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Journée Internationale des Femmes 2024 : Sreylak, la petite madame courage

À l'occasion de la Journée Internationale des Femmes de cette année, Cambodge Mag ouvre ses archives et remet à la une quelques-uns des nombreux portraits, interviews et photos de celles qui nous ont aidé à rendre le magazine vivant et attrayant au fil des années.


Depuis la parution de cet article, Sreylak vit toujours dans la province de Preah Sihanouk et tente de travailler sur les quelques plages encore actives de la ville province.

Sreylak a 23 ans et porte ses corbeilles de fruits le long de la plage d’Otres à Sihanoukville. A l’inverse de pas mal de ses collègues un peu harcelantes ou parfois agressives, Sreylak fait partie de ces petites commerçantes un peu timides et pleines de naïveté, que certains verront calculée, qui donnent envie d’en savoir un peu plus. Ce n’est pas la pauvreté qui a poussé la jeune Khmère sur les plages de Sihanoukville. Issue d’une famille modeste, Sreylak a poursuivi ses études jusqu’à 18 ans avant de rencontrer son futur mari. C’est là que commence l’histoire moins ensoleillée de la Cambodgienne.

Si les deux premières années furent à peu près supportables en compagnie d’un mari qui, finalement se montrera joueur et frivole alors que Sreylak met au monde deux petites filles, la troisième année sera celle de tous les déboires. Son mari s’éprend définitivement d’une autre jeune femme, qu’il ramène à la maison pour une vie commune que la vulgarité nommerait « ménage à trois »…Soucieuse du bien-être de ses filles, Sreylak tolère une présence minimale de sa rivale.

« J’étais jeune mariée et très triste, il est courant que les khmers entretiennent épouse et maîtresse et il y a une certaine tolérance » dit-elle.

Mais le couple illégitime voulait plus.

« À un moment, je travaillais, m’occupais des enfants et subvenais totalement aux besoins de la maîtresse de mon mari… j’ai explosé quand elle s’est mise à me demander plus d’argent, et à faire lit commun. J’ai pris mes enfants, mes affaires, suis parti quelques jours chez la famille à la campagne et j’ai tenté de couper tous les contacts ».

Sreylak s’éloigne et décide de travailler loin des amants vénaux. « Aujourd’hui encore, la maîtresse de mon mari essaye de me contacter et me demande de l’argent sous le motif que j’ai abandonné le domicile alors que je devais subvenir aux besoins de tout le monde. Elle me demande 1500 dollars US pour solde de tout compte… cela n’est pas possible. J’ai changé de numéro, ils habitent à quelques dizaines de kilomètres, j’espère qu’ils ne viendront pas me harceler encore. Je ne gagne pas énormément, à peine de quoi nourrir mes deux filles ».

Vrai, Sreylak achète son stock de fruits frais tous les matins au marché de Sihanoukville et commence à travailler vers neuf heures en proposant des fruits aux touristes sur la plage d’Otres. « Je fais une marge quotidienne d’entre cinq et dix dollars par jour, ce n’est pas beaucoup, mais je peux élever et nourrir mes enfants, c’est le principal ». Dit-elle avec un grand sourire avant de s’éloigner à la recherche d’autres clients amateurs de fruits frais.

Là où d’autres jeunes femmes auraient peut-être choisi la facilité devant une situation aussi délicate en allant travailler dans un bar, Sreylak a relevé la tête et pris sa vie, et celle de deux petites filles en main, avec un courage et une dignité plutôt remarquables.


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