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La situation du conflit entre la Thaïlande et le Cambodge au 28 juillet 2025

Les combats, centrés sur les zones disputées de Prasat Ta Muen Thom et du « Triangle d’Émeraude », ont déjà fait plus de 30 morts et provoqué le déplacement de près de 200,000 personnes. Entre interventions diplomatiques, crise humanitaire et tensions politiques, l’avenir de la région demeure compliqué et incertain.

La situation du conflit entre la Thaïlande et le Cambodge au 28 juillet 2025

Escalade militaire et crise humanitaire

Au matin du 28 juillet 2025, la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande s’enlise dans une crise d’une gravité inédite depuis plus d’une décennie. Les hostilités, déclenchées le 24 juillet autour des secteurs disputés de Prasat Ta Muen Thom et du fameux « Triangle d’Émeraude », persistent malgré les appels internationaux au cessez-le-feu.

Les affrontements, incluant tirs d’artillerie lourde, frappes aériennes et combats de chars, ont fait, selon les décomptes officiels et croisés, au moins 34 morts – 21 côté thaïlandais (dont huit soldats), 13 côté cambodgien (dont cinq militaires) –, plus de 200,000 déplacés, parmi lesquels environ 138,000 Thaïlandais et 80,000 Cambodgiens évacués dans l’urgence.

Bombes à fragmentation : une accusation avérée

Les accusations relatives à l’utilisation de bombes à sous-munitions trouvent cette fois un écho exceptionnel : la Thaïlande a admise publiquement avoir fait usage de ces armes sur des positions militaires cambodgiennes, invoquant la « nécessité militaire » et en rappelant qu’elle n’est pas partie prenante à la Convention interdisant ce type d’armement.

Plusieurs enquêtes internationales indépendantes, dont celle menée par Human Rights Watch et la Cluster Munition Coalition, confirment la présence de sous-munitions non explosées dans les zones touchées, exposant durablement les populations civiles à de terribles dangers. Cette pratique a été unanimement condamnée par les ONG et la communauté internationale, qui insistent sur le caractère aveugle et persistant de ces armes.

À Surin et Sisaket, provinces thaïlandaises limitrophes, la loi martiale a été décrétée. Des milliers de familles, chassées par la peur et les bombardements, se sont réfugiées dans des temples, gymnases et centres d’accueil de fortune. En territoire cambodgien, la panique a saisi les villages d’Oddar Meanchey et de Samraong, foyers de tirs croisés et d'exodes massifs.

Les dernières évolutions : dialogue difficile et médiation malaisienne

Malgré la gravité des combats, la diplomatie tente de reprendre la main. Sous la pression internationale, notamment une implication personnelle du président américain Donald Trump et la convocation d'une réunion d'urgence, peu efficace, du Conseil de sécurité de l’ONU, les Premiers ministres Hun Manet (Cambodge) et Phumtham Wechayachai (Thaïlande, intérim) doivent se rencontrer ce lundi à Kuala Lumpur, sous l’égide de la Malaisie, présidente en exercice de l’ASEAN.

La réunion vise à « rétablir la paix », mais aucun camp ne semble prêt à plier : le Cambodge appelle à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » tandis que Bangkok impose des conditions et accuse Phnom Penh de « manque flagrant de bonne foi » et de violations répétées du droit humanitaire.

La fermeture des postes frontaliers, l’expulsion de diplomates, le rappel d’ambassadeurs et la multiplication d’accusations croisées aggravent encore le climat. La Thaïlande prétend que le Cambodge cible volontairement les infrastructures civiles et religieuses, ce que ce dernier dénonce comme une propagande destinée à discréditer Phnom Penh sur la scène internationale.

Narratives concurrentes : la perception du conflit dans les médias cambodgiens et Thaïlandais

L’Agence Kampuchea Press (AKP) et les médias nationaux relaient massivement la version du gouvernement cambodgien : il s’agit d’une agression thaïlandaise contre laquelle Phnom Penh ne fait que défendre sa population et ses droits historiques.

Ils mettent également en avant l’acceptation immédiate d’une médiation et l’absence d’intérêt pour le Cambodge de s’engager dans une confrontation armée alors que le pays, en pleine reprise économique, fait de la stabilité une priorité.

D’autres voix, notamment issues du Cambodge et de certains observateurs indépendants, dénoncent une exploitation de la crise par Bangkok pour détourner l’attention d’une situation politique interne houleuse en Thaïlande, alors que la transition du pouvoir reste fragile depuis le début de l’année.

Conséquences humanitaires et économiques

Le bilan humain et matériel est déjà lourd. Les infrastructures sont massivement touchées : écoles, hôpitaux, temples et habitations sont détruits ou endommagés dans les zones bombardées.

Des villages entiers sont vidés de leurs habitants, parfois sous les yeux d’observateurs internationaux ou d’équipes humanitaires dont l’accès reste périlleux. La situation économique régionale, déjà fragilisée par des années de pandémie, souffre de la coupure des axes commerciaux et du tourisme, frappant de plein fouet les familles frontalières déjà vulnérables.

Scénarios

L’issue du dialogue entamé à Kuala Lumpur, bien que porteuse d’une lueur d’espoir, reste incertaine. L’expérience des précédentes crises autour de Preah Vihear montre que même les cessez-le-feu formels ne suffisent pas à éradiquer tensions et ressentiments.

Nombre d’analystes estiment que seule une redéfinition partagée de la frontière, validée par une instance neutre – telle la CIJ ou une commission conjointe appuyée par ASEAN –, accompagnée d’un réel effort de réconciliation mémorielle, permettraient de rompre le cycle des escalades nationales et de jeter les bases d’une paix durable.

En ce lundi 28 juillet 2025, la frontière reste sous haute tension. Le sort de milliers de civils déplacés, la stabilité politique à Phnom Penh comme à Bangkok, et la sécurité d’une sous-région tout entière demeurent suspendus à l’issue d’une médiation dont chacun mesure — non sans angoisse — la portée historique.

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