre et une liberté dont je ne disposais pas lors de ma vie sédentaire. »

« Pas une seule fois je n’ai douté de la démarche, pas une seule fois je n’ai été tenté d’abréger le périple. Mais voyager ainsi demande une certaine adaptation. Il faut se préserver d’une usure qui ne demande qu’à s’installer, notamment si l’on enchaîne les étapes sans prendre le temps de se reposer. Certaines personnes pressées par le timing d’une année sabbatique ou d’un itinéraire trop exigeant peuvent très vite s’effondrer et perdre toute motivation. En ce qui me concerne, j’ai un temps indéfini devant moi, et assez de moyens pour me payer de temps en temps un bel hôtel, avec piscine et chambre reposante. Lorsqu’on voyage et qu’on est souvent amené à dormir dans des conditions spartiates, traverser des passages difficiles et être livré à des conditions météo pas toujours idéales, prendre soin de soi est un impératif qu’il faut absolument respecter si on veut durer. »

Une merveille à chaque étape…

Cette endurance est heureusement récompensée par un émerveillement quotidien, dont les rencontres sont partie intégrante. Le vélo attire les curieux, alimente les conversations de manière parfois amusante. « Je me souviens de cette jeune réceptionniste d'hôtel, à Prague, qui était impressionnée par le trajet que je venais d’effectuer depuis Paris. Imaginez lorsque je lui ai révélé la finalité de mon itinéraire ! De manière générale, je prenais soin de m'arrêter au moins quatre fois par étape afin de me reposer mais, surtout, de partager quelques moments avec les populations des régions traversées. Il y a aussi toutes ces nuits passées chez l’habitant. C’est une pratique très répandue dans les anciens pays du bloc de l’Est, mais cela était aussi nécessaire dans certaines régions démunies de toute infrastructure touristique. » Partant dès l’aube, non sans avoir au préalable vérifié l'état de son vélo, estimé la consommation journalière en fonction du relief et consulté les conditions météo, Marc termine généralement son parcours en début d'après-midi et profite du reste de la journée pour visiter le lieu de son étape et s'imprégner de l’ambiance locale.

…mais aussi beaucoup de choses révoltantes »

Ce long chemin qui l’a mené jusqu’au Cambodge et qui l’emportera toujours plus vers l’est n’a néanmoins pas été tout le temps idyllique. Une casse moteur, des cols à plus de 5 000 mètres d’altitude, la solitude des routes désertes, la difficulté pour trouver un point de recharge et des conditions inhospitalières ont aussi ponctué le trajet. « Dans certains pays, le visa n’est que de quelques jours. Il faut donc les traverser très vite, ce qui est assez stressant. Sans compter la présence policière ou militaire, comme ce fut le cas au Xinjiang et au Pakistan, où j’eus droit à une escorte me suivant plus ou moins discrète. Il y a aussi la vision, horrible, des conditions environnementales très dégradées dans de nombreuses régions du globe. Il n’est pas rare de voir, d’un côté de la route, des panoramas incroyables et, en tournant la tête, des paysages ravagés par la pollution ou par un urbanisme incontrôlé. »

Regard dirigé vers l'est

Arrivé au Cambodge à la fin février 2020, Marc a ensuite voulu poursuivre son chemin vers le Vietnam, mais la frontière venait tout juste d’être interdite de traversée. Roulant jusqu’au nord, il tente alors le passage au Laos, là aussi impossible. Il décide de se replier sur Siem Reap,

« Un lieu agréable, où on trouve tout ce dont on a besoin sans tomber dans la folie d’une grande ville, comme à Phnom Penh.»

« Je roule chaque matin, le plus souvent dans les temples, où je m'arrête volontiers pour admirer ces incroyables monuments. Que ce soit au Cambodge ou ailleurs dans le monde, j'ai remarqué que c’est généralement dans le religieux que l’art s’exprime dans toute sa grandeur. Et la campagne qui entoure la ville est magnifique. » Cet attachement à Siem Reap ne l’a pas empêché de parcourir le pays au cours de ces deux années, Battambang, les Cardamomes, Kampot, Kratié… Travaillant encore de temps en temps dans la conception de sites internet, Marc attend patiemment de pouvoir enfin reprendre le chemin de ses rêves.

Le voyage de Marc Boudier peut être suivi depuis son site internet : https://www.ebikejourney.com/



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