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Cambodge & Dossier : Prévenir, combattre et réprimer le trafic humain et le travail forcé

Le Royaume du Cambodge et les États-Unis se réjouissent de leur coopération fructueuse dans la lutte contre la traite des êtres humains.

l’ambassadeur américain Patrick Murphy a réaffirmé l’engagement des États-Unis
L’ambassadeur américain Patrick Murphy a réaffirmé l’engagement des États-Unis. Photo USAID

Lors d’une rencontre hier avec le ministre de l’Intérieur, Samdech Kralahom Sar Kheng, l’ambassadeur américain Patrick Murphy a réaffirmé l’engagement des États-Unis à travailler avec les autorités cambodgiennes pour lutter contre la traite des êtres humains qui « affecte des personnes dans tous les pays du monde, et nécessite des efforts accrus au Cambodge pour poursuivre les trafiquants, protéger les victimes et prévenir les crimes ».

Dans un rapport établi par l’ambassade des États-Unis mi-2020, un certain nombre de carences et de propositions avaient été soulevées afin de permettre de combattre ce fléau. Si les difficultés de transport et de communication ont rendu difficile la tâche des trafiquants, le problème subsiste. Mais les efforts du gouvernement cambodgien appuyé par plusieurs experts et ONG permettent de mieux appréhender et combattre le trafic humain.

Difficultés

Selon les auteurs du document « Rapport 2020 sur la traite des personnes : Cambodge », le gouvernement cambodgien ne satisfait pas encore pleinement aux exigences minimales pour l’élimination de la traite, mais déploie des efforts considérables dans ce sens.

Ces efforts comprennent la poursuite et la condamnation des trafiquants, l’établissement d’un nouveau plan d’action quinquennal pour lutter contre la traite, ainsi que le développement et l’utilisation de nouvelles technologies d’identification des victimes et de collecte de données.

Les autorités auraient toutefois des difficultés pour collecter ou partager des informations clés sur les efforts de répression.

La corruption a continué d’entraver les opérations de maintien de l’ordre, les procédures pénales et la fourniture de services aux victimes. Les difficultés pour établir et mettre en œuvre des systèmes de contrôle judiciaire adéquats ont permis à de nombreux trafiquants présumés de prendre la fuite avant leur procès, ce qui s’est traduit par un pourcentage élevé de condamnations par contumace. Les autorités n’ont pas non plus publié de directives officielles autorisant l’utilisation de techniques d’enquête sous couverture dans les opérations de lutte contre la traite des êtres humains. Le Cambodge est donc resté sur la liste de surveillance de niveau 2 pour la deuxième année consécutive.

Poursuite des criminels

Le gouvernement a maintenu des efforts encore perfectibles en matière de répression. La loi de 2008 sur la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales a érigé en infraction la traite sexuelle et le trafic de main-d’œuvre et prescrit des peines de sept à 15 ans d’emprisonnement pour les infractions impliquant une victime adulte et de 15 à 20 ans d’emprisonnement pour celles impliquant une victime mineure ; ces peines sont suffisamment sévères et, en ce qui concerne la traite sexuelle, elles sont comparables à celles prescrites pour d’autres crimes graves, comme le viol. La police chargée de la lutte contre la traite des êtres humains (AHTJP) a tenté de suivre et d’enregistrer des informations sur les cas sur lesquels elle a enquêté, mais le gouvernement n’a pas recueilli de données suffisamment complètes sur les efforts globaux d’application de la loi, en particulier au sein des tribunaux provinciaux. Lorsque des données étaient disponibles, certains organes gouvernementaux étaient apparemment réticents à les partager en interne.

Les autorités ont inclus des cas de maternité de substitution, de viol et d’autres crimes ne correspondant pas à la définition standard de la traite dans les données qu’elles ont communiquées sur l’application de la loi ; le nombre réel d’arrestations, d’enquêtes, de poursuites ou de condamnations liées à la traite est donc probablement sensiblement inférieur à celui qui a été communiqué.

