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Société : Viseth Tith, il n'existe pas de sentiment d'insécurité qui se développe à Phnom Penh

Alors que l’éventualité d’un sentiment d’insécurité grandissant a été évoqué en ligne par un support francophone, le major général de police Viseth Tith a souhaité faire entendre son point de vue.

Une criminalité exagérée

Certains annoncent avec forte assurance que le sentiment d’insécurité se développe à Phnom Penh. Là, c’est assez troublant, car ce type de déclaration est largement susceptible d’effrayer les résidents, de montrer à tort une ville « dangereuse » et de remettre en question le travail des autorités policières. Sur ce sujet, le major général de police Viseth Tith nous a envoyé une très longue lettre faisant part de son indignation quant au traitement d’un sujet qu’il connait particulièrement bien. Sachant que M. Tith est un officiel qui défend logiquement son point de vue, mais qui n’occulte jamais les problèmes auxquels la police locale doit faire face, nous avons choisi d’en publier les extraits qui nous semblent les plus pertinents.

le Major général de police Viseth Tith
Le Major général de police Viseth Tith

À Propos

« Brève présentation pour les lecteurs francophones que je salue bien bas : je suis le Major général de police Viseth Tith, Commissaire adjoint de la police de Phnom Penh, et Chef de la police de l’immigration de Phnom Penh qui ressemble à la PAF (Police aux frontières) ou à la police des étrangers en France.

« Je suis un lecteur attentif à tout ce qui touche au domaine de la sécurité et de la justice, car j’ai des devoirs envers la population et sa sécurité »

C’est pourquoi je m’efforce de développer mes compétences professionnelles, car nous n’avons pas le droit à l’amateurisme lorsque la sécurité des personnes est en danger, d’où mes engagements dans les diverses formations prestigieuses qui m’ont permis d’être diplômé de la 66e promotion des commissaires de police de l’ENSP (École Nationale Supérieure de la police) à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et auditeur de la 29e Session nationale « Sécurité et Justice » de L’INHESJ Paris (Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice). »

Différents services de police

« Notre département est composé de deux services, l’un est en charge de la gestion des étrangers, c’est-à-dire que nous recensons tous les étrangers en court ou en long séjour vivant dans la capitale suivant les lois de l’immigration afin de mettre tout le monde en situation régulière. À défaut, ceux qui sont en “overstay” seront expulsés et bien souvent blacklistés. Nous travaillons avec le nouveau système informatique FPCS (Foreigner Presence in Cambodia System) mis en place par le Département général de l’Immigration (DGI) qui facilite l’enregistrement des étrangers ».

« L’autre service est dénommé “Enquêtes et Procédures”, il est en charge des enquêtes policières suite aux plaintes déposées par les victimes afin de trouver les auteurs/coupables et de les poursuivre en justice »

Ces plaintes sont souvent déposées au poste de police du quartier (sangkat), dans les commissariats d’arrondissement (khan) ou directement dans mon service qui se situe dans les locaux du commissariat de Phnom Penh. Auparavant nous avions aussi un bureau dans la rue 152, mais suite au Covid-19, nous avons préféré concentrer notre travail ici afin de mieux optimiser nos efforts. »

Concernant les allégations de sentiment d’inquiétude grandissant à Phnom Penh :

« En lisant une certaine presse qui prétend que l’insécurité se développe à Phnom Penh, j’ai eu les cheveux hérissés en parcourant les premières lignes. Je ne suis peut-être pas un grand expert dans ce domaine, mais je suis un fervent lecteur des différents supports francophones locaux et internationaux. Je pense qu’il faut respecter au moins les règles de base de la mission du journaliste, c’est-à-dire vérifier les faits, le recoupement par deux ou trois sources, sans parler de la charte qualité de l’information ou celle de bonne conduite.

Vigilance sur le terrain

J’exerce un métier dans l’opérationnel, ce qui m’oblige très souvent à sortir de mon bureau et à faire preuve de grande vigilance vis-à-vis du baromètre de la criminalité. Depuis l’apparition du Covid-19 dans le royaume, toute l’équipe du commissariat de Phnom Penh effectue un travail de veille très pointu sur les statistiques de la criminalité et les diverses infractions dans la société cambodgienne.

