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Cambodge & CCIFC : Trash is Nice, le plastique réinventé par Alix Langlois

À Phnom Penh, une entrepreneure française transforme les déchets en matière noble, en idée neuve et en moteur de changement.

Alix Langlois
Alix Langlois

Il y a des projets qui naissent d’une évidence silencieuse. Celle d’un monde saturé de plastique, d’océans asphyxiés, de gestes mécaniques que l’on répète sans y penser. À Phnom Penh, cette évidence a trouvé un visage : celui d’Alix Langlois, designer et entrepreneure sociale, fondatrice de Trash is Nice. Son entreprise locale conjugue artisanat, écologie et pédagogie avec un mot d’ordre clair : redonner au plastique une seconde vie — et à la société un regard neuf sur ce matériau honni.

Une genèse à la croisée des mondes

Tout commence en Asie du Sud-Est, au milieu des années 2010. En mission environnementale, Alix Langlois prend la mesure de la crise plastique sous les tropiques.

De retour en Europe, elle se forme aux principes de l’économie circulaire et rejoint le mouvement international Precious Plastic, réseau d’inventeurs et de créateurs low-tech. Ce laboratoire d’idées lui montre la voie pour allier engagement local et vision globale. En 2018, elle s’installe à Phnom Penh et fonde Trash is Nice, décidant de transformer le problème en ressource.

L’atelier où le plastique renaît

Dans un coin verdoyant de Treellion Park, sur l’île urbaine de Koh Pich, le petit atelier vibre du bruit des broyeuses et des presses. Ici, on collecte le plastique des particuliers, écoles et restaurants ; on le trie, on le fond, on le redessine. Pots de fleurs, coasters, trophées personnalisés, pièces de décoration : chaque objet raconte la métamorphose d’un déchet en design.

Les machines, construites à partir de plans open-source Precious Plastic, incarnent l’esprit low-tech : efficacité, partage, simplicité.

Mais Trash is Nice est bien plus qu’un atelier. C’est aussi un lieu de rencontre, où se croisent artisans, étudiants et ingénieurs. Les visiteurs participent à des ateliers éducatifs, découvrent la fabrication, apprennent à questionner la notion même de “déchet”. En 2024, plus de 700 personnes ont été formées grâce à ces programmes, des enfants curieux aux entrepreneurs en devenir.

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Économie circulaire et aventure humaine

« La meilleure poubelle est celle qu’on ne remplit pas », aime répéter Alix Langlois. Sa conviction : un plastique bien traité devient une ressource porteuse de valeur économique et sociale.

Trash is Nice repose sur un modèle d’économie circulaire profondément ancré dans la réalité cambodgienne : production artisanale, emploi local et pédagogie environnementale. Entre deux et dix personnes y travaillent selon les saisons, donnant corps à cette “micro-industrie verte” faite de solidarité et de créativité.

Impact mesurable, effets durables

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023-2024, plus de 2,5 tonnes de plastique souple ont été détournées des décharges, transformées en quelque 32 000 objets utiles et esthétiques. L’ensemble du processus se déroule sur place, réduisant non seulement les émissions de transport, mais aussi la dépendance aux usines étrangères. Trash is Nice prouve que le recyclage local peut être à la fois rentable, poétique et socialement inclusif.

Un modèle pour le Cambodge de demain

Dans un pays où la consommation de plastique à usage unique explose, Trash is Nice joue un rôle stratégique. Les ateliers sont proposés à faible coût afin d’atteindre tous les publics ; des partenariats sont noués avec des cafés, des ONG, des municipalités, des start-ups vertes. L’entreprise s’impose peu à peu comme un acteur clé de l’écosystème de l’économie circulaire cambodgien, un exemple souvent cité dans les médias et les forums sur la durabilité.

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Un laboratoire social et créatif

Trash is Nice n’est pas seulement une aventure écologique : c’est un laboratoire social où design, éducation et réinvention économique se croisent. Les machines Precious Plastic y deviennent outils d’émancipation : comprendre, créer, transmettre. L’atelier invite à abolir les frontières entre producteurs et consommateurs, entre ceux qui savent et ceux qui apprennent. Ici, chacun est aussi un inventeur.

Le visage d’un engagement

Alix Langlois incarne cette génération de leaders hybrides : designers et pédagogues, idéalistes et pragmatiques. Ambassadrice cambodgienne du mouvement Precious Plastic, elle promeut le partage des savoirs et l’open-source comme leviers de transformation.

Repenser la micro-industrie

Trash is Nice, aujourd’hui, se projette vers l’avenir : amélioration du tri grâce à l’automatisation, valorisation des déchets industriels, déploiement de formations dans les zones rurales. L’objectif : construire un plaidoyer fort en faveur de l’économie circulaire, au Cambodge et au-delà.Car si l’atelier reste modeste, son message, lui, est universel : chaque gramme de plastique détourné devient un symbole d’intelligence collective.

Vers une économie du cercle vertueux

Par sa créativité et son exigence, Trash is Nice a prouvé qu’une économie artisanale pouvait s’intégrer aux grandes causes contemporaines. Transformer le plastique, c’est aussi transformer notre regard : réapprendre à voir dans le rebut la promesse d’une matière à réinventer. À Phnom Penh, au cœur du Cambodge qui se relève et se réinvente, cette utopie prend forme — pièce après pièce, main après main.

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