Cambodge : Neuf ans de patrimoine vivant – Le ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng), une voix qui traverse les âges
- La Rédaction

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La musique du ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng) continue de vibrer avec force, neuf années après que cet art unique a été reconnu sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Ce long luth à deux cordes, chargé d'histoire et d'émotions, incarne la sagesse populaire et la richesse culturelle d'un Cambodge résilient.

Un trésor sonore chargé d’histoires
Plus qu’un simple instrument, le ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng) est le témoin vivant d’une tradition orale nourrie par les pierres des pagodes et la vie quotidienne des villages. Il raconte les aventures des anciens à travers des mélodies claires et des récits improvisés où satire et philosophie se mêlent avec grâce.
Lorsque les maîtres du ចាប៉ី (Chapei), comme l’emblématique Kong Nay, prennent la scène, ils ne se contentent pas de jouer de la musique ; ils dialoguent avec le présent, ils éveillent les consciences. Kong Nay aimait dire : « ចាប៉ីគឺជាចេតនារបស់ប្រជាជនដែលសរសេរជាមួយតន្ត្រី » — « Le ចាប៉ី, c’est la conscience du peuple mise en musique ».
De la fragilité à la renaissance
En 2016, inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité, le ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng) a trouvé un souffle nouveau. Le danger d’oubli planait, les voix et les savoir-faire se perdaient. Grâce à cet honneur international, la flamme a pu être ravivée.
Le ministère de la Culture, avec l’aide d’ONG telles que Cambodian Living Arts, a lancé des initiatives pour transmettre ce trésor aux jeunes générations, notamment dans les provinces comme Kampong Thom, Siem Reap, et Takeo. Aujourd’hui, des enfants apprennent à mêler modernité et tradition, et les airs du ចាប៉ី (Chapei) résonnent parfois en harmonie avec la guitare ou les percussions modernes.
Un art qui s’adapte et séduit
Après presque une décennie, le ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng) ne se cantonne plus aux temples ou aux villages. Il investit les lieux culturels de Phnom Penh, les festivals, les scènes internationales. Sa musique dialoguent désormais avec le jazz, le hip-hop, ou l’électro, offrant un pont entre le passé et l’époque actuelle.
Un artiste contemporain résume bien cette double essence : « ចាប់៉ីគឺជាចំណុចប្រទាក់រវាងបុរណភាពនិងសម័យថ្មី » — « Le ចាប៉ី est un lieu de rencontre entre l’ancien et le nouveau ».
Un miroir de l’âme cambodgienne
Ce succès ne tient pas seulement à la musicalité mais à la capacité du ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng) à exprimer l’identité khmère dans sa complexité. C’est un art de la parole, enraciné dans la spiritualité, mais tourné vers demain. Par lui, se transmet une philosophie où savoir et paix sont indissociables.
Les campagnes vibrent encore au son du ចាប៉ី lors des fêtes bouddhiques et rassemblements familiaux. À Phnom Penh, il accompagne des lectures ou des documentaires. Pour de nombreux Cambodgiens, cet art est une médecine culturelle après les blessures du កម្ពុជាដែលបានបំផ្លាញខ្លួន (Kampuchéa Démocratique), rappelant que la culture est aussi un acte de reconstruction.
Célébrer, transmettre, et réimaginer
Pour commémorer ces neuf années de reconnaissance, un riche programme d’événements se déploie : expositions, concerts, ateliers d’initiation. Les maîtres et leurs protégés partagent leur passion, illustrant la vitalité d’un patrimoine en perpétuelle évolution.
Au cœur de cette musique envoûtante, une évidence : un peuple qui chante sa mémoire n’abandonne jamais son essence. Le ចាប៉ីដងវែង (Chapei Dang Veng) reste l’un des joyaux les plus précieux du patrimoine vivant khmer, une langue universelle qui raconte au monde l’histoire d’un Cambodge fier, debout et plein d’espoir.







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