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Siem Reap – REPfest 2019 : Musiques sous influence

  • 11 sept. 2019
  • 5 min de lecture

La seconde édition du festival REPfest s’est clôturée en fanfare ce dimanche. De la musique, des échanges, des sourires, mais aussi des débats ont ponctué cet événement mettant en lumière les « Nouvelles musiques traditionnelles ». Retour sur quatre jours d’une intensité rare.

Siem Reap - REPfest 2019

Siem Reap — REPfest 2019


Il aura fallu attendre deux ans avant d’assister à une nouvelle édition du festival REPfest. Et, il faut bien admettre que cela en valait la peine. Sept groupes prestigieux, venus du bassin du Mékong, mais aussi du Japon, ont prouvé à la fois la vitalité et le renouveau des musiques traditionnelles.

Loin de se cantonner aux performances scéniques, le festival, organisé par le Cambodia Living Arts, a aussi et surtout permis d’établir non seulement des échanges entre des musiciens provenant de six pays, mais également de créer un dialogue entre le public et les artistes à travers une série d’ateliers et de débats.

Lorsque l’originalité rencontre la tradition

Sur la scène, les tablas, chapey, gongs et autres xylophones côtoient synthétiseurs et guitares électriques. En un simple coup d’œil, toute la philosophie du festival REPfest se trouve ainsi résumée : prouver que la musique traditionnelle ne se résume pas qu’au folklore, et peut aussi faire preuve d’une belle originalité. Les artistes, dont certains sont encore adolescents, témoignent d’un engouement évident pour des formes musicales qui s’accordent parfaitement à la modernité.

Siem Reap - REPfest 2019

Siem Reap — REPfest 2019


« Cette nouvelle musique traditionnelle, qui se base sur des cultures très anciennes, est tout à fait capable d’exprimer l’air du temps et les préoccupations actuelles. En suscitant les rencontres et les échanges, le REPfest permet d’explorer un héritage commun, de maintenir vivante notre culture et de la transmettre aux générations futures », a déclaré SONG Sen, qui dirige la branche siemreapoise du Cambodia Living Art.

L’association, basée à Phnom Penh et fondée en 1998 par un artiste ayant survécu au régime des Khmers rouges, n’a de cesse depuis lors de promouvoir non seulement les arts cambodgiens, mais aussi tous ceux issus du bassin du Mékong.

Toute une gamme de talents

Répondant à un appel à candidatures, sept groupes ont donc été sélectionnés pour cette édition. All Thidsa Molam, originaire du nord-est de la Thaïlande, est formé de musiciens se connaissant depuis plus de vingt ans. Gita Konyet, venu du Myanmar, réunit les caractéristiques d’un groupe de musique et d’un syndicat d’entraide. Regroupant plus de 300 adhérents, cette organisation procure aux artistes assurance médicale et aides diverses. Laomusic Danxang est une véritable institution culturelle au Laos : fondé par l’artiste Khamsuane Vongthongkham, ce collectif enseigne à la fois la pratique instrumentale, le chant et les danses traditionnelles. Takashi Hirayasu Cloud Wandering Trio, composé de deux artistes japonais et d’une joueuse de pipa taïwanaise, privilégie les sonorités des instruments à cordes.

The Do, venu du centre du Vietnam, propose de créer un trait d’union entre les 45 ethnies qui composent le pays, chacune ayant un style musical propre. Enfin, deux formations cambodgiennes faisaient aussi partie de la programmation. Yaksao, formé il y a trois ans par le virtuose Chamroeun Phan, compte à son actif 17 titres originaux. MEDHA, groupe exclusivement composé de jeunes femmes multi-instrumentistes, dont les performances constituent toujours un moment d’une grande intensité, clôturait cette liste éclectique et prestigieuse.

De la musique, mais aussi des débats

Tous se sont produits sur scène, ont animé des ateliers permettant au public de découvrir les multiples facettes de leur art, et ont participé à deux débats témoignant de l’ancrage dans le temps présent d’une musique traditionnelle en perpétuelle évolution. Le premier de ces échanges avait pour thème la condition des femmes artistes : se déroulant dans une salle comble de l’Université de Siem Reap, les trois intervenantes ont livré leurs témoignages, souvent édifiants. Mai Khoi, chanteuse et activiste vietnamienne a fait part des nombreuses difficultés qu’elle a rencontrées, et qu’elle continue de subir dans une société conservatrice où « le nombre de musiciennes se compte sur les doigts d’une main ».

Chung Yufeng a quant à elle décrit sa lutte pour s’imposer « dans un cadre certes assez libre, mais guidé par un paternalisme évident ». Enfin, Sang Sreypich, du groupe cambodgien MEDHA, a raconté comment sa vocation de musicienne avait été fraîchement accueillie tant par sa famille que par ses professeurs. Toutes, pourtant, se montrent optimistes et placent leurs espoirs dans une nouvelle génération plus tolérante et moins discriminatoire envers les femmes.

Quel avenir pour ces « nouvelles traditions » ?

Le deuxième de ces débats a abordé le thème des « Nouvelles musiques traditionnelles ». Des membres des sept groupes ont pris le micro afin de définir le statut, les enjeux et l’avenir de ce genre musical. « Nos grands-parents nous ont légué leur musique folklorique, à nous de choisir ce qu’il faut préserver et ce qu’il faut faire évoluer. Il n’y a aucune incompatibilité entre tradition et modernisme », estime le professeur encadrant les Laomusic Danxang.

Pour Takashi Hirayasu, « Peu importe que les instruments utilisés soient anciens ou modernes : ce qui compte, c’est ce que le musicien en fait, et, surtout, qu’il les respecte ». « La créativité est le plus bel hommage que l’on puisse rendre à la tradition », renchérit Nguyen Duc Minh, du groupe vietnamien The Do. « Et ce genre de festival permet de créer un cercle vertueux en suscitant tant l’émulation des musiciens que l’intérêt du public ». Après tout, comme le conclut un membre des Gita Konyet, la tradition elle-même n’est-elle pas le fruit d’une perpétuelle évolution ?

Partage d’influences

Les trois soirées de concerts, qui ont eu pour cadre l’Alliance Française, la scène de l’Heritage Hub et le Bambu Stage, auront permis au public de ressentir toutes les émotions dégagées par des formations qui se seront données sans réserve. À ce titre, le concert de The Do a donné lieu à une performance acoustique mémorable, la scène étant éclairée par les spectateurs dont les dizaines de téléphones étaient braqués sur les artistes.

Un autre tour de force aura été de faire jouer ensemble, le dernier soir, les musiciens dans des combos inédits. Mixant les influences et les talents, joutes musicales et créations originales se sont succédé à travers ces collaborations entre des artistes qui n’ont eu que quelques jours pour faire connaissance.

La dernière demi-heure a donné lieu à un final impressionnant amenant sur scène une grande partie des participants, apportant tous leur virtuosité dans un exercice musical de haute voltige. Cette seconde édition s’est clôturée sous les danses et les applaudissements d’un public qui se sera déplacé nombreux, 200 à 300 personnes ayant assisté à chacune des soirées. Le rendez-vous est d’ores et déjà donné pour un nouveau REPfest, qui aura lieu dans deux ans.



La seconde édition du festival REPfest s’est clôturée en fanfare ce dimanche. De la musique, des échanges, des sourires,… Posted by Cambodge Mag on Monday, 9 September 2019

Texte et photographies par Rémi Abad

 
 
 

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