Les statistiques indiquent clairement que la criminalité a fortement baissé à Phnom Penh
Viseth Tith : Les statistiques indiquent clairement que la criminalité a fortement baissé à Phnom Penh

Nous possédons des chiffres réguliers sur la criminalité provenant des postes de police et d’autres services qui permettent d’anticiper et d’aller à la source du problème. Par exemple, si nous savons que dans une rue ou un quartier, il y a beaucoup de vols à l’arraché, nous envoyons une équipe en uniforme ou en civil, afin de faire un travail de veille et d’enquête, et surtout de tenter d’arrêter les auteurs en flagrant délit quand cela est possible. Cette méthode a démontré toute son efficacité, car des bandes criminelles entières ont été arrêtées et envoyées au tribunal cette année et l’année dernière. »

« Les statistiques indiquent clairement que la criminalité a fortement baissé à Phnom Penh, ainsi que les accidents et le nombre de morts sur les routes. C’est très encourageant et nous avons conscience qu’il faille poursuivre nos efforts tant chez les policiers que vers les particuliers. C’est un travail collectif »

Illustration sans rapport

« La photo destinée à illustrer un article incriminateur s’avère totalement inappropriée. Ce n’est pas une pancarte qui prévient les clients contre les vols à l’arraché comme veut bien le faire croire l’auteure, il s’agit simplement d’un message annonçant : “Ne rien oublier dans le véhicule ou tuk-tuk, et vérifier avant de partir”, un message totalement banal comme on pourrait en trouver dans les toilettes publiques ou autre.

Le danger des rumeurs

“Depuis notre plus jeune âge, nous avons tous appris à l’école qu’il faut éviter de véhiculer les rumeurs, ou de colporter les ‘mauvaises langues’ avec les ‘On m’a dit que’… Or, je suis totalement sidéré de lire ce genre de texte, en citant comme sources : ‘On m’a dit’. Je ne m’étendrai pas plus, car les nombreux lecteurs francophones méritent mieux que cela, même si nous savons tous que ce virus Covid-19 a chamboulé nos esprits dans les sociétés développées et a frappé de plein fouet beaucoup de secteurs économiques dont le tourisme, la restauration et les loisirs (pour ne citer qu’eux).”

« Toutes les statistiques, provenant aussi bien des ambassades que des services de police montrent une baisse significative de la criminalité et des infractions »

Mais certains préfèrent vraisemblablement oblitérer les principes fondamentaux des sources officielles, et préfèrent les commentaires des rues, ou en langage courant ; les ragots de comptoirs, ce qui n’aide en rien à la compréhension du sujet, pire, cela véhicule un sentiment d’insécurité et de peur pour les résidents les plus sensibles. J’ose espérer lire rapidement plus d’articles portés vers la vérité du terrain avec des statistiques et sources fiables et vérifiables, sinon le travail de la presse n’aura plus sa raison d’être et cela bafouerait les règles premières de déontologie du journalisme, ce qui est fort regrettable à l’heure où le monde entier lutte contre les intox… »

Désir de coopérer

« Pour information, mon service travaille avec toutes les ambassades étrangères afin de résoudre certains problèmes mineurs comme la perte du passeport, ou des problèmes plus graves comme des disparitions inquiétantes ou des atteintes aux personnes. La page Facebook du commissariat de Phnom Penh a aussi une équipe qui suit les messages et commentaires de jour comme de nuit H-24 et 7/7. Nous recevons aussi les plaintes en ligne, n’oublions pas que la société cambodgienne est actuellement très tournée vers le numérique. »

« Cette disponibilité et ce type de communication nous permettent d’intervenir le plus rapidement possible en cas de problème (incendie, victimes de violence physique, vol à l’arraché, cambriolage, incivilités, tapages nocturnes, nuisances sonores, etc.…) de procurer l’aide aux victimes tant cambodgiennes qu’étrangères, car la nécessité est actuellement dans l’action, et plus nous interviendrons rapidement et plus les problèmes seront résolus de façon efficace », conclut Viseth Tith.

Autres avis

À savoir s’il règne réellement un sentiment général d’insécurité, d’autres points de vue se sont exprimés. Pour Corine Darquey, il y a quelques précautions à prendre, mais elle ne considère pas la capitale cambodgienne comme une ville particulièrement dangereuse :

« Je suis loin, moi, ici, à Saen Monorom. Et je m’y sens en sécurité. Lors de mes brefs passages à Phnom Penh, je ne m’y sens pas plus en danger qu’à Marseille, étant entendu que je n’arbore ni or ni perles, et que je circule “légère” »

Pour Michael, professeur de français récemment installé à Phnom Penh, aucun sentiment d’insécurité dans la capitale, bien au contraire : « Je ne suis absolument pas d’accord concernant le sentiment d’insécurité à Phnom Penh évoqué par certains. En ce qui concerne le vol et les témoignages, je suis perplexe. Je ne pense pas qu’il y ait une recrudescence des larcins, mais plutôt un changement dans le modus operandi ».

