top of page
Ancre 1

Bophana fête ses 19 ans : Un bastion de mémoire vivante au cœur du Cambodge

Hier, le Centre Bophana, bastion audiovisuel de la capitale cambodgienne, soufflait ses 19 bougies. Fondé le 4 décembre 2006 par le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh et Ieu Pannakar, l’institution célèbre une odyssée dédiée à la sauvegarde et à la transmission du patrimoine culturel khmer, dans un pays marqué par les cicatrices des Khmers rouges.​

ree

Des origines ancrées dans la résistance

Le nom « Bophana » évoque une tragédie intime : celui d’une jeune femme torturée et exécutée en 1977 à S-21 pour avoir écrit des lettres d’amour clandestines sous la dictature khmère rouge. Rithy Panh en a fait un film poignant en 1996, prémisse d’un projet plus vaste né dans les années 1990. Survivant des camps khmers rouges, Panh, diplômé de l’IDHEC en 1988, s’est mué en gardien de mémoire face à la destruction quasi totale des productions culturelles cambodgiennes entre 1975 et 1979.​

Inauguré dans la « Maison Blanche », un édifice moderniste des années 1960 inspiré de Le Corbusier et Vann Molyvann, restauré avec l’appui du ministère cambodgien de la Culture, le centre s’implante rue 200 à Phnom Penh. Membre de la FIAT et de la FIAF, il collecte mondialement films, photos, enregistrements sonores et écrits : plus de 700 heures vidéo, 210 heures audio et 10 000 images, accessibles gratuitement via la plateforme Hanuman.​

Depuis 2006, plus de 240 000 visiteurs – étudiants, chercheurs, journalistes – ont fouillé ces trésors, redécouvrant un Cambodge oublié.

Rithy Panh l’affirme : « Rendre la mémoire patrimoniale aux Cambodgiens combat le déficit démocratique ».​

Archivage, création, formation : un triptyque indissociable

Au fil de ces 19 ans, Bophana excelle dans trois piliers. L’archivage numérise des pépites comme les films du roi Norodom Sihanouk ou des reportages d’ONG, issues de France, des États-Unis et du Cambodge. En 2025 encore, l’artiste français Danhôo y a offert sa toile Partage, renforçant ce rôle de sanctuaire.​

La création pulse via Bophana Productions : une régie forme des jeunes aux métiers du cinéma, encadrés par Panh et des experts locaux ou étrangers.

Des bourses comme celle de la Henry Luce Foundation (500 000 USD, 2022-2025) soutiennent ces talents émergents, dont cinq anciens élèves primés en 2021 pour My Home. Projections hebdomadaires gratuites, Ciné Club pour la jeunesse, festivals comme le CIFF depuis 2008 ou tournées provinciales (23 000 spectateurs en 2013) animent la vie culturelle.​

La formation irradie : ateliers, conférences sur l’histoire et l’architecture khmère, expositions d’artistes locaux ou étrangers.

En avril 2025, Bophana accueille Echoes of Memory pour la Season of Cambodia, mêlant passé et avenir. Acts of Memory, app éducative liée aux tribunaux ECCC, compile témoignages de survivants filmés par des élèves, diffusés en khmer et anglais dans les écoles.​

Bophana fête ses 19 ans : Un bastion de mémoire vivante au cœur du Cambodge

19 ans de rayonnement, défis et espoirs

Malgré le Covid-19, qui a suspendu ses activités en 2021, Bophana rouvre vite ses portes : salle de cinéma cosy, médiathèque, café convivial. Intégrée à des événements comme Photo Phnom Penh 2025 (19 novembre-19 décembre), du Musée National à SraArt, elle croise mémoire et création contemporaine.​

Aujourd’hui, sous la direction de Chea Sopheap, fils de survivants, le centre incarne la réconciliation nationale, parallèle aux procès ECCC lancés en 2006. Il forme des centaines de cinéastes, produit des dizaines de documentaires sur l’ère khmère rouge, et ouvre ses archives au monde.

À 19 ans, Bophana n’est pas un mausolée : c’est un atelier vivant où la jeunesse khmère réécrit son histoire, projection après projection.​

Visitez-le : du mardi au samedi, 14h-18h. L’entrée est libre, la mémoire infinie.

  • Télégramme
  • Youtube
  • Instagram
  • Facebook Social Icône
  • X
  • LinkedIn Social Icône
bottom of page