top of page
Ancre 1

Nature & Archives : Serpents menacés au Cambodge

Il existe plusieurs dizaines d’espèces de serpents au Cambodge, certaines inoffensives comme ces serpents d’eau douce qui abondent dans le Grand Lac Tonlé Sap ; d’autres redoutables pour la toxicité de leur venin telles les vipères ; certaines monstrueuse comme le Python birman ou le réticulé et, bien sûr, l’emblématique et redouté Cobra royal.

Le Python birman
Le Python birman

Adoration

Dans la culture khmère, le serpent est porteur d’une grande fortune. Une légende raconte que Bouddha aurait été protégé par le naga, animal mythique représenté avec un corps de serpent, lors d’une terrible tempête. D’où, en théorie, une adoration quasi religieuse pour le reptile de la part des bouddhistes. Si certains Cambodgiens vénèrent le serpent, d’autres ont des préoccupations bien plus terrestres… De nombreuses espèces du royaume ont un point commun, celui d’être menacées, soit par la surexploitation, soit par la perte de leur habitat.

Elevage et commerce

Les pythons, birman et réticulé, abondaient autrefois dans les jungles du Sud-est asiatique. Ces animaux, pouvant atteindre six à dix mètres de long et peser au-delà de 100 kilos, ne sont pas venimeux et tuent leurs proies en les étouffant. Présent dans les forêts tropicales, le python se trouve aussi dans les zones avec des cours d’eau à proximité. Son élevage et son commerce se sont particulièrement développés depuis 1990. 500 000 de ces serpents terminent tous les ans en sacs à main ou chaussures. Les experts de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) ont tenté en 2013 de déterminer la part des serpents prélevés dans la nature et ceux élevés en ferme, le but étant de prévenir une surexploitation. Le rapport indique que 99 % des peaux de pythons birmans (P. bivittatus) et 24 % des réticulés (P. reticulatus) proviennent de fermes d’élevage, mais de sérieux doutes subsistent pour le Laos et le Cambodge, deux pays où la provenance n’est pas certaine. Les pythons sont parmi les animaux les plus nombreux lors des saisies de contrebande des autorités cambodgiennes dans les zones frontalières avec le Vietnam.

Jeune cambodgienne proposant une photo avec un python, aux touristes sur le Tonlé Sap
Jeune cambodgienne proposant une photo avec un python, aux touristes sur le Tonlé Sap

À ce commerce destiné à une certaine industrie de luxe, la perte de l’habitat liée à la déforestation est également l’une des causes de la raréfaction des pythons. Enfin, il n’est pas rare que cet imposant reptile soit vendu comme animal de compagnie ou utilisé comme attraction touristique par les petits Cambodgiens sur le Tonlé Sap.

Vipère de Malaisie ou « ’pit viper »
Vipère de Malaisie ou « pit viper »

Dans les forêts et jungles du Cambodge, il existe des espèces de serpents bien plus dangereuses que le python : les vipères. Il en existe plusieurs dizaines d’espèces et de sous-espèces. De la même famille que les crotales, elles dépassent rarement un mètre de long. Elles se nourrissent essentiellement de rongeurs, de lézards, d’oiseaux et de grenouilles.

Cette vipère (photo ci-dessus) qu’on appelle aussi vipère de Malaisie ou « pit viper » a un venin très toxique, mortel pour des gens de faible constitution et des enfants. En général, les vipères évitent le contact avec l’homme, mais si elles sentent menacées, elles peuvent infliger des morsures avec une rapidité foudroyante. Le venin de cette vipère est très utilisé dans l’industrie pharmaceutique. L’extrait de venin a déjà été testé pour les accidents vasculaires cérébraux et se révèle efficace.

Vipère arboricole ou « vipère bambou »
Vipère arboricole ou « vipère bambou »

La toxicité du venin des vipères varie selon l’espèce. Une autre caractéristique de la famille des vipères est leur couleur. La vipère arboricole ou « vipère bambou » est une espèce de couleur verte qui se confond avec le feuillage. Elle est assez répandue dans les forêts du Cambodge. Il existe trois sous-espèces de cette vipère élégante et colorée. La femelle peut atteindre un mètre alors que le mâle ne mesure qu’environ 50 cm. Ce genre de vipère se nourrit de petits animaux. L’espèce n’est pas encore considérée comme menacée. Pourtant, la perte de son habitat naturel la rapproche des villages. C’est pour cette raison que les vipères sont responsables de la majorité des morsures de serpents dans le royaume.

Serpents d’eau douce destinés aux fermes de crocodiles
Serpents d’eau douce destinés aux fermes de crocodiles

La chasse aux serpents est une pratique très ancienne. Elle concerne les serpents terrestres, les serpents marins, mais aussi les serpents d’eau douce comme ceux du lac Tonlé Sap. La capture des serpents du lac Tonlé Sap, une espèce endémique (Enhydris longicauda) est la chasse aux serpents d’eau douce la plus intensive au monde. Entre 5 et 7 millions de serpents seraient prélevés chaque année, les experts parlent de catastrophe écologique. Tous les serpents pêchés dans le lac ne finiront pas dans l’estomac des crocodiles. Certains partiront en Thaïlande pour leur peau, d’autres serviront pour la consommation alimentaire, d’autres serviront de préparation pour des alcools. Il existe aujourd’hui environ 800 fermes d’élevage de crocodiles au Cambodge, les pêcheurs de serpents écoulent donc leur production assez facilement.

Cobra Royal
Cobra Royal

Le Cobra royal est une espèce de serpent venimeux endémique aux forêts de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est. Il est le plus long serpent venimeux du monde. Il se nourrit principalement d’autres serpents et de certains autres vertébrés. Le Cobra royal vit dans les forêts denses des hautes terres, préférant les zones parsemées de cours d’eau. Les populations ont chuté en raison de la destruction des forêts et de la collecte pour le commerce international. Il est répertorié comme un animal de l’Annexe II au sein de la CITES (Commerce international autorisé, mais doit être couvert par un permis d’exportation). C’est un serpent qui a une réputation redoutable, bien qu’il évite la confrontation avec les humains. Ce serpent, s’il se sent menacé, est capable de provoquer une morsure mortelle. Les toxines de son venin affectent le système nerveux central de la victime pour évoluer ensuite vers un collapsus cardiovasculaire et une insuffisance respiratoire fatale.

Christophe Gargiulo

Crédit photographique : Mark Dumont —Rushen —Tajai —C.Gargiulo —Haynes Sten

Merci pour votre envoi !

  • Instagram
  • Facebook Social Icône
  • Gazouillement
  • LinkedIn Social Icône

Accueil   Économie   Tourisme     Culture     Destination     Gastronomie     Sport   Environnement 

bottom of page