Les filles de l’ONG Cambodia Children’s Fund (CCF) contribuent à la protection des enfants vulnérables et acquièrent par la même occasion une expérience professionnelle.
À l’âge de 10 ans, Kunthea travaillait sur une décharge au Cambodge et mangeait de la nourriture avariée provenant des ordures pour survivre. Aujourd’hui, à 26 ans, elle est diplômée en droit et étudie en vue d’obtenir une maîtrise qui lui permettra de réaliser son rêve : devenir avocate.
Elle est également l’une des trois filles du CCF qui aident à protéger les enfants vulnérables du Cambodge en travaillant avec l’Unité de Protection de l’Enfance - Children Protection Unit (CPU), une initiative mise en place pour enquêter sur tous les cas de maltraitance d’enfants avec la police locale et apporter un soutien aux victimes et à leurs familles.
Toutes combinent leur emploi au sein du CPU avec des études universitaires et sont fières d’apporter leur contribution.
Kunthea raconte :
« Au début, nous nous mangions de la nourriture trouvée dans les poubelles. »
Kunthea a commencé à travailler pour le CPU en tant que stagiaire avant d’occuper un poste de parajuriste grâce à son diplôme de droit, guidant les enfants victimes et leurs familles tout au long de la procédure judiciaire et les accompagnant au tribunal.
Elle travaille aujourd’hui à plein temps avec l’équipe du CPU chargée de la lutte contre la criminalité sur Internet à l’encontre des enfants (ICAC), qui tente de contrer la nouvelle menace que représente la maltraitance des enfants en ligne au Cambodge et dans la région. Le soir, elle suit les cours de sa maîtrise en droit des affaires et droit international.
C’est un revirement incroyable pour cette jeune fille qui, à l’âge de 10 ans, passait ses journées à travailler dans la tristement célèbre décharge de Steung Meanchey à Phnom Penh, essayant désespérément de gagner de l’argent pour acheter de quoi mager. La famille de Kunthea avait quitté la province pour s’installer en ville et s’était retrouvée directement dans la pauvreté.
« Mes parents n’avaient pas de travail et nous n’avions rien à manger, alors moi, ma sœur et mon frère avons décidé d’aller à la décharge pour gagner de l’argent. Nous y avons travaillé seuls en ramassant des boîtes de conserve et des déchets pour les vendre », explique-t-elle.
« Nous travaillions du matin au soir, une journée entière. C’était vraiment dégoûtant sur la décharge, mais je n’avais pas le choix, car nous étions affamés. Nous mangions fréquemment la nourriture que nous trouvions dans les poubelles ».
C’est là qu’elle a été trouvée par Scott Neeson, fondateur du CCF. Scott m’a posé une question : « Est-ce que tu veux aller à l’école ? Et j’ai répondu oui sans hésiter. Ma vie a alors complètement changé lorsque j’ai rejoint le CCF », raconte Kunthea.
La première fois que Kunthea est allée à l’école, c’est lorsqu’elle est entrée dans une salle de classe du CCF.
« Je ne voulais plus jamais travailler sur la décharge, alors j’ai travaillé très dur. J’ai eu de bonnes notes et j’ai gagné le prix de l’élève la plus brillante de la classe », poursuit-elle.
En 2019, elle a obtenu un diplôme de droit à l’université et a récemment entrepris un master. Son travail au sein du CPU lui permet de relever de nouveaux défis et d’acquérir des compétences. Elle a été formée à la recherche d’activités suspectes sur internet, assiste à des conférences et représente le CPU lors de réunions.
En outre, elle s’occupe de sa jeune nièce âgée de 6 ans, assumant le rôle de mère après la séparation des parents. Jeune femme remarquable, elle est une source d’inspiration pour les étudiants actuels du CCF, qui savent que « les débuts n’ont pas besoin de définir notre avenir ».
« Je rêve d’être avocate depuis mon plus jeune âge et j’ai toujours cette ambition », déclare Kunthea, ajoutant :
« Si je devenais avocate, je pourrais représenter tous ces enfants qui ont été meurtris. »
Au CCF, elle était amie avec une autre Kunthea, qui a rejoint l'ONG à l’âge de cinq ans. Elle travaille également pour le CPU, où elle aide à communiquer et faire connaître le travail de l’organisation grâce à la puissance des médias sociaux. Elle utilise les compétences qu’elle acquiert dans le cadre de son diplôme en médias et communication et acquiert ainsi une expérience précieuse sur le lieu de travail.
« J’aime travailler avec le CPU, lire les rapports sur les enquêtes et les affaires qui ont été résolues », explique Kunthea, 20 ans.
Kunthea est en troisième année de licence grâce à une bourse de l’Université Royale de Phnom Penh. Sa sœur aînée, Sokkhum, 22 ans, suit le même cursus dans la même université. Kunthea assiste aux cours de l’après-midi et Sokkhum, qui travaille pour le CCF, étudie le soir. Les sœurs vivent ensemble dans le village « Girls to Grannies » du CCF et bénéficient d’une aide à la vie quotidienne.
Sreyneang, 23 ans, travaille d’arrache-pied sur un ordinateur. Elle est chargée de la base de données de l’unité, où elle télécharge et rassemble les informations relatives aux cas. C’est son premier emploi.
« Lorsque j’ai commencé à lire les dossiers, j’ai été bouleversée par les choses terribles que les enfants avaient vécues. J’ai l’impression aujourd'hui de les aider », dit-elle.
Le CCF finance ses quatre années d’études en gestion à l’aide d’une bourse. Elle suit des cours du soir après son travail au CPU. Toutes les trois sont des filles exceptionnelles à leur manière et des exemples brillants de ce que l’on peut accomplir si l’on en a la possibilité.
Kate Ginn avec l’aimable autorisation du Cambodia Children’s Fund
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