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Cambodge & Restauration et hôtellerie : Devenir un employeur de première classe

L’hôtel Olympia City (DARA) accueillait mercredi une conférence-débat, organisée par la Cambodia Restaurant Association, sur le thème des ressources humaines dans la restauration et l’hôtellerie au Cambodge et comment devenir un « top » employeur. Un événement riche en enseignements qui a permis aux participants de se faire une idée bien plus précise de l’état du secteur, des difficultés et challenges alors que l’activité connait un redémarrage prometteur.

Settha Yok, DRH de Thalias Hospitality et Thai Chharat, professeur au « National polytech institute of Cambodia »
Settha Yok, DRH de Thalias Hospitality et Thai Chharat, professeur au « National polytech institute of Cambodia »

S.E. Chhay Khunlong, Directeur de la première école professionnelle du tourisme du Cambodge - Vocational School for Tourism - un établissement dont la première pierre a été posée en novembre dernier et qui devrait ouvrir ses portes à Phnom Penh pour l'année scolaire 2024-2025 en accueillant 600 étudiants, a pris la parole en premier pour présenter ce projet professionnel financé par l'Agence française de développement.

Selon M. Khunlong, « la construction de cette première école professionnelle spécialisée sur les métiers du tourisme revêt une grande importance dans la formation des ressources humaines et jouera un rôle essentiel dans le développement des compétences pour dynamiser ce secteur au Cambodge ».
S.E. Chhay Khunlong, Directeur de la première école professionnelle du tourisme du Cambodge - Vocational School for Tourism -
S.E. Chhay Khunlong, Directeur de la première école professionnelle du tourisme du Cambodge - Vocational School for Tourism -

L’école de la capitale sera composée de deux bâtiments de deux et quatre étages, avec des installations spéciales de formation au tourisme et tout l’équipement nécessaire à un établissement d’enseignement moderne. Elle proposera quatre formations professionnelles d’un à deux ans dans le domaine du tourisme : services hôteliers et d’hébergement, services de restauration, services de voyage et services touristiques. Selon M. Khunlong, une seconde école du même type devrait être construite dans la province de Preah Sihanouk.

Parmi les difficultés liées au redémarrage du secteur, Son Excellence a souligné que le secteur se trouvait confronté à une sérieuse pénurie de main d’œuvre en raison de la précédente crise sanitaire qui a vu bon nombre de travailleurs qualifiés du secteur abandonner leur emploi pour se tourner vers d’autres alternatives.

« Malgré les efforts et incitations du gouvernement du secteur, beaucoup d’entreprises ont fermé, certains travailleurs ont perdu ou quitté leur emploi et, même s’ils reviennent, le besoin de formation est toujours d’actualité, il s’agit d’un secteur qui évolue et qui doit prendre soin d’actualiser les compétences de ses employés ».

Ce fut ensuite au tour de Settha Yok, Directeur des Ressources humaines chez Thalias Hospitality de proposer sa vision du d’un employeur « top » dans la restauration et l’hôtellerie. Connu pour sa rigueur et son approche pertinente et pragmatique des difficultés liées à la gestion du personnel au sein d’un groupe qui emploie plusieurs centaines de personnes à travers plusieurs enseignes de restaurant et un hôtel, le DRH a énuméré les contraintes auxquelles devait se soumettre l’employeur s’il souhaite développer une culture d’entreprise, fidéliser son personnel et créer une ambiance propice à l’épanouissement et au bien-être des travailleurs tout en leur donnant les clés pour devenir performants.

Settha Yok, Directeur des Ressources Humaines chez Thalias Hospitality
Settha Yok, Directeur des Ressources Humaines chez Thalias Hospitality

Se référant à un rapport du site professionnel Linkedin, M. Yok a rappelé :

« Au sein de l’entreprise dans le secteur du tourisme, les priorités demeurent, du point de vue de l’employeur, un équilibre entre la vie personnelle des travailleurs et leur vie active, s’assurer que ces derniers obtiennent les bénéfices et compensations auxquels ils ont droit, entretenir la culture d’entreprise et une bonne entente entre collègues, assurer un encadrement performant, proposer des objectifs et des challenges et enfin accorder une certaine flexibilité ».

Ces priorités sont les mêmes du point de vue employé, mais ces derniers privilégient d’abord la flexibilité, les challenges et la bonne entente dans l’entreprise. M. Yok a également souligné l’impact de la crise sanitaire liée au Covid qui a vu les employés se soucier bien plus de la flexibilité (+12,3 %), de l’environnement de travail (+7,3 %) et de pouvoir bénéficier d’un équilibre entre vie privée et occupation professionnelle (+6,3 %).

