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Solidarité : Matthieu Majoli, un pont entre la France et le Cambodge au service de l’éducation

Dans un entretien riche et spontané, Matthieu Majoli, Français d’origine métisse cambodgienne, revient sur son parcours atypique et son engagement passionné au sein du Centre Educatif de Kep.

Mathieu Majoli
Matthieu Majoli

Entre souvenirs familiaux, ambitions pédagogiques et défis humanitaires, il nous livre avec sincérité et enthousiasme son expérience et sa vision pour l’avenir de ce lieu de vie consacré aux enfants.

Entretien avec Matthieu :

Quel âge avez-vous et quelles sont vos origines ?

Matthieu : J’ai 39 ans. Je suis français de naissance, né à Lyon où je vis toujours. Du côté familial, ma grand-mère est immigrée en France depuis plus de 70 ans, et mon père est métisse cambodgien. C’est grâce à lui que j’ai ce lien au Cambodge, même si ma famille côté français est majoritaire.

Pouvez-vous détailler votre parcours professionnel et votre formation ?

Matthieu : J’ai une licence d’espagnol, principalement pour enseigner, bien que je n’aie jamais enseigné directement. J’ai fait carrière comme conseiller principal d’éducation (CPE) dans des collèges et lycées.

Avant cela, j’ai travaillé avec des agences de séjours linguistiques en Espagne, notamment à Malaga et Barcelone, où l’on accueillait des jeunes de toute l’Europe.

En 2013, j’ai fondé une école de soutien scolaire près de Lyon avec une approche très familiale.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler pour cette ONG au Cambodge ?

Matthieu : C’est par ma tante Sylvia, qui a fondé le centre éducatif en 2008, que j’ai découvert cette réalité. Je suis venu au Cambodge il y a presque deux ans avec l’envie de voir le centre avant de m’engager.

Dès mon arrivée, j’ai été séduit par l’ambiance, la bienveillance des gens et la vitalité du lieu
Dès mon arrivée, j’ai été séduit par l’ambiance, la bienveillance des gens et la vitalité du lieu

Ce lieu est bien plus qu’un simple centre aéré : c’est un espace de vie où enfants, parents et personnel échangent et partagent quotidiennement. J’ai tout de suite eu envie de faire partie de cette aventure.

Pouvez-vous nous présenter le centre éducatif ?

Matthieu : Le centre accueille environ 150 enfants inscrits, avec une fréquentation variable d’une quarantaine d’enfants par jour.

Les activités proposées sont diverses : cours d’anglais, danse traditionnelle et folklorique, activités artistiques et manuelles quotidiennement assurées par nos jeunes volontaires en service civique, ainsi que du sport, notamment du football trois fois par semaine.

Le centre accueille environ 150 enfants inscrits
Le centre accueille environ 150 enfants inscrits

Nous nouons aussi des partenariats avec d’autres centres et clubs sportifs dans la région. En dehors des activités régulières, nous organisons aussi des sorties culturelles et de loisirs, comme une visite récente aux temples de Siem Reap, des matchs de football ou des balades au village flottant.

Quels profils d’enfants fréquentent le centre ?

Matthieu : Ce sont des enfants de tous horizons, certains plus défavorisés que d’autres, mais tous viennent avec leur famille, vont à l’école et sont nourris. Le centre vise à leur offrir un supplément d’éveil : apprendre en s’amusant, vivre pleinement leur enfance dans un espace où ils peuvent danser, dessiner, jouer au foot, etc.

Cela a aussi permis aux parents de travailler plus sereinement, sachant leurs enfants en sécurité.

Quel est votre rôle précis dans cette ONG, entre la France et le Cambodge ?

Matthieu : Je réside en France où je poursuis mes activités professionnelles. Je suis président de l’antenne française de l’association, tandis que ma tante préside l’antenne locale. Nous coordonnons ensemble la gestion, les projets et les décisions.

Mathieu Majoli
Matthieu Majoli

J'effectue plusieurs séjours annuels au Cambodge, où je participe à la mise en œuvre concrète des activités et à l’organisation d'événements. La communication et la gestion quotidienne se font surtout à distance, ce qui est facilité par le décalage horaire.

Quel est l’état actuel et les perspectives d’avenir du centre ?

Matthieu : Il y a 18 mois, nous étions 40 enfants, aujourd’hui 150. Le budget n’a pas été multiplié par dix, car nous ne pratiquons pas le parrainage individuel, mais un soutien global au centre.