Raid policier dans une maison close. Photo ILO
Raid policier dans une maison close. Photo ILO

Statistiques

Selon les données gouvernementales de 2019 publiées l’année suivante, les autorités ont arrêté 26 ressortissants cambodgiens et étrangers dans le cadre de 21 affaires de « traite humaine non sexuelle » (150 dans le cadre de 39 affaires en 2018) et de 14 affaires de traite sexuelle impliquant 27 suspects (39 affaires impliquant 21 suspects en 2018). Les juges d’instruction auraient traité 207 affaires impliquant un nombre inconnu de suspects, envoyant 63 en procès et poursuivant le travail sur les 144 autres à la fin de la période considérée. Les autorités ont déclaré que les procureurs ont traité 199 affaires, dont ils ont renvoyé 134 pour une enquête formelle, et ont continué à traiter les 65 autres à la fin de la période de référence (421 affaires au total en 2018). Comme pour les poursuites judiciaires, les statistiques sur les condamnations sont limitées en raison de l’insuffisance des méthodes de collecte de données.

Le Comité national de lutte contre la traite des êtres humains (NCCT) rapporte que le tribunal municipal de Phnom Penh a traité 166 affaires, dont 63 ont été clôturées avec la condamnation de 140 personnes (125 en 2018) ; 103 affaires étaient en cours de traitement à la fin de la période de référence.

Là aussi, les autorités n’ont pas suffisamment fourni de données sur les condamnations, mais les tribunaux auraient continué à condamner des suspects pour des charges moindres et à conclure des affaires de traite sexuelle par des règlements amiables au lieu de peines de prison. Les victimes dont les familles ont reçu des compensations de la part des trafiquants se sont souvent retirées des procès ou ont modifié leurs témoignages, ce qui complique encore les poursuites judiciaires.

Formation et difficultés de contrôle

En collaboration avec une ONG, la police de Preah Sihanouk chargée de la lutte contre la traite des êtres humains a formé plus de 1 100 contrôleurs non professionnels dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la vente au détail, afin qu’ils puissent détecter et signaler les incidents liés à la traite des êtres humains ; toutefois, les autorités n’ont pas déclaré avoir identifié ou ouvert des enquêtes sur des cas de traite grâce à cet effort.

Dans l’ensemble du pays, les autorités chargées de l’application de la loi n’ont souvent pas pris les mesures appropriées contre les trafiquants présumés ou condamnés. La police judiciaire ne dispose pas des ressources nécessaires pour surveiller le nombre croissant de prévenus libérés sous « contrôle judiciaire » dans l’attente de leur procès, ce qui permet à nombre d’entre eux de fuir avant la date de leur procès. Aussi, les autorités délivrent rarement des mandats d’arrêt pour les prévenus en fuite, à moins que des ONG ne soient disponibles pour les aider à les suivre et à les appréhender. Pour compliquer encore la situation, le code de procédure pénale cambodgien ne comporte pas de lignes directrices, de dispositions relatives au suivi ou de dispositions définissant les obligations spécifiques des forces de l’ordre en matière de contrôle judiciaire.

Migrants cambodgiens franchissant la frontière thaïlandaise. Photo ILO
Migrants cambodgiens franchissant la frontière thaïlandaise. Photo ILO

Les autorités ont continué à dispenser des formations conçues et financées par les donateurs sur l’application des lois contre la traite des êtres humains à la police, aux procureurs, aux juges et à d’autres fonctionnaires. Au cours de la période considérée, le NCCT a dispensé 113 formations à 3 712 agents des forces de l’ordre sur les lois anti-traite, les techniques d’enquête et la collecte de preuves (234 formations à 6 321 agents en 2018) ; pour la troisième année, il n’a pas indiqué combien de fonctionnaires communaux et provinciaux, de personnel judiciaire et de travailleurs d’ONG ont participé à ces sessions (7 689 en 2016). Malgré ces sessions de formation, de nombreux policiers — en particulier dans les zones rurales — ne savaient pas encore comment mener des actions de lutte contre la traite, car la plupart n’ont pas reçu de formation sur les techniques de base de l’application de la loi.

« Les organisations locales et certains fonctionnaires soulignent le besoin urgent de techniques de collecte de preuves plus sophistiquées, y compris des enquêtes sous couverture, afin de réduire la dépendance vis-à-vis des témoignages et d’améliorer les efforts de détection et de lutte contre la traite sexuelle »

Le gouvernement a approuvé le pouvoir d’enquête sous couverture pour les enquêtes sur les affaires de stupéfiants et les allégations de corruption. Cependant, il n’a pas accordé ce pouvoir aux unités de police chargées de la lutte contre la traite des êtres humains, sauf dans de rares cas où cela était demandé pour des raids sur le tourisme sexuel impliquant des enfants, menés aux côtés d’organismes étrangers chargés de faire respecter la loi. Ce manque limite considérablement la capacité des agents chargés de l’application de la loi à s’attaquer à la nature de plus en plus clandestine des opérations de trafic sexuel au Cambodge ; en conséquence, les enquêtes de police se sont limitées à des manifestations plus claires du crime, notamment les établissements de sexe sur place et les cas dans lesquels les victimes étaient disposées à se dénoncer et à témoigner.

