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Conférence – Cambodge – Serge July : « les réseaux sociaux ne tueront pas la presse »

Lors d’une conférence à l’Institut Français de Phnom Penh, samedi dernier, le journaliste Serge July, a longuement évoqué l’avenir de la presse. Pour l’ex-patron de Libération, elle ne disparaitra pas mais doit relever deux défis, celui de la rentabilité économique et celui de la… « vérité ».

Serge July : « les réseaux sociaux ne tueront pas la presse »

Serge July : « les réseaux sociaux ne tueront pas la presse »


« Dès les années 90 la presse a dû composer avec un premier phénomène déstabilisant : l’hyper-communication. La promotion était alors étouffante. ‘Tout était génial’. Cela a touché la presse mais également le cinéma, par exemple, les critiques ont alors disparu. Fin 90, a vu la naissance d’un nouveau média, les réseaux sociaux. Et là, cela a tout bousculé, la presse écrite mais également la radio ou la télévision. Le modèle économique de la presse papier (abonnement, publicité et vente à un prix accessible) qui remontait à l’époque 1830/1840, ne tenait plus la route », a souligné Serge July, devant une salle comble.

Aujourd’hui règne le « chaos »

Pour renouer avec des jours meilleurs, elle doit évoluer tout en relevant deux défis.  Le premier est d’ordre économique

« Le modèle économique viable reste encore à inventer. Médiapart, en France, est un exemple de nouveau modèle mais il est encore en phase expérimentale. Les expérimentations en cours indiquent également que l’on évolue vers un modèle mixte, bi-média associant le papier et l’internet », précise le journaliste. Serge July cite volontiers le New York Times ou le Washington Post. Ils se sont « repositionnés » en conciliant papier et internet et commencent à retrouver une santé financière.

« En 2018, pour la première fois, les recettes publicitaires sur internet ont été plus importantes que dans la presse papier. C’est donc possible », a-t-il également précisé.

Le second : gagner la « bataille du vrai »

Mais ce redressement a nécessité des investissements très importants, notamment en ressources humaines. La rédaction s’est étoffée de 50 journalistes aguerris afin de gagner la « bataille du vrai ». La vérification de l’information : c’est le second défi de la presse. C’est d’ailleurs en faisant la chasse aux fake news que le quotidien américain est en passe de réussir son pari. Donald Trump qui appelle le NYT ‘La faillite’ est, paradoxalement, l’un des artisans du renouveau du journal en déversant ses inepties. « Le quotidien a recensé 7.000 fake news dans sa bouche, ça donne de quoi faire », indique Serge July « une cellule d’investigation exclusivement dédiée à la Maison Banche a été créée ».

Expérimenter encore et toujours

« Je sais une chose : ce qui distingue l’information de la communication, c’est la vérification. Actuellement, la tendance est de vérifier la pertinence d’une information après sa diffusion. Cette vérification doit se faire avant. Comment faire pour concilier cet impératif et une nécessaire viabilité économique ? Je ne sais pas. Il faut continuer à expérimenter. Les réseaux sociaux vont également voir leur réglementation évoluer. En tout cas, je le souhaite. Il importe également de ne pas perdre de vue que la télévision n’a pas fait disparaître le cinéma. La radio n’a pas tué le livre. Les réseaux sociaux ne tueront pas la presse », conclut Serge July qui vient de publier un nouvel ouvrage intitulé « Dictionnaire amoureux de New York (Edition Plon). Les USA semblent, aujourd’hui, inspirer l’ex-patron de Libération. Cela n’a pas toujours été le cas…

 

Lors de son intervention, Serge July a évoqué de nombreux sujets. Extraits choisis.

Libération et Sartre

« Jean-Paul Sartre, dans les années 1972/1973, était très intéressé par la création d’un quotidien. Il voulait éditorialiser l’actualité politique. Il avait deux idées force. La première était de générer du ’désaccord’, autrement dit d’alimenter la contradiction. La seconde était de d’inventer un langage nouveau. Il faut se souvenir qu’à cette époque, Le Monde ou France Soir étaient illisibles. Ils utilisaient une langue que personne ne parlait. Malheureusement, Sartre a été la victime de deux attaques, la deuxième le rendant pratiquement aveugle. On a donc fait Libération sans lui mais il est clair que son investissement a beaucoup compté, notamment pour fédérer des gens très différents autour d’un projet commun ».

Le Cambodge, en 1975

« Comme la plupart des quotidiens français de l’époque on a titré sur la libération de Phnom Penh. Le journaliste qui avait fait les premiers papiers était un spécialiste de cette partie du monde. C’était une victoire sur les USA. Ce fut, bien évidemment, une erreur qui a pesé lourdement ».

Facebook

« J’en veux beaucoup à Facebook. Laisser en ligne, pendant 17 minutes, la vidéo du massacre qui a eu lieu en Nouvelle-Zélande, récemment, est dramatique. Et cela alors que Facebook a annoncé des investissements pour mieux suivre ce qu’il diffuse ».

 

Par Fabrice Barbian

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