« Pour ma part, je ne me suis jamais senti en insécurité à Phnom Penh et les seules fois où un Cambodgien m’a dit de faire attention, c’est parce que j’avais les phares de mon scooter allumé en pleine journée… rire »

« Concernant l’hypothèse de la recrudescence, je ne pense pas qu’il n’y en plus que ça, et puis, dans toutes les grandes villes il y a des larcins. Certaines sources faisant état d’une insécurité grandissante ne semblent pas fiables. Pour conclure, j’ai l’habitude de me promener en vélo a 3-4 h du matin parce que j’aime la couleur de la ville à cette heure-là ; je n’ai jamais eu de problème », conclut Michael.

Pour Alexis Bertolino, érudit et fin connaisseur de l’Asie du Sud-est :

« L’insécurité au Cambodge ? J’ai connu le pays dans les années 1990 ou des gangs armés de Kalashnikov te braquaient dans les rues de Phnom Penh. Une fois, j’ai vu arriver deux Anglais ensanglantés. Les braqueurs leur avaient tiré une balle dans l’épaule à chacun d’eux, car ils étaient furieux que le butin du braquage ne soit que de quelques dollars. D’ailleurs, tous les hôtels conseillaient aux touristes de ne sortir qu’avec quelques dollars, une vingtaine au grand maxi, à cause des vols et des agressions. Alors aujourd’hui à côté, les quelques vols à l’arraché, c’est de la rigolade en comparaison ».

Pour Honorine Ya, Cambodgienne qui se déplace beaucoup à Phnom Penh et voyage fréquemment dans les grandes capitales à travers le monde, Phnom Penh est loin d’être une ville dangereuse :

« Je suis tout-à-fait d’accord avec M. Viset Tith, je ne ressens aucune insécurité dans Phnom Penh depuis le Covid-19. Je le rejoins aussi sur le point qu’il évoque concernant les rumeurs »

« Il y a une communauté au Cambodge ou la rumeur se répand rapidement et en ces temps de pandémie, il semble que cela s’intensifie. Cela est compréhensible, beaucoup sont probablement sur les nerfs, mais il faut éviter de propager les rumeurs et chercher des boucs émissaires », dit-elle.

Toute première fois ?

Ce n’est pas la première fois que le Cambodge est malmené à travers la presse. Avec ironie, on pourrait suggérer au fil des années qu’il s’agit presque d’une tradition. Cela ne veut pas dire qu’il faille l’accepter ou l’ignorer. Notre magazine n’étant pas orienté vers le traitement de ce type de sujet, il apparaît toutefois important de soulever les textes ou illustrations publiés en ligne et susceptibles de gravement fausser l’image du Cambodge, de surcroît lorsque les arguments avancés, des chiffres faux par exemple comme cela est arrivé récemment, sont vraiment plus que discutables.

Cela ne veut pas dire non plus que tout est rose. Les vols à la tire et les cambriolages existent comme ailleurs, personne ne le nie, mais la majorité des guides touristiques qualifie le Cambodge de destination sans réel danger, mentionnant toutefois que quelques précautions sont à prendre lors de sorties de nuit ou dans des quartiers isolés. Élémentaire comme dans n’importe quelle grande destination touristique.

On peut ne pas être d’accord avec certains aspects de la politique menée dans le pays, mais cela suggère une argumentation solide, exprimée courtoisement, dans les règles de l’art et avec la possibilité pour la personne mise en cause de donner son point de vue. À notre avis, travailler sur une photographie ou trois témoignages pour en tirer une triste et noire généralité peut s’avérer dangereux et anti-productif. Ne pas oublier non plus que nous sommes des invités dans ce pays et qu’il semble curieux que certains qui s’y installent militent parfois publiquement et souvent maladroitement à entretenir et développer encore et encore une mauvaise réputation à l’encontre du pays qui les accueille. Par chance, certains grands magazines métropolitains n’hésitent plus depuis quelques années à proposer des sujets qui mettent le Cambodge en valeur en proposant des destinations du royaume, et cela c’est encourageant Enfin, nous avons contacté la rédaction en chef et l’auteure de l'article affirmant que Phnom Penh voyait le sentiment d’insécurité se développer. Personne n’a répondu.

CG

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