Dans toutes les représentations diplomatiques de la France à l’étranger, une cérémonie est organisée le 11 novembre pour commémorer la paix et rendre hommage à tous ceux qui sont morts pour la France. Cette année, pour la première fois, une première partie de la cérémonie s'est déroulée devant le Monument aux morts de la Grande Guerre (« Roup pi ») reconstruit par les autorités cambodgiennes et inauguré le 14 juillet 2023 par l’ancien Premier ministre Hun Sen.
La Première Guerre mondiale, appelée « la Grande Guerre », s’est achevée le 11 novembre 1918 avec la signature de l’Armistice, la convention négociée par les autorités militaires qui a pour objectif immédiat la fin des combats, à Rethondes, en France, dans le train du maréchal Foch (toujours conservé en forêt de Compiègne). L’armistice met un terme à la Première Guerre mondiale qui fit plus 1,4 million de morts et presque 4 fois plus de blessés et de mutilés parmi les troupes françaises, ainsi que 300 000 victimes civiles. La Première Guerre mondiale fit au total dix millions de morts, dix-huit millions si l’on compte les pertes civiles. Elle a laissé des destructions considérables sur les régions où ont eu lieu les affrontements.
Le 11 novembre 1920, la dépouille d’un Soldat inconnu fut inhumée sous l’Arc de Triomphe à Paris où la flamme est ravivée tous les soirs par le Comité de la flamme et des représentants d’associations. Une loi du 24 octobre 1922 fait du 11 novembre un jour férié consacré à la commémoration de la victoire et de la Paix.
Depuis 2012, en plus d’être le jour anniversaire de la signature de l’armistice de 1918 et de « commémoration de la victoire et de la paix », l’hommage rendu le 11 novembre a été étendu à tous les « morts pour la France » des conflits anciens ou actuels. Tous les morts pour la France qu’ils soient civils ou militaires sont désormais honorés lors de ces cérémonies. Cela permet de rendre aussi hommage à tous ceux qui ont péri au cours d’opérations extérieures (« OPEX »).
Dans toutes les représentations diplomatiques de la France à l’étranger, une cérémonie est organisée le 11 novembre pour commémorer la paix et rendre hommage à tous ceux qui sont morts pour la France.
Le Monument avait été inauguré le 1er mars 1925, et détruit par les Khmers rouges. Au Cambodge, ce sont 151 Cambodgiens et 33 Français du Cambodge sont morts lors de la Première Guerre mondiale. En déposant une gerbe devant ce Monument, l’Ambassade de France souhaite rendre un hommage particulier aux Cambodgiens engagés dans la Première Guerre mondiale aux côtés de leurs camarades français.
Hommage à Phnom Penh
Dans son allocution, l'Ambassadeur de France au Cambodge, M.Jacques Pellet, déclarait :
« Emblématique d’une guerre totale, la première guerre mondiale aura fait plus de 10 millions de morts. Parmi ces morts on compte un million quatre cent mille soldats français tués. Avec 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins, les civils des pays belligérants ont également payé un lourd tribut lors de ce conflit le plus meurtrier de notre histoire. La tragédie humaine, le deuil qui a frappé tous les foyers sans distinction de classes ou d’origine pourraient être le dernier souvenir qui demeure. Et pourtant, au-delà de la noirceur d’une guerre qui a fauché les vies humaines dans des proportions qui n’avaient jamais été atteintes, le devoir de mémoire nous demande de rappeler la force et le courage de ces hommes, unis dans une cause commune qui les dépassait
Il y a eu l’horreur des tranchées mais aussi la fraternité d’armes entre forces alliées et notamment celle des soldats cambodgiens et français combattant côte à côte ».
« En effet à l’histoire nationale, il faut associer près de cent mille soldats indochinois qui auront participé au premier conflit mondial. Dès 1915, quatre mille six cents ouvriers rejoignent la métropole pour travailler dans l’aviation, mais le gros des troupes arrive à partir de 1916, pour constituer dix-neuf bataillons de tirailleurs indochinois, auxquels il faut ajouter neuf mille infirmiers et cinq mille conducteurs automobiles. Parallèlement, près de quarante-neuf mille travailleurs originaires du Tonkin, de l’Annam, de Cochinchine et du Cambodge seront envoyés en France pour être employés dans des usines et dans l’administration. »
« Ces troupes combattront sur le chemin des Dames en 1917, puis dans les Vosges en 1918, mais aussi sur le front d’Orient à partir de 1916. Le monument aux morts à la mémoire des soldats cambodgiens tombés lors de la Grande Guerre inauguré en 1925 et détruit par les Khmers rouges en 1976 a été reconstruit et inauguré le 14 juillet dernier à l’initiative de Samdech Akka Moha Sena Padei Techo Hun Sen, ancien premier Ministre. Il se situe dans le petit square faisant face à l’ambassade et nous y avons déposé une gerbe avant cette cérémonie. Magnifique témoignage de l’amitié franco-cambodgienne, ce monument rend hommage aux soldats cambodgiens venus combattre en France en 1914. Baptisé « Roup Pi » à l’époque, ce monument restera comme un symbole extrêmement fort de notre histoire commune. Sur ce monument sont inscrits tous les noms des combattants morts pour la France venus du Cambodge. Chacun de ces noms a été gravé dans du marbre rose, sur les côtés du socle du monument, plus de 180 noms, 33 français et 151 cambodgiens, morts pour la France ».
Depuis 2012, cette journée d'hommage associe aussi les combattants de la seconde Guerre mondiale, d'Indochine, d'Afrique du Nord, ainsi que la mémoire de nos soldats des opérations extérieures tombés au combat. Les associations d’Anciens combattants que je salue, contribuent à conserver le souvenir de ces frères d’armes disparus. Ceux-ci nous obligent et nous rappelle que la Paix a un prix ».
« Aujourd’hui, alors que ressurgissent les guerres partout dans le monde, y compris sur le sol européen, celle terrible, illégale et injustifiable que la Russie a lancé contre l’Ukraine, mais aussi le conflit sanglant entre Israël et le Hamas, la France et le Cambodge unissent leur voix avec l’immense majorité des Etats pour dénoncer ces guerres et leurs terribles conséquences ».
Coopération militaire entre la France et le Cambodge
La France et le Cambodge entretiennent une coopération militaire de longue date, dont témoigne la présence de soldats du NPMEC et de l’école d’officiers de Thmat Paung. à la cérémonie.
La coopération repose sur l’appui et le conseil au commandement des forces armées royales khmères (FARK) ; l’enseignement du français ainsi que la formation des officiers, et le renforcement des capacités opérationnelles des Casques bleus cambodgiens.
La France coopère notamment étroitement avec le NPMEC, dont elle soutient la volonté de devenir un centre de formation de référence ans la région, et a renforcé cette année sa coopération avec l’école des officiers de Thmat Paung. L’enseignement du français s’inscrit dans les efforts du Cambodge pour participer aux opérations de maintien de la paix (OMP), la plupart des troupes cambodgiennes étant déployées dans des zones francophones. De nombreux stages techniques sont également organisés chaque année afin de renforcer les compétences des Casques bleus, notamment dans le domaine du déminage. Des officiers cambodgiens participent par ailleurs fréquemment à des formations en France et un navire français, la frégate Le Prairial, a fait une escale à Sihanoukville en mars 2023.
Tung Soklim - Ambassade de France au Cambodge
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