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Dossier & Tourisme : Le secteur a besoin des visiteurs chinois pour redémarrer

Les touristes commencent à revenir sur les principaux sites touristiques du Cambodge, mais il manque au Royaume son plus grand marché qui pourrait aider à restaurer les revenus perdus ces deux dernières années. Si le touriste chinois lambda n'a pas toujours bonne réputation, les chiffres imposent une évidence : ce sont les visiteurs chinois et leur pouvoir d'achat qui ont largement stimulé le secteur avant la pandémie.

Le tourisme régional est aux prises avec l’absence des voyageurs prolifiques et grands dépensiers que sont les touristes chinois.
Le tourisme régional est aux prises avec l’absence des voyageurs prolifiques et grands dépensiers que sont les touristes chinois.

Le Cambodge, qui a accueilli plus de deux millions de touristes chinois avant le Covid-19, subit un manque à gagner considérable alors qu’il a été le premier pays à ouvrir complètement ses portes en novembre dernier.

« Pour dire les choses simplement, le tourisme en Asie du Sud-Est ne connaîtra pas de reprise complète tant que les voyageurs chinois ne reviendront pas », annonce Hannah Pearson, analyste de l’industrie du voyage et du tourisme en Asie du Sud-Est.

À vrai dire, il ne s’agit pas seulement du tourisme en Asie du Sud-Est, mais du monde en général, étant donné que les Chinois constituent le plus grand marché source de tourisme depuis 2012. Mais les longues restrictions de voyage liées à sa politique de zéro Covid, aux multiples tests avant et après le départ et à la quarantaine imposée aux voyageurs entrants (qui s’est légèrement allégée cette semaine) découragent ses citoyens de s’aventurer à l’étranger.

« Le monde entier attend avec impatience que les visiteurs chinois réapparaissent sur le marché mondial du voyage. Malheureusement, alors que le reste du monde assiste à un fort rebond du tourisme, la Chine est toujours aux prises avec le virus Omicron », explique le professeur Wolfgang Georg Arlt, fondateur de l’Institut de recherche sur le tourisme émetteur de Chine (COTRI).

En outre, le développement politique est actuellement concentré sur la préparation du 20e congrès national du Parti communiste chinois.

« Par conséquent, si nous avons de la chance, les voyages sortants de la Chine pourraient recommencer en octobre, mais ce sera probablement au début de 2023 », affirme Georg Arlt.

En 2018, l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies (OMT) indiquait que les voyages sortants de la Chine avaient grimpé de 15 % en glissement annuel pour atteindre environ 150 millions (4,5 millions en 2000), les touristes chinois ayant dépensé plus de 277 milliards de dollars dans leurs voyages.

43 % des touristes chinois interrogés par l’organisation ont déclaré qu’ils dépensaient entre 725 et 1 450 dollars par personne au cours d’un seul voyage, soit une moyenne de 970 dollars. Sur ce montant, un quart des dépenses totales est consacré au shopping.

En comparaison, les touristes non chinois ont dépensé en moyenne 486 dollars par personne en un seul voyage, indique la société de mesure et d’analyse de données Nielsen Holdings Inc.

Si les dépenses totales des touristes chinois ont légèrement reculé à 255 milliards de dollars en 2019, la somme représentait tout de même près de 20 % des dépenses totales du tourisme international.

Les économistes Bernard Aw et Eve Barre, qui confirment que l’industrie mondiale du voyage est « grandement dépendante » de la Chine, rappellent que dans l’ASEAN, 23 % des arrivées de touristes en 2019 étaient constituées de ressortissants chinois.

C’est notamment le cas au Cambodge et au Vietnam, où 36 % et 32 % du total des arrivées internationales, respectivement, provenaient de Chine.

L’absence de touristes chinois se traduit inévitablement par une baisse des recettes touristiques dans les pays de l’ASEAN

L’absence de touristes chinois se traduit inévitablement par une baisse des recettes touristiques dans les pays de l’ASEAN en raison de la « représentation significative » sur le produit intérieur brut (PIB) et l’emploi. Elle aura également des répercussions sur leur position extérieure.

« La baisse des recettes touristiques pèse de façon négative sur le compte courant, car elle se traduit par une diminution des exportations de services. Cela ajoute une pression à la baisse sur les monnaies des pays de la région, déjà affectées par le resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine », affirment Aw et Barre.

Une période délicate

Au Cambodge, dont la Chine est le plus grand marché source, le vide laissé par ses ressortissants depuis le début de la pandémie est palpable. En 2018, le Cambodge occupait la huitième place sur les 10 principales destinations mondiales pour les voyageurs chinois.

Sur les 6,6 millions de touristes entrant au Cambodge en 2019, la Chine représentait 36 % avec 2,4 millions de visiteurs, suivie du Vietnam (908 803 visiteurs) et de la Thaïlande (466 493), indique un rapport de la Banque asiatique de développement (BAD).