La police nationale cambodgienne a enclenché un mécanisme permettant aux travailleurs des ONG de signaler les incidents de corruption au sein de la police anti-trafic, mais elle n’a reçu aucune plainte au cours de la période considérée. Une ONG note que les raids des forces de l’ordre contre les établissements de trafic sexuel étaient parfois infructueux en raison des avertissements préalables quelques policiers de terrain. Cependant, certains chefs de la police provinciale ont continué à minimiser ces fuites en confiant des affaires à l’AHTJP, qui effectue des raids indépendants sans en avertir les autorités locales jusqu’à quelques instants avant le début des opérations.

Protection des victimes

Les efforts d’identification et de rapatriement des victimes sont restés disparates et encore perfectibles au sein des forces de l’ordre.

En procédant à des arrestations au cours des neuf premiers mois de 2019, la police a déclaré avoir identifié au moins 66 victimes de « traite non sexuelle », dont 20 mineurs, et au moins 76 victimes de traite sexuelle, dont 26 mineurs (non signalées en 2018). Comme pour toutes les statistiques des forces de l’ordre, ces chiffres incluent probablement des victimes de crimes qui ne répondent pas aux définitions standard de la traite sexuelle ou du travail forcé.

Victime du trafic sexuel. Photo C.Gargiulo
Victime du trafic sexuel. Photo C.Gargiulo

Avec l’aide d’une organisation internationale, le gouvernement a continué à gérer deux centres de transit dans la ville frontalière de Poipet, où il a recherché des victimes de traite parmi les 11 806 migrants expulsés de Thaïlande en 2019 (70 225 en 2018). Les autorités ont déclaré avoir traité 262 affaires de victimes cambodgiennes de la traite revenant de l’étranger — 15 hommes, 209 femmes et 38 enfants — ainsi que 28 « autres migrants vulnérables » au centre de Poipet, à l’aéroport de Phnom Penh et au poste de contrôle frontalier de Bavet. Le total comprenait 150 victimes de travail forcé et 112 personnes susceptibles d’avoir été victimes de traite sexuelle et/ou de travail forcé en relation avec un mariage forcé ou frauduleux. Au cours de la période considérée, le NCCT a tenté d’améliorer les procédures d’identification des victimes et la collecte des données par la production et le lancement d’un manuel d’identification des victimes et d’un outil de dépistage basé sur une application sur tablette, à utiliser au centre de transit de Poipet.

Refuge

Le gouvernement a mis en place un refuge temporaire à Phnom Penh pour les femmes victimes de la traite et d’autres crimes, et a orienté les victimes de la traite vers des refuges d’ONG financés par des donateurs — la plupart d’entre eux accueillant des victimes de plusieurs formes d’abus — pour qu’elles reçoivent une assistance supplémentaire. Le ministère applique des directives décrivant les normes minimales de prise en charge résidentielle des victimes de la traite et continue de les diffuser auprès des refuges d’ONG. Le gouvernement continue à s’appuyer fortement sur les ONG pour protéger les victimes de la traite.

« Certaines ONG de lutte contre la traite des êtres humains ont constaté une amélioration de la coopération avec les autorités, notamment par la réception d’un soutien logistique, mais les restrictions ont entravé les opérations des principales ONG de lutte contre la traite des êtres humains au cours de la période considérée »

Malgré la prédominance des victimes masculines de la traite des êtres humains, l’assistance à cette population est restée limitée. Bien que les autorités aient apparemment accordé une plus grande attention à l’industrie de la pêche au cours de la période considérée, les ONG prestataires de services ont constaté un manque criant de services de réintégration et la stigmatisation culturelle entourant l’expérience du travail forcé en mer a catalysé la reprise de la traite parmi les pêcheurs qui rentrent chez eux après avoir échappé aux abus.

