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Culture & Santé : Croyances et traditions du Cambodge contre le coronavirus

Dans le royaume, il n’est pas rare de voir des épouvantails — appelés Ting mong en langue khmère —, érigés devant les maisons ou les jardins des Cambodgiens. Le Ting Mong n’est pas là pour protéger les récoltes des oiseaux, mais plutôt pour effrayer les fantômes et les mauvais esprits.

Avec la peur du Covid-19, le Ting mong est partout au Cambodge
Avec la peur du Covid-19, le Ting mong est partout au Cambodge

En période de grande difficulté, il est fréquent de voir ces épouvantails se multiplier. Depuis l’arrivée de la pandémie de coronavirus, le Ting mong est partout.

Croyance ancienne

Le mot Ting Mong en khmer est utilisé pour représenter à la fois un épouvantail dans une ferme, ainsi qu’une grande marionnette dansante qui recueille des dons. Selon Ang Choulean, professeur d’anthropologie historique à l’Université royale des beaux-arts, le mot Ting Mong fait référence à une figure fictive ayant la taille et la forme d’un être humain, mais dans le but d’effrayer les gens. M. Choulean, qui a préparé son doctorat en anthropologie en France, explique que Ting Mong s’appelait initialement Yeak Cheal — avec yeak faisant référence à un géant en khmer, et cheal à un grand panier tissé. Traditionnellement dans la culture khmère, Ting Mong montrait un visage géant orné de peinture, tandis que son corps était constitué de papier enroulé autour d’un panier en bambou tressé. L’anthropologue avance que pendant l’ère coloniale française au Cambodge, les Khmers des zones rurales étaient effrayés et superstitieux à propos des Européens.

« Chaque fois que les Français venaient au village, les villageois s’enfuyaient. Les femmes, surtout, disparaissaient rapidement », dit-il.

« À cette époque, les gens pensaient que les Français ou barangs avaient le nez pointu comme un couteau. Ils disaient que le barang était grand et avait un visage velu. Ils ne pouvaient pas discuter avec un barang, car ils le trouvaient effrayant », a écrit Choulean à propos de l’histoire de Ting Mong. « Les villageois ayant peur du barang, cela a mis fin au Yeak Cheal. Le Ting Mong au visage de type occidental et son grand corps qui ressemble au barang, l’a remplacé. Ils ont alors utilisé ce nouveau Ting Mong pour repousser les fantômes, les mauvais esprits et les maladies dans les villages », conclut-il.

Aujourd’hui

De nos jours donc, on pense que ces personnages, habillés pour ressembler à des humains, feront fuir les fantômes et les mauvais esprits. Ils détiennent souvent des fusils ou des armes et ont traditionnellement des caractéristiques qui se veulent effrayantes. En 2019, les villageois de Kratie ont érigé des Ting mong lorsque plusieurs personnes sont tombées malades dans le village. Les gens tombaient malades et la nuit, les chiens gémissaient beaucoup », raconte un villageois du district de Banteay Srey. « Mes voisins et moi sommes allés consulter une diseuse de bonne aventure dans le village voisin qui nous a dit que cela se produisait, car des fantômes entraient dans le village et causaient des maladies. C’est une vieille tradition, si vous érigez un Ting mong devant votre maison, les fantômes le verront et en auront peur, mais il doit porter des vêtements, ou avoir des armes pour que le fantôme pense que la maison est gardée par une personne. » Il n’est donc pas surprenant, alors, que la propagation de COVID-19 au Cambodge ait vu l’arrivée d’une nouvelle vague de Ting mong. Chhum Vann, un agriculteur de 63 ans du village de Kampong Lvea dans la province de Kandal, a déclaré que plusieurs de ses voisins avaient installé des épouvantails. Il a donc fait installer le sien.

« Nous suivons simplement cette tradition, mais nous ne savons pas à quel point c’est efficace », dit-il.

Feux de joie

Dans d’autres villages, les habitants semblent avoir allumé des feux de joie devant leurs maisons pour aider à empêcher la propagation du coronavirus. Plusieurs de ces feux ont été vues sur des vidéos partagées sur l’application de médias sociaux Tik Tok, les vidéos semblent avoir fait leur chemin vers le Premier ministre Hun Sen, qui a ensuite demandé aux villageois d’arrêter cette pratique en raison des risques d’incendie.

Cérémonies et prières

En avril dernier, Ty Reaksmey, originaire de Phnom Penh, a pris quelques jours de congé pour préparer sa famille à l’inquiétude liée au coronavirus au Cambodge. Sa famille et lui se sont rendus au Wat Kol Tor Teng, à la périphérie de la ville, pour participer à une cérémonie de bénédiction. Reaksmey et sa famille ont assisté à la cérémonie en portant des masques faciaux. Ils ont rejoint les quelques dizaines de moines présents pour méditer et chanter des prières.

« Selon le Dharma, nous finirons tous par mourir. J’essaie de faire face à la panique que je ressens », explique Ty Reaksmey

De petits flacons vaporisateurs remplis d’alcool sont visibles tout autour de la pagode, couramment utilisés pour désinfecter les mains. Hormis la famille Ty, il n’y a pas plus d’une douzaine de personnes participant à la cérémonie. Les moines en charge des pagodes avaient demandé au public de ne pas assister à ces cérémonies de bénédiction, car le gouvernement a interdit les rassemblements religieux pour éviter la propagation du virus. Au wat, des moines vêtus de robes de safran et des laïques vêtues de blanc immaculé sont assis en rangées ordonnées scandant des prières bouddhistes. Pendant ce temps, les smartphones retransmettent ces prières à travers le pays. À l’extérieur de la salle centrale de la pagode, de plus en plus de moines et de laïcs, de tous âges, sont assis sur des carrés de tissu violet sur les sols en pierre blanche, toujours en rangées bien distancées chantant.

« Chaque pagode fait cela pour prier pour le bonheur et pour affronter cette maladie, la faire disparaître », déclare Saing Yoeun, 70 ans

S’agissant d’une pagode relativement modeste, le son monotone et ponctué d’une petite cloche de cuivre qui résonne dans les locaux du wat. Durant cette cérémonie, tout ce qui peut être entendu à la pagode est le bourdonnement de dizaines de voix, chantant à l’unisson. Le vénérable Phoung Sovann explique que les prières et les coups de tambour ne sont là que pour la paix intérieure et pour aider les gens à faire face à la pandémie spirituellement. Il tient à ajouter qu’il est important que les Cambodgiens suivent les instructions du ministère de la Santé pour se prémunir du COVID-19. CG & Sokummono Khan & Nem Sopheakpanha

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