Guerre, profits et illusions de paix : Pourquoi l’armée thaïlandaise entretient le conflit avec le Cambodge
- La Rédaction

- 3 août
- 7 min de lecture
Le refus tenace de l’armée et du gouvernement thaïlandais d’engager un dialogue de paix sincère avec le Cambodge provient principalement de leur intérêt à maintenir une façade de crise permanente, profitable aux réseaux politico-économiques du pays. Qu’il s’agisse du contrôle sur les flux financiers des casinos, de l’entretien d’une position privilégiée dans l’économie, ou du maintien d’un ordre politique favorable, la résolution du conflit frontalier risquerait d’affaiblir des rentes occultes et le pouvoir des militaires.

Plus que la simple défense d’une souveraineté contestée, cet entêtement s’explique par un entrelacs complexe d’intérêts économiques, politiques et territoriaux dans lesquels les flux souterrains des casinos frontaliers jouent un rôle central.
Les intérêts économiques de l’armée thaïlandaise
Un empire économique tentaculaire
L’armée thaïlandaise ne se contente pas d’un rôle sécuritaire : elle détient, gère ou influence un vaste réseau d’entreprises couvrant l’immobilier, le transport, les médias, le commerce, l’hôtellerie et les loisirs.
Près de 20% des membres des conseils d’administration des entreprises publiques sont des militaires — y compris dans des secteurs non-militaires comme les réseaux ferrés, les services de l’eau, les hôtels ou les chaînes de magasins. Cette omniprésence économique génère pour l’armée des revenus se chiffrant à des milliards de bahts chaque année.
La gestion opaque, le peu de contrôle parlementaire et l’absence d’audits renforcent la tentation de préserver ce statut privilégié, voire d’étendre les rentes issues de zones grises économiques, à l’abri du regard du public. Toute situation d’instabilité à la frontière, sous couvert de défense de la nation, permet de justifier ce pouvoir élargi.
Les casinos frontaliers : « éléphants blancs »
Mais un secteur retient particulièrement l’attention : celui des casinos frontaliers du côté cambodgien à Poipet, Koh Kong ou Pailin. Ces complexes brassent des milliards de bahts chaque année et ciblent essentiellement la clientèle thaïlandaise, qui n’a pas le droit de jouer sur son propre sol.
Les groupes d’intérêts thaïlandais, incluant d’anciens députés, des hauts gradés, des entrepreneurs influents et des parrains locaux, détiennent des parts discrètes dans ces casinos, souvent via des sociétés écrans ou des prête-noms (« nominee shareholding »).
La fermeture temporaire de postes frontière ou le durcissement des contrôles affectent directement les profits des casinos et, par contrecoup, la manne dont bénéficient certains réseaux militaires et politiques thaïlandais. Le maintien d’une tension « contrôlée » permet de négocier l’ouverture ou la fermeture sélective des passages — et donc de privilégier certains intérêts économiques au détriment d’autres.
Officiellement, face à la récente flambée des affrontements militaires — qui a vu la fermeture des postes-frontières et l'interdiction imposée aux travailleurs thaïlandais de rejoindre les casinos de Poipet ou des régions voisines — l’armée met en avant la sécurité nationale et la nécessité de contrôler les flux, notamment ceux liés au jeu. En principe, il s’agit à la fois de protéger les ressortissants, d’éviter les incidents entre communautés, et de répondre aux préoccupations liées à la criminalité transfrontalière, au blanchiment d’argent et aux réseaux mafieux qui gravitent autour de ces établissements.
Dans les faits, les casinos cambodgiens prospèrent justement grâce à l’interdiction du jeu d’argent en Thaïlande. Des zones comme Poipet vivent d’une clientèle thaïlandaise attirée par des jeux interdits sur leur propre sol. L’économie grise des casinos pourrait devenir, selon de nombreux observateurs, un levier de pouvoir, voire de financement politique, auquel l’armée thaïlandaise ne peut rester indifférente.
Les mesures récentes de l’armée — fermeture des postes, contrôle des passages, communication officielle mettant en garde les citoyens contre le secteur du jeu — s'expliqueraient officiellement avant tout comme une volonté de limiter l’influence de ces structures, perçues comme des menaces pour la souveraineté et l'ordre public. Toutefois, en arrière-plan, le débat sur une future légalisation, voire sur la création de « complexes intégrés » en Thaïlande, agite les sphères de pouvoir et d’affaires. Car certains militaires, politiciens ou hommes d’affaires, parfois liés, verraient d’un bon œil l’intégration du secteur casinotier dans l’économie formelle, afin de mieux en contrôler les recettes et d’atténuer la fuite des capitaux vers le Cambodge.
En somme, l’armée thaïlandaise déploie publiquement une attitude de fermeté, de prévention et de contrôle vis-à-vis des casinos frontaliers. Mais la complexité des réseaux d’intérêts, tant locaux que transnationaux, rend la frontière poreuse aux influences du jeu : terrain mouvant où s’entrecroisent enjeux de sécurité, calculs économiques et luttes d’influence politiques.
Avant le conflit, la Thaïlande souhaitait développer son secteur des casinos officiellement pour des raisons économiques et stratégiques :
Attirer davantage de touristes et concurrencer la région : En légalisant les casinos, le pays espère attirer plus de visiteurs internationaux, notamment asiatiques, renforçant ainsi sa place face à des destinations comme Singapour ou le Cambodge où les jeux d’argent sont déjà une source substantielle de revenus.
Augmenter les recettes fiscales : Le gouvernement vise à générer d’importants revenus grâce aux taxes sur les jeux, aux licences et aux divers prélèvements, permettant ainsi de financer des infrastructures ou des programmes sociaux.
Stimuler les investissements étrangers et créer de l’emploi : Le développement des casinos, souvent intégrés à de vastes complexes touristiques, est considéré comme un moteur d’investissements privés et un créateur d’emplois directs et indirects.
Lutter contre les jeux illégaux : En formalisant le secteur, l’État espère réduire l’emprise des réseaux clandestins, canaliser l’argent vers l’économie officielle et exercer un meilleur contrôle sur les pratiques de jeu.
Rapatrier l’argent dépensé à l’étranger : De nombreux Thaïlandais vont actuellement jouer dans les casinos des pays voisins, ce qui représente un manque à gagner pour l’économie nationale. Le gouvernement cherche donc à récupérer cette manne financière.