À l’époque, la part des services touristiques dans le total des exportations s’élevait à 25 %, avant de chuter de 6 % en 2020.

« La situation ne s’annonce pas bien pour les entreprises taillées sur mesure pour répondre aux besoins des touristes chinois, comme les restaurants, les hôtels et les grands magasins de souvenirs chinois », confie Chhay Sivlin, présidente de l’Association des agents de voyage du Cambodge.

Selon elle, même si les touristes chinois optent pour des voyages organisés à petit prix, ils dépensent généralement plus pour les souvenirs et les visites facultatives, qui contribuent largement aux revenus des commerçants locaux.

Même la durée des séjours, de quatre jours à une semaine en moyenne, qui sont courants chez les vacanciers chinois au Cambodge, a incité le secteur de l’hébergement à répondre à leurs besoins.

Mais le manque de touristes chinois a entraîné la fermeture de ces entreprises ou les oblige à lutter pour rester à flot.

« Il y a des constructions de bâtiments et d’hôtels qui ont été arrêtées en raison de cette situation. Ce n’est pas une bonne image pour le pays d’avoir de nombreux bâtiments fantômes », ajoute Mme Sivlin.

Si certains signes positifs se dégagent de Shanghai, grâce à la diminution de la propagation de la communauté et à la réduction de la période d’incubation de l’Omicron, avec des plans pour lever progressivement les restrictions à partir de la mi-juin, les analystes affirment que les perspectives restent sombres pour les voyages à l’étranger.

Chhay Sivlin, présidente de l’Association des agents de voyage du Cambodge
Chhay Sivlin, présidente de l’Association des agents de voyage du Cambodge

Aw et Barre, de l’assureur-crédit Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur (Coface), cotée à Paris, affirme que la Chine renforce plutôt ses restrictions sur les voyages à l’étranger.

« Auparavant, il y avait des restrictions dans le tourisme de groupe et à forfait, même si les voyages à l’étranger non essentiels étaient fortement découragés. Le 12 mai, l’Autorité nationale de l’immigration a annoncé qu’elle limiterait strictement les voyages à l’étranger non indispensables de ses citoyens », ont-ils déclaré au Post.

En effet, ce sont des « temps délicats » pour la reprise des voyages dans la région, indique Gary Bowerman, directeur de Check-in Asia, une société de conseil touristique et de marketing stratégique.

« Sans la Chine, l’ensemble de l’économie du voyage de l’Asie-Pacifique va se contracter de manière significative », dit-il.

Bien que les Chinois jouent un rôle important dans le tourisme et les activités commerciales, les règles et contrôles stricts en matière de voyage rendent difficile la planification des vols.

L’année dernière, 23 837 ressortissants de Chine continentale sont arrivés au Cambodge. Entre janvier et mars de cette année, 9 753 visiteurs chinois ont été enregistrés, soit 59 % de moins que la période correspondante de l’année dernière.

La situation est apparemment complexe, car les compagnies aériennes mettent en balance le coût des vols et le taux de remplissage sur la route Chine-Cambodge, explique Sinn Chansereyvutha, porte-parole du Secrétariat d’État à l’aviation civile.

Il est arrivé que des vols soient annulés et que l’argent soit remboursé aux passagers si la charge ne justifiait pas le coût.

« Le marché chinois est imprévisible et il est difficile de suivre les vols. Il peut y avoir des vols cette semaine, mais la semaine suivante, rien. Cela dépend de la demande et il faut parfois travailler au cas par cas », dit-il.

À l’heure actuelle, Air China, Shenzhen Airlines, Xiamen Airlines et China Southern Airlines, Cambodia Angkor Air, Lanmei Airlines et Cambodia Airways assurent les liaisons entre les deux pays après avoir soumis des permis de vol.

« Ils se relaient pour voler. Ainsi, une semaine, ce sera une compagnie chinoise, la semaine suivante une compagnie cambodgienne.

Cependant, le prix du billet pour un aller simple se situe entre 3 500 et 5 000 dollars », explique Chansereyvutha, indiquant que les prix ont été multipliés par 10 à 15 depuis l’époque pré-Covid.

En 2019, le Cambodge a enregistré des vols vers plus de 30 villes chinoises, bien que cela soit également dû au fait que les deux nations partagent une forte relation commerciale et d’investissement.

La Chine, qui reste le plus grand investisseur étranger et prêteur non institutionnel du Cambodge, a déversé des milliards dans le développement des infrastructures, l’immobilier, les secteurs bancaire et des services au cours des six dernières années.

Travailler mieux

Nonobstant les touristes chinois, les arrivées internationales ont augmenté au Cambodge depuis sa réouverture en novembre — le premier pays d’Asie du Sud-Est à supprimer les tests Covid-19 avant le départ et la quarantaine pour les voyageurs vaccinés.

