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Ancre 1

Boycott thaïlandais au Cambodge : qui paie le prix de la guerre commerciale ?

La possible sortie de PTT du Cambodge, face à la chute drastique des ventes et au boycott populaire des produits thaïlandais, illustre une crise économique et politique aux répercussions majeures.

PTT, géant énergétique public thaïlandais, subit une baisse de plus de 50% des ventes dans un contexte de tensions frontalières exacerbées depuis juillet 2025

PTT, géant énergétique public thaïlandais, subit une baisse de plus de 50% des ventes dans un contexte de tensions frontalières exacerbées depuis juillet 2025, accompagnée d’une désaffection des consommateurs cambodgiens et du retrait de multiples distributeurs locaux de la marque PTT. Ce recul entraîne un risque élevé identifié par PTT, avec une contraction de ses stations-service de 200 à 150 environ en quelques mois et la perspective, en cas d'aggravation, d’une sortie définitive du marché cambodgien.​

Contexte

L'arrêt total des importations de carburants thaïlandais vers le Cambodge s’inscrit dans une escalade du conflit frontalier, entraînant des mesures nationales de boycott qui dépassent le secteur énergétique pour toucher un large éventail de produits thaïlandais.

La conséquence immédiate est une modification rapide de la chaîne d’approvisionnement locale, avec le rachat par des intérêts cambodgiens des opérations locales de PTT, sous la nouvelle enseigne Peace Petroleum Cambodia, renforçant le mouvement d’autonomie économique face à la dépendance jugée stratégique.​

Avantages et risques

Cette dynamique possède des retombées ambivalentes. D’un côté, la capacité du Cambodge à diversifier ses sources d’énergie en réduisant sa dépendance au carburant thaïlandais constitue un pas vers une plus grande souveraineté économique et une réduction des risques géopolitiques.

La montée en puissance des acteurs locaux comme Kampuchea Tela sur le marché énergétique témoigne d’une résilience économique potentielle. D’un autre côté, la perte importante des échanges commerciaux entre les deux pays (avec une chute d’exportations thaïlandaises de 43% vers le Cambodge en 2025) porte atteinte à la stabilité économique, affectant notamment l’emploi et les secteurs agricoles et industriels dépendants de la Thaïlande, source majeure de matières premières.​

Impact sur l’emploi local et les franchisés cambodgiens

Le boycott des produits thaïlandais, notamment ceux de PTT, a eu un impact significatif sur l'emploi local et les franchisés cambodgiens. Environ 90% des entreprises sous franchise PTT au Cambodge sont détenues et exploitées par des Cambodgiens, avec des milliers d'employés locaux.

Ainsi, la baisse des ventes due au boycott menace directement ces emplois locaux, allant des employés des stations-service aux travailleurs des franchises 7-Eleven et Amazon Café, qui subissent une baisse importante de clientèle et de revenus. Certains franchisés craignent même des suppressions d'emplois et des réductions de salaires en raison de la chute de leurs recettes, bien qu'aucun licenciement massif n'ait encore été officiellement rapporté.​

Les propriétaires cambodgiens de franchises ont annoncé leur intention de dissoudre les contrats avec PTT et de soutenir des marques locales comme Peace Petroleum Cambodia, espérant ainsi protéger les emplois cambodgiens et renforcer la souveraineté économique. Cependant, cette transition reste délicate, car le boycott et la désaffection des consommateurs affectent le chiffre d'affaires des petites entreprises et commerces de proximité, de nombreux produits thaïlandais achetés étant désormais invendables, ce qui pose un problème de liquidité aux commerçants.​

Par ailleurs, le boycott génère un effet boomerang potentiel : il risque de nuire aussi aux travailleurs cambodgiens engagés dans des relations économiques avec la Thaïlande, notamment dans les exportations agricoles et l’industrie textile, secteurs clés de l'économie locale.

Alors que le boycott vise à protester contre des tensions politiques, les premiers à en souffrir sont souvent les employés cambodgiens et les petites entreprises franchisées, ce qui appelle à une gestion équilibrée entre patriotisme économique et pragmatisme social.​

Conséquences commerciales pour PTT et le Cambodge

La décision de PTT de classer le Cambodge comme un marché « à haut risque » reflète l’impact profond du boycott et de l’instabilité politique sur ses opérations. Si PTT maintient encore certains services, notamment par ses enseignes annexes comme 7 Eleven et Amazon Café, le cœur commercial du carburant est fragilisé, avec un retrait progressif des distributeurs locaux. Ce scénario met en lumière la fragilité des entreprises étrangères face aux risques politiques et aux sentiments nationalistes exacerbés.​

Au final, la décision probable de PTT de se retirer du marché cambodgien illustre les tensions économiques qui accompagnent les conflits politiques régionaux. Si ce retrait ouvre une fenêtre à une plus grande indépendance économique locale, il participe aussi à un isolement commercial susceptible de freiner la croissance à court terme et de réduire le potentiel d’investissement étranger.

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