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Indochine : Maurice Menardeau, l’œil du peintre officiel sur le Cambodge colonial

À l’orée du XXe siècle, alors que les grands courants coloniaux redessinent les horizons, un peintre breton au regard vif et à l’âme maritime s’aventure jusqu’au cœur mystérieux du Cambodge. Maurice Menardeau, officier de la Marine et artiste officiel, ne se contente pas de parcourir ces terres lointaines : il les scrute, les ressent et les transpose avec une sensibilité rare.

Maurice Menardeau
Maurice Menardeau

Entre les brumes enveloppant les rives du Mékong et l’agitation des marchés fluviaux, son pinceau saisit l’essence d’un Cambodge à la croisée des traditions et des bouleversements historiques. Ce parcours artistique et humain, empreint d’une élégance toute poétique, retrace une immersion profonde dans un univers alors méconnu du grand public, révélant une facette intime et vivante de l’Indochine coloniale.

Maurice Menardeau, peintre officiel de la Marine française, incarne une figure singulière de l’art colonial, dont le regard s’est posé sur les rivages et les villages du Cambodge à deux reprises, au tournant des années 1930 et au début des années 1950. Né à Limoges en 1897, Menardeau a d’abord navigué sur les mers du globe, marin et artiste, avant de devenir l’un des rares peintres mandatés par la France pour immortaliser les paysages et la vie quotidienne de ses colonies, dont l’Indochine.​

Un parcours maritime et artistique

Après des études aux Beaux-Arts de Paris, Menardeau s’engage dans la Marine, où il sert comme radio-télégraphiste sur le navire Kuang-Si, torpillé en 1917. Cette expérience marquera profondément sa vie, l’ancrant dans une passion pour la navigation et la mer, thèmes récurrents de son œuvre.

Dès 1924, il s’installe à Concarneau, se consacrant entièrement à la peinture, influencé par son père adoptif, Charles Fouqueray, peintre reconnu.​

Oeuvre de Maurice Menardeau
Oeuvre de Maurice Menardeau

En 1936, il est nommé « peintre officiel de la Marine », un titre prestigieux qui lui permet de voyager à travers le monde, de La Réunion à l’Indochine, puis en Afrique du Sud, en Amérique du Sud et en Europe.

Mais c’est au Cambodge, en 1937-1938 puis en 1952-1953, que Menardeau laisse une empreinte artistique particulière, immortalisant la vie des pêcheurs, les villages sur pilotis et les paysages fluviaux du Mékong.​

Le Cambodge, source d’inspiration

Lors de ses séjours cambodgiens, Menardeau s’attache à représenter la vie locale avec une sensibilité post-impressionniste, loin des clichés exotiques ou des scènes de propagande coloniale.

Ses aquarelles et ses toiles, comme « Village de pêcheurs sur pilotis au Cambodge, 1937 », témoignent d’une observation minutieuse et d’un respect pour la culture locale. Il s’intéresse aux femmes au bord de l’eau, aux barques, aux scènes de marché, et aux paysages fluviaux, offrant une vision intime et poétique du Cambodge colonial.​

Oeuvre de Maurice Menardeau

Son œuvre, bien que peu exposée à l’époque, constitue aujourd’hui une archive précieuse de la vie quotidienne cambodgienne sous l’ère française. Les musées de La Réunion et de Bretagne conservent plusieurs de ses œuvres, et des chercheurs universitaires, comme la Professeure Colombe Couelle, ont publié des études sur son apport à l’histoire de l’art colonial.​

Une réception discrète, une influence durable

Menardeau n’a jamais cherché la notoriété, préférant la contemplation et la création. Son œuvre, longtemps oubliée, connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, tant pour sa valeur artistique que pour son témoignage historique. Les expositions comme celle du Musée du Faouët en 2012, ont permis de redécouvrir la richesse de son œuvre et de son regard sur les colonies françaises.​

Oeuvre de Maurice Menardeau

Maurice Menardeau incarne DONC une figure atypique de l’art colonial : marin, peintre, voyageur, il a su capter l’âme des lieux qu’il a traversés, offrant au Cambodge une vision artistique à la fois intime et universelle. Son œuvre, témoin silencieux d’une époque révolue, continue d’inspirer les amateurs d’art et d’histoire, et de nourrir la mémoire collective de l’Indochine française.​

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