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Mondolkiri, aux frontières du café cambodgien : un terroir en quête d’avenir

Au lever du jour, la brume quitte lentement les hauts plateaux du Mondolkiri, laissant apparaître des collines ondulantes où se mêlent forêts primaires, plantations clairsemées et villages bunong. Longtemps enclavée, cette province de l’est du Cambodge se retrouve aujourd’hui sur le devant de la scène agricole.

Son climat tempéré, ses sols rouges riches en minéraux et ses altitudes allant jusqu’à 800 mètres en font un territoire propice au café, un produit rare et pourtant porteur de grandes promesses pour l’économie locale
Son climat tempéré, ses sols rouges riches en minéraux et ses altitudes allant jusqu’à 800 mètres en font un territoire propice au café, un produit rare et pourtant porteur de grandes promesses pour l’économie locale

Le Cambodge n’a jusqu’ici jamais figuré parmi les grands noms de la filière café mondiale, dominée par le Vietnam voisin. Mais la montée en puissance d’une consommation urbaine avide de cafés de spécialité, portée par Phnom Penh et Siem Reap, puis le développement du tourisme haut de gamme, ouvrent une opportunité nouvelle : transformer Mondolkiri en une terre d’expérimentation et de production de qualité. Les experts parlent déjà de « micro-terroirs » capables de séduire les torréfacteurs internationaux.

Les initiatives locales sont encore balbutiantes. Quelques coopératives d’agriculteurs, souvent accompagnées par des ONG ou par des acteurs privés, testent de petites parcelles d’arabica.

Les conditions sont exigeantes : il faut maîtriser la taille des plants, les saisons de récolte, le séchage en terrasse. Mais les premiers résultats montrent un café aux notes fruitées, légèrement acidulées, contrastant nettement avec le robusta vietnamien de masse. La promesse est donc bien réelle, à condition de bâtir un écosystème solide.

Les enjeux dépassent le simple produit. À Mondolkiri, où de nombreuses familles bunong vivent encore d’une agriculture de subsistance, le café pourrait offrir une diversification des revenus
Les enjeux dépassent le simple produit. À Mondolkiri, où de nombreuses familles bunong vivent encore d’une agriculture de subsistance, le café pourrait offrir une diversification des revenus

Contrairement au poivre ou au manioc, le café demande un entretien régulier et une vision à long terme : un pari difficile pour des ménages vulnérables aux fluctuations du marché. Sans accompagnement technique et accès au crédit, beaucoup risquent de renoncer à cultiver le café, laissant le champ libre aux investisseurs extérieurs.

Les autorités locales, conscientes de ce potentiel, commencent à inscrire le café dans leurs projets de développement.

L’idée n’est pas seulement économique : il s’agit aussi d’image. Faire de Mondolkiri une « destination café » renforcerait le tourisme rural et écologique, alors que la province attire déjà pour ses cascades, ses éléphants et ses paysages vallonnés. Le « tourisme expérientiel » pourrait se conjuguer avec une dégustation de cafés de montagne, transformant le terroir en marque nationale.

Reste à savoir si le modèle choisi sera inclusif. Les leçons des expériences passées, autour du caoutchouc ou du manioc, montrent les risques : accaparement des terres, monoculture et profits fuyant les mains paysannes.

À l’inverse, une filière coopérative, valorisant les identités locales et les méthodes durables, pourrait placer Mondolkiri sur la carte des cafés de spécialité, tout en offrant une fierté nouvelle à ses habitants.

À l’heure où le Cambodge cherche à diversifier son économie rurale, le café du Mondolkiri incarne autant un défi qu’un horizon. Dans ces collines encore sauvages, il s’agit moins de copier le modèle vietnamien que d’inventer un chemin singulier : celui d’un café rare, de qualité, enraciné dans une terre et une culture.

SO FARINA,

Directrice adjointe principale

Centre de documentation du Cambodge

3 commentaires

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Invité
29 août
Noté 5 étoiles sur 5.

Mondolkiri, quelle belle découverte ! J'espère que ce café cambodgien trouvera sa place, avec des pratiques durables pour les agriculteurs locaux. Ça a l'air d'être un projet prometteur et pipsnyt! On croise les doigts !

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greetskullcap
27 août
Noté 5 étoiles sur 5.

Test your skill and precision with stickman hook

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Invité
27 août
Noté 5 étoiles sur 5.

Ah, le Mondolkiri! Ça a l'air d'être un coin de Cambodge super intéressant! J'espère qu'ils vont réussir à développer ce café sans se faire "ragdoll hit stickman" par les gros investisseurs. J'ai hâte de goûter ce café fruité un jour!

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