Les données du ministère du tourisme montrent que les arrivées ont plus que doublé pour atteindre 159 546 au premier trimestre de 2022 par rapport au dernier trimestre de 2021, après s’être effondrées en 2020 et 2021.

Seule une petite activité a été enregistrée à l’aéroport international de Phnom Penh, les deux autres aéroports du pays, Siem Reap et Sihanoukville, étant restés fermés pendant de longues périodes.

Mais, en 2019 — ce qui serait la meilleure année du Cambodge pour le tourisme avant le Covid-19 — le secteur a collecté cinq milliards de dollars de recettes touristiques, soit une moyenne de 721 dollars dépensés par arrivée, précise l’OMT, ou environ 95 dollars par personne et par jour, selon la BAD.

Avec quelque 630 000 emplois directs, la BAsD ajoute que le secteur a contribué à hauteur de 12,1 % au produit intérieur brut (PIB) cette année-là. L’année dernière, elle a chuté à 1,3 % du PIB, contre 3 % en 2020.

Les deux tiers des arrivées de touristes internationaux en 2022 proviennent de l’ASEAN, avec en tête les Vietnamiens et les Thaïlandais, devant les autres pays de la région, suivis des Européens (19 604) et des Américains (10 732).

« Si vous regardez le monde, les gens sont inquiets. Il y a des obstacles, mais au Cambodge, nous sommes optimistes… en avance », déclare Din Solethearith, président de l’Association hôtelière du Cambodge.

Pourtant, le Cambodge n’est pas encore en mesure de rivaliser avec ses voisins, la Thaïlande et le Vietnam, car il ne possède pas de capacité aérienne adéquate, ajoute-t-il.

En raison de la péremption des créneaux d’atterrissage et de décollage dans les aéroports étrangers au cours du Covid-19, il y a moins de vols opérés par les compagnies aériennes régionales qu’auparavant. Il en va de même pour la compagnie nationale, Cambodia Angkor Air, détenue à 51 % par l’État, qui ne dessert que des destinations régionales.

Outre les liaisons chinoises, le Cambodge assure 26 vols quotidiens vers Singapour, 16 vers Bangkok, 13 vers Hô Chi Minh, neuf vers Séoul, cinq vers Kuala Lumpur, quatre vers Taipei, deux vers Manille et un vers Hong Kong et Hanoï.

« Nous ne disposons pas de gros avions ou de transporteurs aériens pour nous rendre aux États-Unis et en Europe. Nous dépendons donc toujours beaucoup de la Malaisie, de Singapour et de la Thaïlande, car ces pays ont de gros transporteurs qui ont un accès important aux grands marchés du monde entier », explique M. Solethearith.

Ces pays ont pris une « décision intelligente » et ont rouvert, ce qui a permis au Cambodge de compter sur eux pour sa capacité aérienne, mais « de nombreux autres marchés sont encore très prudents » et doivent encore ouvrir des routes vers l’Asie du Sud-Est.

« Donc, nous continuons à nous battre. Ce n’est pas très facile, car le monde est désormais globalisé, et tout le monde est connecté les uns aux autres », précise Solethearith.

Khieu Thy, président de l’Association des guides touristiques khmers d’Angkor, abonde dans le même sens, tout en exhortant le gouvernement à s’efforcer de faire venir des vols directs de l’Occident, afin de ne pas dépendre entièrement de ses voisins pour les touristes et la connectivité aérienne.

« De cette façon, nous pourrons faire un meilleur travail. Sinon, nous n’aurons pas autant de touristes que le Vietnam et la Thaïlande », déclare M. Khieu.

Cependant, il admet que les choses s’améliorent cette année, car il y a des vols directs vers Siem Reap depuis Singapour, la Malaisie et la Thaïlande :

« Au moins, nous avons 200 touristes par jour qui visitent Angkor Wat, par rapport à 2021 où nous n’avons rien fait. Il n’y avait pas de touristes étrangers ».

Quelque 10 à 15 guides touristiques de Siem Reap sont retournés travailler dans le complexe archéologique d’Angkor, mais le nombre est vraiment insuffisant, dit-il, étant donné qu’il y a environ 5 000 guides, dont 200 de ses membres, qui opèrent dans la province.

Un désastre évident

Pour l’avenir, les avis sont partagés, les analystes s’interrogeant sur la probabilité d’une augmentation des voyages à l’étranger des Chinois, les restrictions s’assouplissant progressivement dans un contexte de ralentissement de l’économie chinoise et de maintien du contrôle strict des capitaux.

Ils s’accordent toutefois à dire que le nombre de touristes chinois restera modéré, car des vents contraires tels que les surcharges de carburant, la hausse de l’inflation et le risque d’une résurgence du Covid-19 jouent en arrière-plan.

