Frontière Cambodge-Thaïlande : l’espoir d’un apaisement fragile après la réunion du Comité général

La réunion spéciale du Comité général des frontières Cambodge-Thaïlande, tenue à Koh Kong, a conduit à des avancées majeures tout en illustrant la fragilité persistante de la situation. Les deux nations, longtemps confrontées à des tensions récurrentes sur leur ligne de démarcation terrestre, ont opté pour un dialogue institutionnalisé et la mise en œuvre d’actions concertées, sur fond d’incidents graves à Chok Chey et de préoccupations humanitaires.

Le 17 septembre, plus de deux cents civils cambodgiens ont affronté sans armes les forces thaïlandaises après de nouvelles tentatives d’érection de barrières sur des terres revendiquées. AKP

Désarmement progressif et lutte contre la criminalité transnationale

Sous la supervision de l’équipe d’observateurs de l’ASEAN, un calendrier de retrait des armes lourdes et destructrices a été acté par Phnom Penh et Bangkok. Ce processus, accompagné d’une révision des termes de référence pour les observateurs, vise à garantir la transparence et le respect mutuel dans la démilitarisation de la frontière. Parallèlement, la coopération policière s’intensifie pour lutter contre la criminalité transfrontalière, en particulier les escroqueries en ligne et le trafic d’êtres humains, qui prospèrent dans la complexité de cette région frontalière riche en flux et en échanges illicites.

Démarches humanitaires et déminage

La dimension humanitaire occupe une place centrale, avec la première réunion du groupe mixte de déminage qui aura pour mission la sécurisation progressive des zones frontalières encore infestées par les mines terrestres, héritages du passé militarisé de la région. Les autorités cambodgiennes et thaïlandaises ont ainsi échangé leurs procédures normalisées d’opération, marquant une volonté d’aboutir à un apaisement durable pour les populations locales.

Réunion régionale et gestion des crises locales

Malgré les progrès diplomatiques, l’organisation des réunions régionales connait des reports liés aux difficultés de transmission du pouvoir militaire thaïlandais. Cela ralentit la gestion de dossiers sensibles dont la situation très tendue à Chok Chey Village, O Bei Chon Commune, O Chrov District, dans la province cambodgienne de Banteay Meanchey.

Chok Chey Village : symbole persistant de tension

Le cas de Chok Chey Village, situé au cœur de la zone disputée, cristallise les antagonismes. Le 17 septembre, plus de deux cents civils cambodgiens ont affronté sans armes les forces thaïlandaises après de nouvelles tentatives d’érection de barrières sur des terres revendiquées. En réaction, la police thaïlandaise a eu recours à des gaz lacrymogènes et à des balles en caoutchouc, faisant près de trente blessés parmi les civils dont des moines bouddhistes. Les autorités cambodgiennes dénoncent une violation de la souveraineté nationale et des accords de cessez-le-feu, tandis que la partie thaïlandaise affirme avoir agi sur son propre territoire avec des moyens de contrôle de foule.

Voix internationales et appel au dialogue

La France et le Japon ont salué le maintien du dialogue et la reprise des négociations, soulignant l’importance de la coopération régionale et du respect des engagements en faveur d’un apaisement durable. Plusieurs analystes recommandent la mise en place d’une mission internationale ou régionale d’observation pour prévenir l’escalade et garantir la sécurité des populations frontalières.

Dans ce climat incertain, la situation à la frontière Cambodge-Thaïlande reste un enjeu majeur pour la stabilité régionale, impliquant un subtil équilibre entre fermeté, engagement humanitaire et ouverture au dialogue. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si la dynamique engagée le 10 septembre pourra prévaloir et transformer la ligne frontalière en espace de paix durable.