Abus à l’étranger

Les missions diplomatiques cambodgiennes à l’étranger manquent de fonds et de capacités pour fournir une assistance de base ou rapatrier les victimes, malgré les mesures prises par le gouvernement au cours des années précédentes pour former les diplomates à la protection des travailleurs migrants. Les victimes identifiées dans des pays sans représentation diplomatique cambodgienne ont eu accès à encore moins de soutien.

« Une étude menée par une organisation internationale au cours d’une période de référence précédente a révélé que seuls 21 % des travailleurs migrants ont demandé de l’aide pour des abus subis à l’étranger, notamment le travail forcé »

Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MFAIC), qui est le principal responsable de l’aide aux victimes cambodgiennes de la traite identifiées à l’étranger, a déclaré avoir rapatrié et fourni des services limités à 32 235 Cambodgiens de retour de neuf pays, dont 32 038 de Thaïlande, 77 de Chine, 58 du Vietnam, 49 de Malaisie, cinq de Singapour, trois d’Arabie saoudite, trois d’Indonésie, un du Laos et un du Japon.

Toutefois, comme lors de la période de référence précédente, les autorités n’ont pas précisé quelle part de ces rapatriés était des victimes de la traite (986 en provenance de neuf pays en 2017). Une organisation internationale a aidé à la majorité de ces rapatriements. Les observateurs estiment que ces chiffres ne représentent qu’une petite fraction du nombre de Cambodgiens soumis à la traite à l’étranger, notamment dans le secteur de la pêche.

Le nombre de rapatriés cambodgiens victimes de travail forcé et de traite sexuelle à l’étranger est probablement beaucoup plus élevé que ce qui a été rapporté, en raison de la tendance croissante de ces groupes à revenir par des voies migratoires informelles et de l’insuffisance des procédures d’identification des victimes.

Difficultés de procédure pour les victimes

Il n’existe aucune disposition légale permettant d’offrir un permis de travail, un permis de séjour temporaire ou un autre statut d’immigration aux victimes étrangères souhaitant rester au Cambodge pour participer à des procédures civiles ou pénales. Selon une ONG, certains hommes victimes de travail forcé dans les industries maritimes n’ont pas signalé leur expérience par crainte d’être envoyés dans un centre d’hébergement gouvernemental et de ne pas pouvoir gagner leur vie. Le gouvernement a exigé le rapatriement des victimes étrangères, sauf dans de rares cas, et n’a pas proposé d’alternatives légales à leur renvoi, qu’elles soient ou non confrontées à des difficultés ou à des représailles en cas de retour dans leur pays d’origine.

Il est aussi extrêmement difficile d’obtenir un dédommagement en raison d’une disposition légale retardant le paiement jusqu’à la fin de la peine d’emprisonnement du trafiquant ; les fuites des trafiquants condamnés compliquent encore cet arrangement. Les observateurs notent que le Cambodge ne dispose pas d’une procédure opérationnelle standard pour déterminer comment calculer la restitution ou l’indemnisation. Les victimes ont rarement reçu le montant promis, et de nombreuses familles de victimes se sont arrangées à l’amiable avec les trafiquants ou ont accepté des arrangements pour abandonner les poursuites.

Prévention

Le gouvernement a accru certains efforts de prévention. Un comité interagence et son secrétariat ont coordonné les activités de lutte contre la traite des êtres humains et ont promulgué un plan d’action national 2019-2023 qui a été salué par les partenaires de la société civile.

Le gouvernement a légèrement augmenté son budget de 4,9 milliards de riels (1,21 million de dollars) à environ 5,4 milliards de riels (1,33 million de dollars) pour financer ce comité, mais les observateurs estiment que ce chiffre demeure insuffisant. Les comités provinciaux subsidiaires de lutte contre la traite des êtres humains, qui auraient continué à recevoir des fonds modestes du gouvernement central et l’aide des ONG, doivent coordonner les efforts au niveau local.

Les ONG rapportent que la dépendance ad hoc des comités provinciaux à l’égard des fonds excédentaires insuffisants des Services sociaux généraux — plutôt qu’à l’égard de leurs propres budgets annuels — a compromis la portée et la durabilité de leur travail. Le NCCT a continué à produire un rapport annuel documentant les efforts du gouvernement en matière de lutte contre la traite des êtres humains ; cependant, comme les années précédentes, le rapport n’était pas exhaustif en raison d’une collecte de données insuffisante. Pour la troisième année, le gouvernement a accueilli un forum interconfessionnel sur la lutte contre la traite auquel ont participé de hauts fonctionnaires et des milliers de responsables religieux.

