Socheata Tao est née à Siem Reap d’un père policier et d’une mère employée de maison. Aujourd’hui, inspirante et pleine de vie, elle est chargée de clientèle senior chez Havas Champagne et enseignante à l’Université Royale de Phnom Penh (URPP), au département tourisme.

Socheata Tao
Q : Pouvez-vous vous présenter ?
Mon nom est Socheata Tao, je suis née à Siem Reap mais j’habite et travaille désormais à Phnom Penh depuis 2010.
Q : Quel a été votre parcours scolaire ?
Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai effectué une licence en art du tourisme à l’Université Royale de Phnom Penh en 2010. J’ai pu partir étudier dans la capitale grâce à une bourse obtenue auprès du ministère de l’éducation. À cette époque, la seule chose qui comptait pour moi était l’obtention de cette bourse. Sans celle-ci, mon père ne m’aurait pas autorisé à partir étudier à Phnom Penh.
J’ai donc travaillé dur pour, et mon travail a porté ses fruits. Mais, mon rêve d’enfant était de partir étudier à l’étranger.
J’ai ensuite eu l’occasion d’effectuer mon master en tourisme international à l’université de technologie d’Auckland. Cette opportunité est due une fois de plus à l’obtention d’une bourse, par le “New Zealand ASEAN Scholar Award” en 2016. J’ai donc pu, après avoir beaucoup travaillé, réaliser mon rêve d’enfant.
Q : Quel est votre métier actuel ?
Je travaille pour Havas Champagne (agence de communication), en tant que chargée de clientèle senior, depuis mars 2018. Je travaille pour différents types de clients. 50% pour des clients du secteur privé et 50% pour des clients de l’unité d’affaires sociales qui comprend des ONG internationales et locales. La plus grande partie de mon travail est la gestion de projet et la coordination entre nos équipes et les clients. Ce travail me permet aussi d’observer et de comprendre comment les cerveaux fonctionnent dans une entreprise. J’aimerais par la suite ouvrir mon propre magazine social en ligne.
J’ai choisi de travailler pour une agence de communication car j’ai voulu sortir de ma zone de confort et tester quelque chose de nouveau. La communication n’est pas vraiment mon domaine, mais c’est justement un nouveau défi que je me suis lancé. Je suis vraiment chanceuse d’être tombée dans une entreprise comme celle-ci. Mes collègues sont à l’écoute et présents si besoin. Ici, chacun est accepté comme il est. Je trouve très important d’être à l’aise sur son lieu de travail pour pouvoir remplir ses tâches au mieux.
En parallèle, je suis enseignante à l’université Royale de Phnom Penh au pôle tourisme. Je n’y enseigne qu’une fois par semaine. Mais j’adore enseigner, partager mon savoir. Le partage est vraiment l’une des choses que j’essaie de mettre le plus en avant dans ma vie.
Q : Pourquoi avez-vous choisi de travailler à l’unité d’affaires sociales ?
Pour moi, il n’y a pas de plus grande joie que d’apprendre que le travail que je fais peut vraiment apporter des changements positifs dans notre société cambodgienne. Je suis vraiment heureuse de pouvoir travailler dans ce département où tous les projets ont pour but de résoudre des problèmes sociaux, de motiver et d’inspirer les gens et de mener nos communautés vers la durabilité.
Q : Vous avez été choisie parmi des centaines de candidats pour participer à une formation leadership au Japon, racontez-nous votre expérience…
L’Association internationale des sciences de la circulation et de la sécurité routière a lancé un programme de formation au leadership au Japon depuis 1985. Dans ce cadre, deux représentants de chaque pays de l’ASEAN, plus l’Inde et le Japon, sont sélectionnés et réunis pour une formation dénommée “penser et apprendre ensemble”. Ce programme a amené des personnes de différents pays et nous a donné l’occasion d’apprendre à travailler ensemble, à penser qu’un problème qui se produit dans un pays est un problème commun, et à apprendre à le résoudre en équipe.
J’ai eu connaissance de cette formation via la page Facebook de la coopération Japon/Cambodge. J’ai donc soumis un formulaire de demande. Dans chaque pays, les candidats potentiels ont été sélectionnés et répartis en deux groupes pour travailler sur un projet de groupe et réfléchir aux solutions. Nous avons ensuite présenté nos projets au comité et enfin nous avons eu des entretiens individuels. À la suite de ces différentes étapes, j’ai eu la chance d’être sélectionnée et de partir au Japon pour 55 jours afin de suivre cette formation.
J’ai appris beaucoup de choses durant cette formation, mais surtout : la durabilité. Ce programme a sa propre approche du séminaire, de l’étude thématique, de l’étude sur terrain à l’étude en groupe. La durabilité est différente lorsque tous les participants apprennent ensemble, réfléchissent et proposent des solutions ensemble. Au final, il n’y a pas eu une seule leçon sur le leadership tel qu’il est. Nous avons eu l’occasion d’apprendre et de réfléchir à partir de l’expérience réelle de différents dirigeants. Ces 55 jours ont été très enrichissants pour moi et je suis vraiment reconnaissante d’avoir pu y participer.
Q : Un mot à rajouter ?
J’aimerais juste faire passer un message. Ne vous abandonnez pas. Dans un monde où tout va très vite, il est facile de se laisser de côté et de s’oublier. Prenez du temps pour vous. Par exemple, chaque jour, je prends 20 minutes où je me pose et réfléchis à ma journée. Ce que j’ai fait de bien, ce que je dois améliorer à l’avenir. Je trouve que c’est un processus très important pour avancer et s’épanouir dans sa vie aussi bien personnelle que professionnelle.
Propos recueillis par Eva Marcadé