Au XIIIe siècle de l’ère chrétienne, l’empereur de Chine dépêcha plusieurs groupes d’envoyés afin de réaliser des enquêtes dans divers pays pour mieux connaitre leur civilisation. Si un pays avait une culture florissante, il fallait le signaler à la Chine qui prendrait alors ce pays comme ami. Si un pays avait une civilisation terne, la Chine l’aiderait ou le prendrait comme vassal.
Alors les envoyés chinois pénétrèrent dans tout le pays khmer pour y effectuer des recherches et des enquêtes et revinrent pour informer leur roi par ces mots :
« Le Cambodge est prospère et florissant, mais il est un peu plus terne qu’auparavant. Les habitants marchent pieds nus, mangent avec leurs doigts, ils ont la tête nue et n’utilisent pas de techniques commodes. Mais cela ne durera pas longtemps, le Cambodge sera de nouveau plus prospère et florissant qu’avant. »
Ces envoyés le savaient parce qu’ils avaient vu tout d’abord un endroit dont le traité des astrologues chinois prédisait qu’il donnerait de bons résultats divers pour le pays. Et cet endroit était la colline de Préah-Réach-Troap dans le canton de Ponhéa-Lü, province actuelle de Kandal. Les envoyés chinois avaient vu que cette colline avait la forme d’un mokâr (en sanskrit makara : grand animal marin ; crocodile). C’est une sorte de poisson marin muni d’une trompe. Cet animal est un motif de sculpture et de décor très répondu dans l’art khmer), animal sur le corps duquel est maintenant le monument funéraire Trai Troeung (C’est le paradis où il y a trente-trois dieux dont Indra est le souverain suprême.), sur sa tête et ses moustaches le monument Tontim, et sur sa queue la statue du Bouddha mourant.
De plus, sur cette colline, se trouvait une grotte dont la profondeur allait jusqu’en bas. Les Chinois virent que dans peu de temps le mokâr sortirait de cette grotte. Puis le traité des astrologues chinois prédisait que si, un pays ou un endroit voyait surgir un mokar, ce pays aurait une puissance large et florissante. Les autres pays ne pourraient plus le battre. À cause de cela, pour la sécurité de la Chine dans l’avenir, tous les mandarins chinois firent une proposition à leur empereur en ces termes : » il faut lever une armée pour aller combattre et prendre le Cambodge en le transformant définitivement en pays vassal « .
L’empereur de Chine réfléchit et dit :
« si nous agissons de cette façon, c’est comme si nous violions tout à fait ce pays. D’autre part le Cambodge est encore puissant et florissant. Nous ne pouvons pas le battre facilement. Si la Chine bat le Cambodge à la guerre, elle aura des difficultés en raison de la perte de nombreux soldats et de la détresse qui gagnera la population. »
C’est pourquoi, pour empêcher le mokar de surgir dans cet endroit, les Chinois voulaient obstruer fermement la grotte de cette colline d’une façon ou d’une autre. Alors ils pensèrent : si nous prenons des pierres pour obstruer cette grotte, nous craignons qu’un jour les Khmers ne comprennent notre idée et ne les soulèvent. Pour cela, il faut quelque chose d’honoré par les Khmers.
Alors les Chinois virent que le Cambodge était très attaché à la religion bouddhique. Partout où il y a une statue du Bouddha, il y avait un temple. Les Khmers n’osaient pas démolir un tel endroit. C’est pourquoi l’empereur de Chine ordonna aux mandarins de venir demander à ceux-là la permission de construire un temple sur le sommet de la colline Préah-Réach-Troap. Après avoir obtenu leur autorisation, les Chinois bâtirent d’abord une statue de Bouddha selon le style khmer. Puis ils construisirent un temple abritant la statue du Bouddha selon la tradition khmère, mais aussi selon le traité d’astrologie chinoise.
C’est à cause de cela que ce temple donne vers le nord, c’est-à-dire qu’il est orienté vers la Chine. Quant au nom de ce temple, on ne sait pas comment les Chinois l’appelèrent. Mais les Khmers qui virent dans ce temple une très grande statue de Bouddha, vainqueur des démons, d’une hauteur de dix-huit coudées, nommèrent le temple d’Atareu, ce qui signifie « temple du Bouddha de dix-huit coudées ».
Fort longtemps après, le temple d’Atareu tomba en ruine ; il n’en resta que la pierre de bornage et la statue du Bouddha. À l’époque de Lovèk, Chan Réachéa, le grand souverain comblé de mérites bouddhiques, donna l’ordre de construire un nouveau temple. Quant à la statue du Bouddha, elle resta intacte et inchangée et elle n’a été qu’à peine réparée.
À cause du mauvais état de ce temple, Sa Majesté le roi Norodom utilisa de l’argent du trésor royal et des quêtes chez les gens du royaume pour cette reconstruction dont le chef du clergé, Tieng, dirigea en personne les travaux. Ce nouveau temple fut terminé et on en fit le bornage rituel en 1911 durant le règne de Sa Majesté Sisowath.
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