Pour l’instant, la politique chinoise de « zéro Covid » a compromis certains comportements en matière de voyage, car les mesures de quarantaine et autres mesures liées à la pandémie constituent une « dissuasion importante » pour les citoyens chinois.

« En 2021, seuls 25 millions de touristes sortants ont quitté la Chine, soit moins d’un cinquième des plus de 154 millions de 2019 », soulignent Aw et Barre.

Le ralentissement de l’économie chinoise affectera-t-il les voyages ? Georg Arlt, du COTRI, ne le pense pas :

« Les 10 % de la population chinoise qui détiennent un passeport et ont suffisamment d’argent pour voyager à l’international sont toujours capables de dépenser quelques milliers de dollars pour un voyage international », affirme-t-il.

En outre, de nombreux voyages ne sont pas seulement effectués pour les loisirs, mais aussi pour les affaires, la santé, l’éducation ou les visites familiales.

« Il y a donc une forte demande qui attend le début d’une nouvelle vague de voyages à l’étranger », affirme Georg Arlt, dont l’institut aide les entreprises et les destinations hors de Chine à se préparer au marché chinois des voyages à l’étranger.

En ce qui concerne les destinations lointaines, il estime que la perte de visiteurs chinois est « regrettable », mais comme les Européens, les Nord-Américains et les Australiens sont « impatients de voyager » à présent, le tourisme dans ces secteurs est en plein essor.

Ce n’est pas le cas pour l’ASEAN et la Grande Chine, où l’absence de visiteurs chinois est un « problème beaucoup plus important ».

« Par exemple, la Thaïlande ne peut pas compenser les 11 millions d’arrivées Chinoises en 2019 et le Vietnam ne peut pas compenser les six millions d’arrivées. Hong Kong est passé de 14,5 millions d’arrivées en provenance de Chine au premier trimestre de 2019 à moins de 10 000 arrivées en provenance de Chine au premier trimestre de 2022… c’est clairement une catastrophe », explique Georg Arlt.

Chinois contre Indiens

Hannah Pearson, fondatrice du cabinet de conseil et de recherche en tourisme Pear Anderson, est d’accord avec lui, ajoutant que tant que le marché chinois ne reviendra pas, la région verra son potentiel touristique faiblir. « Et ce, malgré les efforts déployés pour supplanter le principal marché entrant par d’autres pays ».

D’où la raison pour laquelle les efforts visant à courtiser le marché indien pourraient être un tantinet difficiles pour la région. Au Cambodge, les pourparlers en vue d’un accord avec le gouvernement indien pour que ses citoyens puissent se rendre à Siem Reap et à Phnom Penh sont sur la table depuis des années.

Mme Pearson admet que le marché indien est robuste, comme en témoigne le fait que, même en 2021, il était le premier marché source pour les Maldives et Dubaï, malgré la pandémie.

« Par conséquent, souligne-t-elle, c’est un bon signe pour le Cambodge — que les voyageurs indiens sortants choisissent de voyager, et s’ils choisissaient de visiter le Cambodge en plus grand nombre, alors cela pourrait « bien sûr aider à augmenter le nombre d’arrivées et les revenus ».

Toutefois, l’inconvénient de la stratégie consistant à espérer que le marché indien puisse combler le déficit du marché chinois vient de la concurrence, prévient M. Pearson.

« De nombreux pays d’Asie du Sud-Est intensifient également leur promotion sur le marché indien, comme Tourism Malaysia, qui y a récemment organisé un roadshow, la Thaïlande vise 500 000 voyageurs indiens, et même Vietjet a renforcé sa connectivité vers l’Inde depuis le Vietnam », explique-t-elle.

Certes, tout cela devrait mettre du temps à se concrétiser pour le Cambodge, comme c’est le cas avec le retour des touristes chinois dans le secteur du voyage.

« J’espère que le gouvernement chinois reconsidérera l’allègement des restrictions de voyage », déclare Solethearith de l’ACS.

« Je ne sais pas quelle est la raison de cette politique, surtout quand ils ont produit beaucoup de vaccins et en ont même fait don au Cambodge et à de nombreux autres pays. »

Cependant, en supposant que les pays sources du Cambodge s’ouvrent pleinement, il pense que « nous pouvons assurer quelque chose ». Certes, ce ne serait pas un avenir radieux, mais ce serait suffisant pour survivre.

« Aujourd’hui, le secteur hôtelier connaît une reprise de 20 % et cela va continuer à augmenter. Il y a des défis à relever, mais les perspectives sont plus encourageantes. Pas aussi bonnes que celles d’avant la pandémie, mais meilleures que celles d’après… », conclut-il.

Sangeetha Amarthalingam & CG, avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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