Conflit frontalier & Ligne rouge : Souveraineté piétinée et familles cambodgiennes expulsées manu militari
- La Rédaction
- il y a 9 heures
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Dans un acte de violation flagrante de la souveraineté et des droits humains les plus fondamentaux, des soldats thaïlandais ont franchi la frontière et procédé à l'expulsion forcée de six familles cambodgiennes de leurs foyers dans le village de Prey Chan.

Le scénario de l'expulsion
Selon des témoignages recueillis par des médias cambodgiens locaux et des ONG, et confirmés par des sources officielles, les événements se sont déroulés dans la matinée du 15 août 2025. Des soldats thaïlandais, en tenue de combat et lourdement armés, ont traversé la frontière non loin du poste-frontière d'O'Smach. Ils ont bloqué les accès routiers au village de Prey Chan avant de se diriger vers les habitations ciblées.
Les soldats ont pénétré dans les propriétés sans mandat cambodgien, exigeant des familles qu'elles quittent immédiatement leurs maisons et leurs terres.
Des témoins rapportent que les soldats ont brandi leurs armes et proféré des menaces pour contraindre les familles à obtempérer dans la panique. Certains habitants ont été empêchés de récupérer leurs effets personnels ou leurs animaux.
Démolition imminente
Après avoir chassé les occupants, les soldats thaïlandais ont marqué les habitations et les greniers à riz, laissant entendre qu'ils seraient démolis prochainement. Les familles expulsées, dont des enfants et des personnes âgées, se retrouvent sans abri et dans un profond dénuement, leurs moyens de subsistance agricoles anéantis.
Un acte inacceptable
La réaction cambodgienne a été immédiate et unanime dans sa sévérité. Le gouverneur de la province de Banteay Meanchey, Oum Rath, a fermement condamné cette "violation de l'intégrité territoriale du Cambodge" et ces "actes inhumains". Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a été saisi et une protestation officielle vigoureuse est attendue auprès des autorités thaïlandaises. Le porte-parole du gouvernement, Pen Bona, a qualifié l'action de "gravement illégale et contraire à l'esprit de bon voisinage".
Licadho et Adhoc ont immédiatement dénoncé une "expulsion forcée illégale" et une "violation grave des droits à un logement adéquat et à la propriété". Elles exigent le retour immédiat et en sécurité des familles sur leurs terres et la cessation de toute ingérence militaire thaïlandaise.
Des journaux locaux comme Koh Santepheap et Fresh News ont couvert l'événement en détail, rapportant la détresse des familles et relayant la colère des communautés locales. Le ton est sans équivoque : il s'agit d'une agression caractérisée contre des civils cambodgiens sur leur propre sol.

Les raisons stratégiques obscures
Si la motivation officielle thaïlandaise n'a pas été clairement énoncée au moment des faits (les autorités thaïlandaises n'ont généralement pas commenté immédiatement de telles actions dans le passé), plusieurs hypothèses stratégiques sont plausibles, s'inscrivant dans un contexte historique de litiges frontaliers :
Revendication territoriale unilatérale
La zone de Prey Chan pourrait se trouver dans une zone grise, non clairement délimitée ou revendiquée par la Thaïlande. Ces opérations "sur le terrain" visent à établir des faits accomplis et à affirmer un contrôle physique, forçant ensuite des négociations à partir d'une position de force. C'est une tactique éprouvée dans les conflits de frontière.
Sécurité ou contrôle
Les soldats thaïlandais pourraient considérer ces habitations comme trop proches d'une frontière qu'ils souhaitent contrôler strictement, peut-être pour lutter contre la contrebande ou des infiltrations, ou simplement pour créer une zone tampon "dégagée". L'expulsion des civils est alors vue comme une mesure de "sécurité".
Pression en vue de négociations
Cet incident pourrait être un moyen de faire pression sur le gouvernement cambodgien dans le cadre des négociations bilatérales plus larges sur la démarcation frontalière, encore incomplète à certains endroits. Créer une crise locale peut être une tactique pour obtenir des concessions ailleurs.
Bien que moins documenté dans ce cas précis, la convoitise de terres agricoles ou d'une position géographique spécifique (point d'observation, accès à une route) pourrait également être un facteur sous-jacent.
Une ligne rouge franchie
L'expulsion forcée de civils cambodgiens par des soldats thaïlandais sur le territoire cambodgien constitue une ligne rouge franchie. C'est un acte illégal, inhumain et une violation flagrante de la souveraineté du Cambodge.
Toute justification stratégique potentielle avancée par la Thaïlande serait totalement inadmissible face à la brutalité de la méthode et au mépris affiché pour le droit international et les droits des populations locales. La communauté internationale et les mécanismes de l'ASEAN se doivent de réagir fermement à cet incident grave pour prévenir toute escalade et obtenir justice pour les familles de Prey Chan. Le silence serait complice de cette injustice.
Le coût humain : une souffrance indélébile
Au-delà des considérations géopolitiques, ce sont des vies humaines qui sont brisées. Les six familles de Prey Chan ont perdu bien plus que des murs : elles ont perdu leur foyer, leur sécurité, leurs récoltes, leur bétail pour certains, et la certitude de vivre en paix sur leur terre. Les enfants sont traumatisés, les adultes plongés dans un avenir incertain.
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