C’est une activité aujourd’hui soutenue par le gouvernement, mais les conducteurs de cyclo-pousse font, au même titre que ceux des tuktuks traditionnels, partie de ceux qui souffrent du manque de touristes étrangers.
Nostalgie du cyclo-pousse
On les aperçoit de moins en moins dans les rues bruyantes et enfumées de la capitale Phnom Penh. Ils étaient pourtant quelques milliers durant la période du protectorat, ils ne sont à peine que quelques centaines aujourd’hui.
Les cyclo-pousses ont longtemps fait partie du paysage de cette Indochine durant laquelle certains se disent qu’il faisait peut-être bon vivre. Si le conducteur de cyclo-pousse a pu survivre depuis, c’est en partie grâce à son côté nostalgique et exotique qui a longtemps beaucoup plu au touriste, et aussi en raison du peu de véhicules motorisés circulant dans la capitale jusqu’à la fin des années 1990.
Le cyclo-pousse ne sert pratiquement plus du tout de moyen de locomotion au sens strict du terme, ou, alors peut-être, pour quelques déplacements de proximité dans les rares quartiers où la circulation reste praticable pour ces véhicules qui sont, quelque part, d’une autre époque.
Déclin
On ne peut rester qu’admiratif devant ces véritables athlètes dont certains ont largement dépassé la soixantaine. Ils pédalent inlassablement sur les grands boulevards qui leur sont autorisés, à la recherche d’un client, de quelques marchandises à transporter. La chaleur étouffante parfois ne leur fait pas peur et pour certains d’entre eux, leur énergie semble hors du temps, presque surnaturelle. On en aperçoit même certains fumant une cigarette alors qu’ils pédalent…
Chamroun dont le prénom, ironie, se traduit par « celui qui attend », raconte :
« Je travaille toute la journée, et je fais rarement plus de 3 ou 4 trajets les très bons jours. Des petits trajets avec des habitués, ce qui me permet de gagner de quoi acheter à manger »
Il fait ce métier depuis tout jeune et raconte qu’il gagnait bien sa vie auparavant. Si l’absence de touristes en ce moment le prive probablement de quelques courses supplémentaires, c’est surtout l’encombrement de la capitale qui a provoqué le ralentissement de son activité au fil des années.
Car c’est cela qui a entraîné le déclin de l’activité : la motorisation à outrance et la circulation intense qui fait vite oublier le charme du cyclo-pousse à beaucoup de citadins cambodgiens.
Aide
Un mémorandum d’entente sur la coopération pour la sauvegarde du cyclo-pousse a été signé en mai 2013 par l’Association de la préservation du cyclo-pousse et trois associations touristiques sous la bienveillance de Son Excellence Dr Thong Khon, ministre du Tourisme. « Il contribuera aussi à promouvoir le mouvement “des villes propres et de l’environnement…”, avait-il déclaré, ajoutant que le ministère encourageait le secteur privé à participer aux efforts afin, d’une part, de protéger la capitale de l’air pollué et d’autre part, de préserver ce moyen de transport traditionnel au Cambodge qui existe depuis les années 30.
S’ils circulent toujours aujourd’hui, il semble que ce soit effectivement en quasi-exclusivité pour des circuits touristiques organisés.
Fondation
Une fondation de cyclo-pousse, initiée par le Premier ministre Hun Sen, a été lancée en janvier 2018. Les conducteurs de cyclo bénéficient depuis de soins médicaux gratuits dispensés dans les hôpitaux publics ainsi qu’un soutien financier pour leurs besoins quotidiens et l’entretien du cyclo.
Depuis 2018, le chef du gouvernement royal, aussi président d’honneur de la Fondation, organise chaque année une rencontre avec les conducteurs de cyclo de tout le pays. Rencontre qui n'a pas eu lieu depuis deux ans en raison de la pandémie.
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