Croissance économique du Cambodge : le MEF revoit ses prévisions pour 2025 dans un contexte d'incertitude

Le ministère cambodgien de l'Économie et des Finances (MEF) a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour l'exercice 2025, tablant désormais sur une expansion de 5 %, contre un objectif initial de 6,3 %. Cet ajustement reflète les incertitudes croissantes sur la scène internationale, notamment les tensions commerciales et la volatilité des marchés mondiaux.

Phnom Penh. Photo CG

Un ralentissement modéré mais maîtrisé

Malgré cette révision, le Cambodge reste l'une des économies les plus dynamiques d'Asie du Sud-Est. Cette croissance modérée s'explique par plusieurs facteurs internes et externes : la hausse des droits de douane américains sur les exportations cambodgiennes, un environnement commercial mondial moins favorable et le ralentissement de secteurs clés tels que l'immobilier et la construction.

Toutefois, l'économie bénéficie toujours de piliers solides, notamment les exportations de textiles et de chaussures, qui ont augmenté de plus de 10 % au premier trimestre 2025, ainsi que d'une reprise progressive du tourisme, qui devrait entraîner une hausse de 16 % du nombre de visiteurs internationaux en 2025.

Perspectives internationales et analyse croisée

Les grandes institutions internationales suivent de près la situation au Cambodge. La Banque asiatique de développement (BAD) table sur une croissance légèrement supérieure, autour de 6,1 % en 2025, soulignant la résilience de l'économie face aux chocs extérieurs, mais mettant en garde contre les risques liés aux tensions commerciales, notamment avec les États-Unis et la Chine.

Le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport au titre de l'article IV pour 2025, prévoit un taux compris entre 5,5 % et 5,8 %, confirmant l'impact mitigé des pressions extérieures et une inflation d'environ 2 %.

La Banque mondiale souligne la nécessité d'une plus grande diversification économique et de réformes budgétaires ambitieuses. Selon la directrice pour le pays, Tania Meyer, le Cambodge doit réduire sa dépendance à l'égard du secteur de l'habillement et promouvoir le développement industriel et les services à plus forte valeur ajoutée. Cela donnera un nouvel élan à la croissance, tout en améliorant la création d'emplois et en renforçant la stabilité économique à moyen et long terme.

Défis structurels et recommandations politiques

Le rapport du FMI met en évidence plusieurs vulnérabilités persistantes : des coûts énergétiques élevés, plus de deux fois supérieurs à ceux du Vietnam, qui freinent l'attractivité des investissements, et une gouvernance qui doit être considérablement améliorée, notamment en matière d'application de la loi et de transparence. Sur le plan monétaire, les experts recommandent une politique de normalisation progressive afin de préserver la stabilité financière et d'encourager la dédollarisation progressive de l'économie.

En matière de politique budgétaire, les efforts visant à renforcer la mobilisation des recettes publiques sont essentiels pour financer les investissements stratégiques dans les infrastructures et le capital humain. Ces réformes devraient également viser une répartition plus équitable de la charge fiscale, tout en tenant compte des préoccupations sociales et environnementales.

Vers une croissance plus durable et inclusive

Le gouvernement cambodgien a confirmé ses ambitions de croissance et son engagement en faveur d'une économie plus diversifiée et plus résiliente. Les autorités se concentrent sur le développement numérique, en investissant dans les infrastructures numériques et en améliorant les services publics en ligne afin d'accélérer la transition vers une économie moderne et compétitive dans la région. Le défi est de taille : devenir un pays à revenu intermédiaire supérieur d'ici 2050 tout en améliorant les conditions de vie de la population.