Voies informelles

Le ministère du Travail et de la Formation professionnelle (MOLVT) a maintenu un plan d’action distinct visant à réduire le travail des enfants et la servitude pour dettes dans les secteurs des services, de l’agriculture, des mines et de l’énergie d’ici 2025 par le biais de la sensibilisation, de l’action juridique et de la collaboration avec la société civile, financé en partie par le budget national.

Les coûts élevés, les exigences administratives complexes et les dispositions restrictives inhérentes au processus de migration officiel ont poussé une majorité de travailleurs migrants cambodgiens à emprunter des voies informelles pour travailler à l’étranger. Contrairement à la période de référence précédente, le gouvernement a indiqué qu’il enquêtait sur les recruteurs de main-d’œuvre pour des pratiques illégales susceptibles d’avoir contribué à la traite des êtres humains ou d’y avoir participé. Les fonctionnaires et les ONG ont noté que les inspections insuffisantes des agences de recrutement privées par les fonctionnaires du travail, et la possibilité pour ces agences d’accorder des sous-licences à des courtiers indépendants ont continué à perpétuer l’exploitation généralisée du travail. Ajoutant à la vulnérabilité des canaux de migration populaires, les sous-décrets et les règlements régissant les procédures d’octroi de licences et de contrats des agences de recrutement privées ne comportent pas de dispositions suffisantes en matière de protection des travailleurs migrants ou de droits du travail.

Sécuriser les migrations

Le gouvernement a continué à mener des activités de sensibilisation, notamment par le biais de plus de 80 500 « événements de diffusion » d’informations du CNCT et de près de 80 000 forums publics (33 000 et 25 000 en 2018, respectivement).

« Le Département général de l’immigration a délivré près de 76 000 laissez-passer frontaliers aux Cambodgiens vivant dans les régions frontalières occidentales afin d’inciter à une migration de travail sûre vers la Thaïlande »

Le MOLVT a également déclaré avoir fourni une orientation avant le départ à près de 48 000 Cambodgiens migrants à l’étranger pour travailler (69 000 en 2018). Cependant, de nombreux Cambodgiens ne sauraient pas comment demander des documents de voyage ou combien cela devrait coûter — ce qui les expose à un risque plus élevé de voyager par des moyens informels. Le MAECI a continué à mettre en œuvre des mesures de filtrage consulaire visant à réduire le trafic sexuel et le trafic de main-d’œuvre de femmes cambodgiennes par le biais de mariages forcés, notamment en évaluant les demandeurs par rapport aux profils de victimes de trafic élaborés conjointement avec la Chine en 2016.

Le gouvernement a également poursuivi la mise en œuvre d’une réglementation adoptée en 2018, exigeant que les hommes étrangers paient une taxe s’ils ont l’intention de retourner dans leur pays d’origine avec une épouse cambodgienne ; comme cette réglementation ne s’appliquait qu’aux voyages aériens, les contacts ont signalé une augmentation du nombre de femmes cambodgiennes voyageant par des voies terrestres peu sûres pour une migration de mariage vers la Chine. Le gouvernement a maintenu deux accords de recrutement de main-d’œuvre avec l’Arabie saoudite, un accord de recrutement de travailleurs domestiques avec Hong Kong et un accord de coopération bilatéral avec l’Inde.

Cambodgiens sur un bateau thaïlandais. Photo ILO
Cambodgiens sur un bateau thaïlandais. Photo ILO

Trafic en transit

Comme cela a été signalé au cours des cinq dernières années, les trafiquants d’êtres humains exploitent des hommes, des femmes et des enfants cambodgiens dans le cadre du travail forcé et du trafic sexuel au Cambodge et à l’étranger. Ils soumettent également des victimes d’autres pays à la traite au Cambodge, et ils utilisent le royaume comme point de transit pour exploiter des victimes d’autres pays à la traite ailleurs en Asie. Les adultes et les enfants cambodgiens migrent vers d’autres pays de la région et, de plus en plus, vers le Moyen-Orient pour y travailler ; les trafiquants forcent nombre d’entre eux à travailler sur des bateaux de pêche, dans l’agriculture, dans la construction, dans des usines et dans la servitude domestique — souvent par la contrainte de l’endettement — ou les exploitent dans le trafic sexuel. Les migrants qui utilisent des voies de migration irrégulières, principalement avec l’aide de courtiers non agréés, courent un risque accru de trafic, bien que ceux qui font appel à des agents de recrutement agréés deviennent également victimes de travail forcé ou de trafic sexuel.

