Frontières sous tension : Le Cambodge alerte sur une offensive imminente de l’armée thaïlandaise avant les discussions à Kuala Lumpur

Au soir du 3 août 2025, le ministère cambodgien de la Défense a publié une déclaration alarmante concernant d’éventuels préparatifs militaires du côté thaïlandais le long de la frontière commune.

D’après les renseignements reçus, les autorités militaires thaïlandaises, en coopération avec l’administration de la province de Surin, auraient ordonné l’évacuation complète des civils de la zone frontalière, signe avant-coureur d’opérations offensives imminentes

Selon ces mêmes sources, les objectifs visés comprennent les temples de Tamone Thom, Ta Krabey, Preah Vihear, ainsi que la région d’Anseh — des sites déjà hautement symboliques et souvent foyers de frictions géopolitiques.

La déclaration cambodgienne accuse explicitement la Thaïlande de se préparer à une action militaire majeure avant la réunion spéciale du General Border Committee (GBC), prévue le 7 août à Kuala Lumpur, sous médiation de la Malaisie, avec la participation d’observateurs américains et chinois. Or, cette réunion incarne le principal mécanisme bilatéral de dialogue lancé à la suite de cinq jours de combats meurtriers ayant fait fuir plus de 300 000 civils et causé près de 40 morts, principalement des civils, avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 28 juillet 2025.

Phnom Penh estime qu’une offensive thaïlandaise constituerait non seulement une violation flagrante de la souveraineté nationale, mais aussi une rupture grave de l’accord de cessez-le-feu, signé à Kuala Lumpur sous les auspices de la Malaisie, de la Chine et des États-Unis, visant une désescalade durable du conflit frontalier. Les deux États s’engageaient alors à stopper toute hostilité, instaurer un mécanisme de surveillance et restaurer une communication directe entre les hauts responsables militaires.

Le ministère cambodgien appelle la communauté internationale à prendre ses responsabilités afin d’empêcher une aggravation dramatique de la situation. Il exhorte Bangkok à revenir à la table des négociations et à respecter « dans l’esprit et la lettre » le cessez-le-feu pour préserver la paix et la stabilité régionale.

Le gouvernement cambodgien a également réaffirmé sa volonté de s’en remettre au processus diplomatique, encourageant la Malaisie, présidente en exercice de l’ASEAN, à renforcer le rôle du mécanisme d’observation international lors des discussions imminentes.

À quelques jours de cette réunion décisive à Kuala Lumpur, l’atmosphère demeure tendue et fragile. Cet épisode rappelle que les contentieux historiques, exacerbés par la compétition mémorielle autour des temples frontaliers et des enjeux nationalistes, plongent la zone dans un délicat équilibre entre paix précaire et risque d’embrasement. Les prochaines heures et la capacité des acteurs régionaux à convaincre les parties de privilégier l’option du dialogue sur celle des armes seront déterminantes pour l’avenir de la frontière cambodgienne et la sécurité de toute l’Asie du Sud-Est.