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Entre Vérité et Buzz : La zone grise des médias sur le conflit Cambodge-Thaïlande

Lorsque le Cambodge et la Thaïlande s'affrontent, notamment autour de territoires frontaliers sensibles comme celui du temple de Preah Vihear, les médias s'invitent malheureusement comme intervenants de la crise.

La zone grise des médias sur le conflit Cambodge-Thaïlande

Le conflit frontalier, à présent meurtrier, entre le Cambodge et la Thaïlande soulève une question très actuelle : pourquoi les médias rapportent-ils des chiffres de victimes, des responsabilités et des faits parfois contradictoires ? Derrière les bulletins anxiogènes et les déclarations officielles, s’opère une lutte de communication quelque peu chaotique où chaque camp défend sa version et où la réalité devient logiquement floue.

On constate selon les agences et journaux d'importantes divergences dans les chiffres relatifs au nombre de victimes, la responsabilité des attaques, les lieux des bombardement ou encore la chronologie même des événements. Ces écarts peuvent s'expliquer par plusieurs facteurs.

Les médias de chaque pays tendent à minimiser leur propre responsabilité, instrumentalisant parfois l’information à des fins de politique intérieure. Et, dans ce contexte, il semble bien certain que la Thailande ait « tiré le premier » pour se faire ensuite passer pour la victime. Il apparaît difficile, lorsqu'on vit au Cambodge et que l'on connait un peu l'histoire du Royaume, de croire que ce pays qui a vécu tant de souffrances, ait des velléités de conflit armé avec son voisin ou n'importe quel autre pays.

Pourquoi la Thaïlande instrumentalise l'information à outrance ?

La position de la Thaïlande dans son conflit avec le Cambodge autour des frontières, notamment près des temples khmers comme Preah Vihear, pourrait s’expliquer par ces agressions récurrentes nourries par un ressentiment historique lié à la perte du temple de Preah Vihear, concédé au Cambodge en 1907 lors du tracé colonial des frontières. Beaucoup de Thaïlandais perçoivent encore ce transfert comme une injustice.

Ce conflit se trouve totalement instrumentalisé sur le plan politique en Thaïlande pour renforcer le sentiment d’unité nationale ou détourner l’attention des difficultés internes. À plusieurs reprises, des dirigeants thaïlandais ont déjà adopté une posture ferme envers le Cambodge pour apaiser la pression nationaliste ou pour affaiblir des adversaires politiques, notamment l’armée qui joue un rôle central dans la gestion de la crise.

L’actuelle stagnation économique de la Thaïlande semble jouer un rôle de catalyseur dans la gestion du conflit. Après une croissance ralentie en 2024, l’économie thaïlandaise reste atone en 2025 : faible consommation privée, dette élevée des ménages, exportations fragilisées, et investissement privé en baisse.

Les tensions commerciales mondiales et le manque de compétitivité aggravent probablement ce contexte de fragilité économique et de mécontentement populaire. Durcir la position nationale sur un sujet frontalier sensible peut sans aucun doute servir à détourner l’attention sur les difficultés intérieures et à fédérer la population autour d’un enjeu symbolique commun.

Accès à l'information et recherche du buzz

Sur le terrain, recueillir des données précises dans des zones de conflit frontalier est complexe ; les journalistes se fient alors à des sources militaires ou officielles souvent tardives, approximatives ou totalement biaisées.

De nombreux médias internationaux cherchent à « buzzer » en avançant des bilans chocs ou des témoignages sensationnels, quitte à répercuter des approximations ou encore, et là c'est encore plus grave, à publier des photos « gore » tout simplement fournies par l'armée thaïlandaise, sans aucune vérification, légende ou explication concernant cette large flaque de sang devant une maison publiée par une agence et relayée à tout-va avec des frottements de mains suivis de clics empressés sur l'article ou le post pour comptabiliser les « vues, like et réactions ». C'est triste.

Ces informations et images sélectionnées pour capter de l'audience peuvent créer un récit éloigné de la réalité, renforçant la confusion chez le public et susceptible de jeter encore plus d'huile sur le feu.

Le journalisme, dans des contextes aussi inflammables, c'est le cas de le dire, doit faire preuve de rigueur. Or, la recherche du sensationnalisme, à travers l'exagération délibérée (ou minimisation) des bilans humains, la désignation prématurée de « responsables » sans enquête approfondie, communiqués des deux parties ou un minimum de vérification, peut servir de détonateur supplémentaire dans une situation déjà plus que tendue.

Cette course au « buzz » et à la primeur de l’information néglige les conséquences réelles : risques d’escalade, stigmatisation des populations locales, et polarisation accrue.

Le jeu dangereux du buzz

Les médias, dans leur quête d'influence, jouent avec le feu. Quand la vérité devient variable et l’émotion première, le rôle d’alerte ou de médiation des journalistes s’efface devant celui de protagoniste du conflit. Leur responsabilité est donc double :

  • Informer avec honnêteté et prudence

  • Refuser d’attiser les rivalités nationales

Dans le conflit cambodgien-thaïlandais, la guerre de l’information prolonge souvent celle des armes. L’éthique journalistique et le devoir de vérification restent les meilleurs remparts face à la dérive sensationnaliste.

Les « zones grises » des bilans et des faits ne sont pas inévitables ; elles relèvent avant tout de choix éditoriaux et d’une conscience professionnelle ou son absence.

2 commentaires

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05 août
Noté 5 étoiles sur 5.

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01 août
Noté 5 étoiles sur 5.

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