Victime du trafic sexuel. Photo C.Gargiulo
Victime du trafic sexuel. Photo C.Gargiulo

Les travailleurs migrants cambodgiens sans papiers travaillant en Thaïlande — qui représentent au moins 20 % des quelque deux millions de Cambodgiens qui s’y trouvent — sont très exposés au risque de traite en raison de leur statut d’immigrant, tout comme les Cambodgiens expulsés du Vietnam. Une étude menée par une organisation internationale en 2017 a révélé que près des trois quarts de tous les Cambodgiens se rendant en Thaïlande pour y travailler le font par des voies irrégulières connues pour leur vulnérabilité à la traite ; en outre, seuls 14 % des Cambodgiens émigrant en Thaïlande par des voies réglementées ont participé à une orientation avant le départ décrivant leur droit et leurs protections.

Sur les bateaux

Les trafiquants continuent de recruter un nombre important d’hommes et de garçons cambodgiens en Thaïlande pour travailler sur des bateaux de pêche et les exploiter dans le cadre d’un travail forcé sur des navires appartenant à la Thaïlande et exploités par elle dans les eaux internationales. Des victimes cambodgiennes ayant échappé à leurs trafiquants ont été identifiées en Malaisie, en Indonésie, à Maurice, à Fidji, au Sénégal, en Afrique du Sud et en Papouasie–Nouvelle-Guinée.

« Les Cambodgiens qui travaillent sur des bateaux de pêche appartenant à la Thaïlande ou exploités par elle font état de tactiques de recrutement trompeuses, de sévices physiques graves, de salaires insuffisants ou non versés, d’un accès limité aux soins médicaux et d’un confinement en mer pendant des années sans autorisation de descendre à terre »

Les trafiquants recrutent un nombre important de femmes des zones rurales sous de faux prétextes pour qu’elles se rendent en Chine et se marient avec des hommes chinois. Ces femmes s’endettent à hauteur de milliers de dollars auprès des courtiers qui facilitent la transaction ; les hommes forcent certaines de ces femmes à travailler dans des usines ou les exploitent dans le trafic sexuel pour rembourser cette dette.

Dans les briqueteries

Les propriétaires de fours à briques soumettent plus de 10 000 Cambodgiens, dont près de 4 000 enfants, à une coercition intragénérationnelle fondée sur l’endettement, soit en rachetant leurs emprunts préexistants, soit en les obligeant à contracter de nouveaux emprunts comme condition d’emploi ou pour couvrir les frais médicaux résultant de blessures subies en travaillant. Une étude menée par une ONG en 2017 a révélé que près de 100 % des fours à briques dans tout le pays présentaient des indicateurs de travail forcé via la coercition basée sur l’endettement. Un réseau étendu et largement non réglementé d’organisations de microfinance prédatrices et de créanciers privés contribue à ce dispositif en faisant de la publicité proactive pour les prêts aux familles des communautés vulnérables et en les mettant en relation avec les fours. Les familles d’agriculteurs ruraux sont plus exposées à cette forme de travail forcé en raison des difficultés économiques liées au changement climatique. Les trafiquants exploitent des enfants âgés d’à peine 13 ans pour les asservir et les faire travailler sur des bateaux de pêche riverains et océaniques, dans des bars karaoké et dans des plantations de manioc afin de rembourser les dettes familiales accumulées par ce système.

Clandestinité

Les 25 provinces du Cambodge sont toutes des sources de trafic d’êtres humains. Le trafic sexuel est en grande partie clandestin ; les femmes et les filles cambodgiennes et vietnamiennes de souche se déplacent des zones rurales vers les villes où des criminels les exploitent dans le cadre du trafic sexuel dans des maisons closes et, plus fréquemment, dans des établissements sexuels clandestins dans des beer gardens, des salons de massage, des salons, des bars karaoké, des espaces commerciaux et des sites non commerciaux. Des milliers d’enfants laissés au pays par des familles qui émigrent à l’étranger pour y travailler sont particulièrement vulnérables au trafic sexuel et au travail forcé.

