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Cambodge & France : Mémoires de soie, un voyage entre Orient et Occident au cœur de Paris

Sous les voûtes feutrées de la Galerie du Crous, à deux pas de Saint-Germain-des-Prés, la Galerie OIA dévoile du 9 au 14 septembre 2025 une exposition qui se lit comme un poème visuel : « Mémoires de Soie ». Inscrite dans le cadre du prestigieux Parcours des Mondes, cette présentation réunit des artistes venus d’Asie et d’Occident autour d’un dialogue subtil entre tradition, mémoire et contemporanéité.

“Ephémère“ (Epiphyllum Oxypetallum) par Su Mei Yu. Encre d’acrylique et encre de chine sur papier de riz, marouflé sur rouleau de tissus. Sceau à l’encre rouge, gravé en creux
“Ephémère“ (Epiphyllum Oxypetallum) par Su Mei Yu. Encre d’acrylique et encre de chine sur papier de riz, marouflé sur rouleau de tissus. Sceau à l’encre rouge, gravé en creux

La soie y devient page et matière, souffle et mémoire, reliée aux anciennes pratiques rituelles autant qu’à l’innovation plastique. Le papier doré, miroir fragile du sacré, s’y déploie dans ses reflets changeants. L’aquarelle, quant à elle, apporte la légèreté d’un souffle, une respiration entre passé et présent. Ensemble, ces matières esquissent un chemin méditatif où chaque fragment semble suspendu entre histoire et création vivante.

Entre héritage asiatique et langage contemporain

L’exposition réunit des univers singuliers : Su Mei-Yu (Taïwan), dont les rouleaux de papier de riz transfigurent le végétal en visions éphémères ; Kim-Leng Ung (Cambodge), dont l’écriture intime de la couleur rend compte de la mémoire et de l’exil ; Tây Nguyen (Vietnam), héritier d’une culture vibrante qui irrigue son geste pictural ; ou encore Christine Boumeester, figure majeure de l’art moderne liant les influences néerlandaises, françaises et indonésiennes.

À leurs côtés, une nouvelle génération d’artistes cambodgiens inscrit l’exposition dans le présent : Heng Ravuth, Theanly Chov, Emmanuelle Nhean, Karona Hoeuy ou encore Luna Kol, qui offrent chacun une voix propre, entre figuration et abstraction, entre mémoire intime et regard sur le monde contemporain.

La soie comme mémoire sensible

Le parcours invite à une expérience immersive, où se côtoient rouleaux suspendus, dessins minutieux aux crayons de couleur, céramiques et sculptures anciennes. L’une d’elles attire particulièrement le regard : une divinité masculine en grès du IXᵉ siècle, témoin d’un passé lointain où spiritualité, pouvoir et art étaient indissociables. La mise en résonance de ces œuvres n’est pas fortuite : il ne s’agit pas d’une juxtaposition, mais d’une véritable conversation entre les époques et les traditions.

Chaque pièce devient une empreinte de mémoire, convoquant à la fois l’intensité de l’instant et la durée d’une transmission séculaire. La soie, tissu précieux mais fragile, métaphore de la vie elle-même, s’y fait support et symbole, lieu de passage entre Orient et Occident, entre artisanat et art contemporain.

Un vernissage comme rituel de partage

Le 9 septembre au soir, l’exposition s’ouvrira dans une atmosphère conviviale, jusqu’à 21 heures, pour un premier moment de rencontre entre artistes, collectionneurs et visiteurs. Ce n’est pas seulement une exposition, mais une traversée : celle d’une mémoire textile et sensible, où le geste artistique devient respiration, et où l’ombre du passé nourrit la lumière du présent.

En couverture, « Éphémère », œuvre de Su Mei-Yu, donne le ton : une fleur de nuit, peinte à l’encre et à l’acrylique sur papier de riz, marouflée sur soie, scellée d’un sceau rouge. Comme une apparition furtive, elle rappelle que toute beauté est passagère, mais que l’art, lui, garde la trace de ce dialogue évanescent.

« Mémoires de Soie » transforme ainsi la Galerie du Crous en un sanctuaire éphémère, où l’on vient non seulement admirer, mais aussi méditer. Face à ces œuvres fragiles et puissantes, entre or et transparence, souffle aquarellé et pierre millénaire, le visiteur se fait témoin d’un voyage immobile, une traversée intime de l’Asie vers l’Europe, de l’histoire vers l’aujourd’hui.

Un fil de soie, tendu entre passé et avenir, sert ici de trame : fragile mais incassable, délicat mais porteur de mémoire.

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