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Siem Reap – Agro-écologie : Semer les graines du futur

Agro-écologie : Semer les graines du futur

Agro-écologie : Semer les graines du futur


Un panel de spécialistes et d’acteurs engagés était convié à l’Alliance Française de Siem Reap pour une rencontre autour de l’agro-écologie. Quelle est cette discipline, quels en sont les enjeux environnementaux et sanitaires ? Quels en sont les bénéfices tant pour les agriculteurs que pour les consommateurs ? Autant de questions qui auront été abordées au cours d’une soirée riche en échanges et en découvertes.

Définir l’agro-écologie

Prévue pour durer une heure et demi, la conférence aura largement débordé sur l’horaire prévu, tant les thématiques abordées se seront révélées foisonnantes. Et il est vrai que les cinq invités, tous impliqués dans une démarche agro-écologique, avaient énormément à dire à propos d’une discipline crédible et pleine de promesses.

Christophe Baillet, cofondateur de l'association Camborea

Christophe Baillet, cofondateur de l’association Camborea


Premier intervenant à prendre le micro, Christophe Baillet, cofondateur de l’association Camborea, propose une définition de l’agro-écologie : « Le terme recouvre une palette très large de pratiques écologiques, allant de l’agriculture raisonnée à la permaculture, en passant par le Bio et l’utilisation de pesticides naturels. Pour faire simple, l’agro-écologie rassemble toutes les alternatives écologiques à l’agriculture conventionnelle ».

Des pesticides omniprésents et dangereux

Une agriculture conventionnelle pointée du doigt pour ses travers lourds de conséquences, tant pour la nature que pour la santé des consommateurs. Le constat est alarmant : selon une étude réalisée en 2015, le recours aux pesticides aurait augmenté de 61% par an entre 2003 et 2012. « Ces chiffres datent un peu, souligne Éric Guerin, et vous pensez peut-être que la situation a évolué depuis. Vraisemblablement, oui, mais pas forcément dans le bon sens ». Pour ce biologiste de formation, spécialiste des abeilles et de l’environnement, la quantité massive de pesticides déversée sur les cultures n’est pas le seul problème.

La qualité des produits est aussi à mettre en cause. « Les pesticides les plus facilement trouvables et les plus abordables sont souvent des produits d’ancienne génération, les plus toxiques, dont la dangerosité a été soulignée par l’OMS. Ces pesticides sont importés du Vietnam ou de Thaïlande, et les instructions d’utilisation ne sont pas traduites, ce qui entraîne une mauvaise utilisation. On surdose ces produits et on les mélange entre eux, provoquant ainsi un dangereux effet cocktail ».

Eric Guerin

Eric Guerin


État des lieux de l’agriculture siemreapoise

Les millions de touristes qui visitent chaque année la ville de Siem Reap entraînent des besoins alimentaires conséquents. Si, au niveau national, le secteur agricole emploie près de 75 % de la population active, les petits producteurs siemreapois sont confrontés tant à la loi du marché qu’à l’urbanisation croissante.

Seule une minorité des denrées consommées en ville est produite localement, le reste étant importé des provinces et des pays voisins. Thaïlande et Vietnam sont certes devenus de grands exportateurs de fruits et légumes, mais au prix d’une utilisation massive de produits chimiques, que l’on retrouve dans les assiettes. Pourtant, fermiers, ONG ou simples particuliers cultivant leur potager se tournent vers une agriculture plus respectueuse de la nature, comme l’ont démontré les intervenants qui se sont succédé au cours de la soirée.

Foisonnement d’alternatives

Tous tentent, à leur manière, de faire évoluer les pratiques agricoles. Pour Christophe Baillet, de l’association Camborea, l’évolution de l’agriculture passe à la fois par l’éducation et l’accès aux semences. Dans le jardin communautaire de cette ONG poussent une multitude de légumes et de fruits, rompant avec les principes trop établis d’une monoculture dévouée au riz.

Situé dans le district d’Angkor Thom, le jardin sensibilise les habitants aux pratiques naturelles et raisonnées, qui sont ainsi transmises pour l’élaboration de leur propre potager. Conseils, mais aussi graines sont fournis par Christophe, qui insiste sur l’importance de ces dernières : « La plupart des semences que l’on trouve dans le commerce sont des espèces hybrides, inadaptées aux sols cambodgiens et, surtout, non reproductibles. Notre démarche est à l’exact opposé ».

Graines distribuées à l’issue de la conférence

Graines distribuées à l’issue de la conférence


Agrisud

Picheth Seng, responsable d’Agrisud Cambodge, appuie la création d’un réseau de petites entreprises agricoles, souvent familiales, qui trouvent leurs débouchés sur les marchés locaux. À travers de nombreuses actions, l’organisation œuvre à la diversification de l’agriculture périurbaine : mené depuis 2011, un projet d’envergure a d’ores et déjà permis à 820 familles d’agriculteurs de diversifier leur production tout en respectant les principes de l’agro-écologie. Une nouvelle étape visant à créer 750 nouvelles fermes dans le district de Banteay Srei a été lancée récemment.

GRET

Une même philosophie sous-tend l’initiative du GRET, qui promeut le développement économique et social en milieu rural grâce à l’agro-écologie. Culture du riz, des légumes, mais aussi aviculture et accès à l’eau sont les principales activités de cette association qui compte près de 2 300 adhérents, dont 80 % de femmes. À travers la coopérative ECOFARM, les productions obtenues sans aucun pesticide trouvent un débouché sur les étals des marchés.

Une approche plus globale et systémique est proposée par Olivier Collineau, par le biais de la permaculture, dont les principes englobent des thématiques aussi diverses que l’éducation, la gestion des déchets ou le recyclage. Située à Svay Chek, dans la province de Banteay Meanchey, l’OrganiKH Farm développe ce modèle d’agriculture alternative.

En cinq ans, cette ancienne rizière s’est transformée en forêt dans laquelle niche un écosystème complet. Thé, citronnelle et gingembre y sont produits, tandis que des enseignements sont prodigués dans le centre communautaire. Les visiteurs, qui peuvent séjourner sur place, sont eux aussi initiés aux pratiques durables.

Olivier Collineau, venu présenter l’OrganiKH Project

Olivier Collineau, venu présenter l’OrganiKH Project


Serge Bellini a quant à lui précisé les engagements de l’Alliance Française sur le terrain de l’écologie : une ou deux ruches devraient être prochainement installées sur le toit-terrasse, produisant ainsi un miel 100 % siemreapois. L’organisation d’un marché bio, qui se tiendrait tous les samedi matins, est aussi envisagée, tout comme la création d’une « grainothèque ». Enfin, un programme d’apprentissage de la langue française sera bientôt inauguré, axant sa thématique autour des questions environnementales.

Serge Bellini et Sokharith Touch, chef de projet au GRET

Serge Bellini et Sokharith Touch, chef de projet au GRET


Cette conférence aura permis d’entrevoir tous les enjeux liés à l’agro-écologie, devant un public venu très nombreux, et qui a pu repartir les poches pleines de graines gracieusement fournies par OrganiKH et Camborea.

Par Rémi Abad

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