Des femmes et des enfants vietnamiens, dont beaucoup sont victimes d’une coercition basée sur l’endettement, se rendent au Cambodge et sont exploités dans le cadre du trafic sexuel.

« Les ONG signalent que des bandes criminelles transportent certaines victimes vietnamiennes à travers le Cambodge avant qu’elles ne soient exploitées en Thaïlande et en Malaisie »

Les trafiquants au Cambodge sont le plus souvent des membres de la famille ou de la communauté ou de petits réseaux de courtiers indépendants. Certains orphelinats cambodgiens achètent des enfants locaux issus de familles économiquement défavorisées et les soumettent à la malnutrition et à des conditions de vie déplorables dans leurs installations, dans le but d’attirer et de tirer profit des dons de charité.

Recommandations prioritaires

Selon les auteurs du rapport, il est primordial de mener des enquêtes et des poursuites vigoureuses sur les délits de traite, et condamner et pénaliser de manière adéquate les trafiquants de sexe et de main-d’œuvre, y compris les éventuels fonctionnaires complices, avec des peines de prison importantes.

Il est important d’autoriser l’utilisation de techniques d’enquête sous couverture pour les opérations de lutte contre la traite des êtres humains. Il faut également augmenter le financement des unités de répression de la traite des êtres humains et le débourser avant les enquêtes, plutôt que par remboursement.

Aider la police

Renforcer les efforts pour mettre pleinement en œuvre le protocole national d’identification proactive des victimes parmi les groupes vulnérables et former les fonctionnaires à ses dispositions et allouer des ressources accrues à la police chargée de la lutte contre la traite des êtres humains afin de mieux faciliter le suivi des prévenus libérés sous contrôle judiciaire dans l’attente de leur procès sont d’autres propositions américaines qui incitent également à :

  • Augmenter les inspections du travail inopinées dans les professions à forte vulnérabilité, notamment dans les fours à briques, les pêcheries et les plantations, en mettant l’accent sur l’identification de la servitude pour dettes.

  • Augmenter la disponibilité des services pour les victimes masculines, en particulier les hommes et les garçons exploités dans la pêche commerciale. — Mettre en place un système de suivi, de collecte et de communication des données sur les poursuites contre la traite et les efforts de protection des victimes, et diffuser les données parmi les agences gouvernementales concernées de manière à protéger l’identité et la vie privée des victimes.

  • Prendre des mesures pour éliminer les frais de recrutement ou de placement facturés aux travailleurs par les recruteurs de main-d’œuvre cambodgiens et veiller à ce qu’ils soient plutôt payés par les employeurs.

  • Renforcer l’inspection et la surveillance des établissements de crédit, y compris les organismes privés de microfinance, afin de réduire la vulnérabilité des communautés économiquement défavorisées à la coercition liée à l’endettement.

  • Accroître les efforts pour inciter les victimes nationales et étrangères à participer aux procédures pénales et civiles, notamment en créant un fonds pour les victimes et en accordant l’autorisation de travailler, la résidence temporaire ou tout autre statut d’immigration pertinent aux victimes étrangères qui souhaitent rester dans le pays pendant les procédures.

  • Modifier la loi pour permettre le dédommagement en cas de condamnation du trafiquant et mettre en place et former les fonctionnaires concernés sur les procédures opérationnelles standard pour le calcul et l’octroi du dédommagement.

  • Établir et allouer des ressources pour mettre en œuvre des procédures systématiques dans les missions diplomatiques afin d’aider les victimes cambodgiennes à l’étranger, y compris dans les pays sans représentation diplomatique cambodgienne.

  • Modifier les réglementations relatives aux licences de recrutement de main-d’œuvre et aux exigences contractuelles afin d’y inclure des dispositions renforcées sur la protection des travailleurs et les droits du travail.

  • Renforcer les efforts d’inspection des agences privées de recrutement de main-d’œuvre et de leurs courtiers sous-licenciés pour détecter les recrutements frauduleux et autres indicateurs de traite. — Sensibiliser le public aux procédures de demande de documents de voyage afin de faciliter une migration sûre et légale.

  • Renforcer les efforts pour intégrer la contribution des ONG à la politique de transfert officiel de la garde des enfants victimes.

Source : Ambassade des États-Unis au Cambodge

Nota : Pour des raisons de clarté, seuls les points essentiels du rapport sont évoqués.

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