Nous gardons cette structure familiale, solide et pérenne, plutôt que de chercher un développement spectaculaire mais risqué.

Une grande nouveauté sera l’ouverture en octobre de classes de français, avec le soutien de Sa Majesté le roi du Cambodge, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de partenaires belges
Une grande nouveauté sera l’ouverture en octobre de classes de français, avec le soutien de Sa Majesté le roi du Cambodge, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de partenaires belges

Ces cours concernent aussi des adultes, notamment des bonzes et des travailleurs du secteur touristique souhaitant enrichir leur maîtrise du français.

Quels sont vos projets personnels au Cambodge ?

Matthieu : Je ne compte pas m’y installer définitivement, mais je souhaiterais pouvoir venir plusieurs fois par an pour des périodes de trois mois, afin d’être plus présent.

Ce travail est une mission qui m’a été confiée par ma tante, et je veux continuer son engagement passionné pour les décennies à venir.

Question : En dehors de votre engagement, quelles sont vos passions ?

Matthieu : Heureusement, je suis passionné par mon travail, donc cela se confond avec mes loisirs. J’adore le ski et les sports en général, même si je ne pratique pas régulièrement, je suis toujours partant pour une activité sportive ou une aventure en plein air. J’apprécie aussi beaucoup voyager et partager des moments simples mais riches avec des gens.

Question : Quel aspect du Cambodge aimez-vous le plus, et qu’aimeriez-vous voir évoluer ?

Matthieu : Ce que je préfère, c’est la sincérité et la bienveillance des habitants, qui se ressentent au quotidien. Ce que j’aimerais voir évoluer, c’est que les Cambodgiens prennent davantage confiance en eux et s’affirment plus clairement auprès des étrangers, notamment des touristes.


L’engagement de Matthieu illustre la force des liens familiaux et culturels qui dépassent les frontières et donnent naissance à des projets humains de grande envergure. Son récit témoigne aussi d’une vision prudente mais ambitieuse d’un centre dédié à l’enfance, qui ne cherche pas la croissance effrénée mais la pérennité d’une structure de proximité où l’enfant peut pleinement s’épanouir. Entre Lyon et Kep, Mathieu est le trait d’union d’une solidarité fraternelle et éducative qui continuera certainement à grandir.

À propos du Centre Éducatif de Kep (CEK)

Le CEK incarne depuis 2011 un refuge d’espoir et de renaissance pour des dizaines d’enfants issus de familles démunies, travaillant dans les rizières, les marais salants ou la pêche. Son histoire prend racine dans l’engagement visionnaire de Son Altesse Royale la princesse Sylvia Sisowath, figure de la famille royale cambodgienne, passionnée depuis toujours par l’éducation et le progrès social.

Centre Éducatif de Kep (CEK)

Le CEK vise à offrir bien plus qu’un simple terrain de jeu : il se veut un foyer de vie, de découvertes et d’apprentissage. Chaque jour, plus de 200 enfants âgés jusqu'à 16 ans investissent le centre pour accéder à l’éducation, à des activités culturelles (danse khmère, anglais, informatique), sportives et ludiques, complétant ainsi une scolarisation publique souvent lacunaire dans la région.

Au-delà des murs, l’institution encourage sorties, découvertes de la nature et participation à la vie locale, créant ainsi un véritable écosystème éducatif.

Cours de danse traditionnelle
Cours de danse traditionnelle

La mission du CEK est intimement liée à la trajectoire humaniste de Sylvia Sisowath, marquée par un engagement sans relâche en faveur des enfants vulnérables, tant au Cambodge qu’en France.

Elle a œuvré à la création de structures indépendantes et adaptées aux réalités rurales, faisant de la bienveillance et du suivi personnalisé les pierres angulaires du projet.

Sylvia Sisowath
Sylvia Sisowath

Le centre fonctionne grâce à la générosité des donateurs, plaçant l’entraide et la solidarité au cœur de son action. Dans la petite ville de Kep, le CEK brille comme une étoile discrète, mais essentielle : celle d’une génération d’enfants retrouvant le droit à l’enfance et à l’avenir.

1 commentaire

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Jean
30 juil.
Noté 4 étoiles sur 5.

Magnifique initiative qui devrait être dupliquée chaque fois que possible. Je pense notamment a la région de Battambang. Mais quel type de visa permet de rester 3 mois au Cambodge ? Merci

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