Néanmoins, ce projet soulève des inquiétudes sur les risques sociaux comme l’addiction ou l’endettement, ce qui explique la volonté affichée d’accompagner les réformes de mesures de prévention et de régulation strictes.
Officiellement, le pari du gouvernement thaïlandais est de transformer un secteur informel en levier de développement tout en tentant d’en limiter les dérives.
Les intérêts politiques : perpétuer le pouvoir militaire
L’armée comme arbitre suprême de la politique thaïlandaise
Depuis des décennies, l’armée joue le rôle de gardienne autoproclamée de la nation et de la monarchie. Les coups d’État sont nombreux, le pouvoir exécutif régulièrement contrôlé ou influencé par les généraux, et l’appareil militaire s’auto-exempte des contrôles budgétaires ou judiciaires ordinaires.
Un contexte de conflit ou de menace extérieure permet à l’armée de justifier la poursuite de l’état d’exception, de renforcer son autonomie et son image, et de limiter la portée des réformes démocratiques demandées par la société civile et la jeunesse thaïlandaise.
Ce cycle a été observé dans le sud de la Thaïlande, où l’ouverture de pourparlers de paix n’intervient que sous la pression, mais n’est jamais suivie de concessions substantielles.
Stratégies de diversion et consolidation interne
L’existence ou la prolongation d’un conflit frontalier sert également à souder le camp conservateur autour de l’armée, à détourner l’attention de crises internes (économiques ou politiques) et à marginaliser les voix dissidentes accusées de « compromis avec l’ennemi ».
La surenchère nationaliste est instrumentalisée pour rallier l’opinion, en diabolisant le voisin cambodgien.
Le refus de médiation internationale et la préférence affichée pour des « négociations bilatérales » sont typiques de cette posture qui vise à tout contrôler et à repousser les pressions extérieures à toute réforme substantielle.
Les enjeux territoriaux : plus qu’une querelle de bornes
La question sensible du tracé frontalier
Les principaux affrontements de 2025 ont eu lieu autour de zones de forêt disputées, de temples anciens et de terres riches en ressources. La question du tracé frontalier, héritée de la période coloniale, est régulièrement entretenue comme une cause mobilisatrice et instrumentalisable à volonté.
De fait, reconnaître une démarcation internationale ou accepter un arbitrage contraignant pourrait menacer des intérêts fonciers ou économiques installés par le jeu des réseaux politico-militaires locaux.
L’armée valorise l’argument de la souveraineté nationale, qui se prête à toutes les surenchères, et la défense de territoires « sacrés » ou stratégiques pour justifier le maintien du statu quo.
La détention des soldats cambodgiens, un atout de négociation
L’armée thaïlandaise détient encore 18 soldats cambodgiens faits prisonniers après les combats, en arguant d’infractions à la loi sur l’immigration, alors même que deux blessés ont été remis au Cambodge.
Officiellement, Bangkok clame le respect du droit international humanitaire (soins, alimentation, respect des conventions de Genève), mais maintient la pression diplomatique via la rétention prolongée, assimilant ces prisonniers à des moyens de négociation ou de chantage politique.
Ce refus d’accélérer leur libération traduit au fond la volonté de rester maître du tempo diplomatique, tout en envoyant un signal de fermeté à destination du Cambodge, mais surtout de l’opinion thaïlandaise attachée à une posture de force.
L’attitude de l’armée thaïlandaise face aux négociations de paix
Officiellement, la Thaïlande ne cesse de marteler — lors des rencontres bilatérales ou devant l’ASEAN — son engagement « résolu » pour la cessation des hostilités et le règlement pacifique des différends. Cependant, la réalité révèle de fréquentes remises en cause des cessez-le-feu, des accusations mutuelles de violation des ententes, et surtout le refus de toute médiation ou arbitrage international.
Plus fondamentalement, la paix n’est réellement souhaitée que dans la mesure où elle permet de préserver les équilibres actuels de pouvoir et d’influence de l’appareil militaire.
À chaque accalmie, de nouveaux prétextes sont avancés pour ne pas avancer sur la question du tracé des frontières ou de l’ouverture des passages, particulièrement lorsque cela risquerait de désavantager ceux qui profitent de la situation actuelle.
Une instrumentalisation du conflit ?
En pratique, les cycles de tensions frontalières sont devenus une sorte de « monnaie d’échange » permettant à l’armée de démontrer sa centralité dans la défense de la nation — au besoin, contre l’opinion publique réformiste — et de maintenir une économie de guerre contrôlée. Le tout en servant d’écran de fumée à des trafics et des réseaux d’influence dont l’existence même serait menacée par une pacification réelle et durable de la frontière.
La paix face au piège des intérêts multiples
La captivité prolongée des soldats cambodgiens n’est qu’un révélateur de cette logique : ils sont utilisés comme pions dans une partie où la paix n’est pour l’instant qu’un slogan et non une finalité.
En définitive, la paix à la frontière ne sera envisageable que si la société thaïlandaise impose une redéfinition du rôle politique et économique de l’armée, de la police et des réseaux clientélistes. Sans ce renversement, la frontière restera un théâtre d’affrontement, de corruption… et de profits cachés.







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