Settha Yok, Directeur des Ressources Humaines chez Thalias Hospitality
Settha Yok, Directeur des Ressources Humaines chez Thalias Hospitality

Ensuite, le DRH de Thalias a rappelé que l’épanouissement des employés et les performances de l’entreprise se trouvaient étroitement liés et qu’il s’avérait indispensable pour l’employeur de suivre une politique de salaire rigoureuse et en phase avec les dispositions légales et/ou communes concernant le secteur, à savoir : les indemnités d’ancienneté, celles concernant les heures supplémentaires, le travail les jours fériés et les indemnités pour le travail de nuit.

Selon M Yok, l’employeur doit également considérer les évolutions de salaire et les primes, les possibilités de carrière, la fourniture d’une assurance, d’uniformes, d’équipement de qualité et même se soucier des loisirs de l’employé.

Enfin, ce dernier a insisté sur la nécessité de respecter la législation concernant la sécurité de l'employé et les divers programmes de santé, sécurité et retraite proposés par le NSSF, en insistant également sur le rôle essentiel de la culture d'entreprise, « toute aussi importante que les aspects techniques concernant le contrat de travail ».

Ce fut ensuite au tour de Julie Thai, consultante pour le compte de B.Consulting, une société spécialisée dans le conseil aux entreprises du secteur touristique, hôtels et restaurants, de livrer quelques chiffres, impressions et points de vue sur la situation actuelle.

Julie Thai, consultante pour le compte de B.Consulting
Julie Thai, consultante pour le compte de B.Consulting

Après une courte présentation de son activité, Mme Thai a dévoilé les résultats d’une enquête locale qu’elle a effectuée auprès des professionnels du secteur et mettant en exergue les disparités existant entre les rémunérations des cadres, dirigeants et employés.

Si les comparaisons effectuées au niveau global (toutes tailles d’entreprises confondues) donnent, logiquement, d’énormes disparités - le salaire d’un responsable d’opérations varie de 180 dollars mensuels à 15 000 - les chiffres ramenés par taille d’entreprise laissent apparaître également un réel fossé entre les rémunérations. Par exemple, pour un « manager » d’une entreprise de moins de 50 employés, le salaire varie de 500 à 2 500 dollars mensuels, soit cinq fois plus.

À partir de ces observations, Mme Thai soulignait : « les rémunérations minimales de base sont très basses, certaines d’entre elles sont même inférieures au salaire minimum désormais fixé à 200 $ ». À noter que le salaire minimum légal n’existe techniquement que pour le secteur du textile et que le chiffre mensuel cité par Mme Thai constitue une référence, « en rapport avec le secteur de l’habillement au sein duquel d’énormes efforts ont été accomplis pour définir un cadre pertinent et précis en termes de politique salariale », précisait-elle, ajoutant :

« Les salaires moyens pour les serveurs/serveuses, commis, barista et barmen sont faibles si on les compare aux compétences requises et aux horaires de travail. L’écart entre le salaire minimum et maximum pour un poste similaire montre que le secteur manque de normalisation en termes de compétences professionnelles et de classification des types de restaurants ».

Enfin, Mme Thai soulignera que ce manque d'harmonisation et ces disparités au niveau des salaires risquaient de « livrer une perception générale négative de l'hôtellerie et de la restauration, un secteur proposant des emplois difficiles et exigeants avec de faibles salaires ». Problèmes de recrutement et de fidélisation et difficultés éventuelles pour inscrire les étudiants dans les écoles hôtelières font également partie des risques énumérés par Mme Thai.

Autre préoccupation, la recherche de talents. En effet, la consultante faisait part aussi de la concurrence d'autres secteurs que l’hôtellerie et la restauration tels banques et entreprises de services, qui sont aussi à la recherche de personnel qualifié : « les entreprises touristiques forment leurs employés à l'accueil, au service clients et ce sont des compétences très recherchées par d'autres prestataires, il y a un besoin de fidéliser les employés du secteur de la restauration et de l’hôtellerie, ne pas seulement les former mais aussi leur donner envie de rester dans ce secteur », concluait-elle.

Après les présentations de Thai Chharat, professeur au « National polytech institute of Cambodia » et de Mme Pat Dani, DRH chez DARA hotels, qui ont chacun présenté leur activité et fait part des challenges auxquels ils étaient confronté, assez proches de ceux qui s'étaient auparavant succédés au micro, les cinq intervenants ont ensuite proposé une session questions-réponses avec l'auditoire. Une cinquantaine de professionnels apparemment ravis d'avoir pu écouter plusieurs avis d'experts durant cette conférence.


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