Chers lecteurs, dans la continuité de ma série de portraits de KHMERS hors du commun à travers le monde, voici aujourd’hui une interview qui s’est déroulée entre les USA et la France, afin de montrer à quel point notre diaspora peut être étendue et unie. Le choix s’est porté sur un artiste digital talentueux, atypique… et khmèricain : SOKAI YOON
(Et merci à Cambodge Mag pour cette ouverture d’esprit !)
Vous en quelques mots...
Je m’appelle Sokai, d’origine Khmer Krom et né dans un camp de réfugiés en Thaïlande. Je vis aux États-Unis, à Atlanta.
Vous êtes titulaire d’une maîtrise en arts visuels de NEW YORK (master of fine arts). Quel était votre projet de synthèse ?
J’ai choisi un sujet délicat, parlant d’un système imaginaire appelé « armes responsables » utilisant des armes fonctionnant à basse énergie. Le système utiliserait toutes les technologies existantes possibles, notamment dans les écoles, pour fournir l’énergie qui correspond à son utilisation, informer de l’achat et de l’enregistrement de l’arme (ex : une certaine puissance serait donnée à l’arme selon que l’on est un chasseur, policier, etc.). Cela permettrait de détecter et de répertorier les porteurs d’armes, afin de sanctionner notamment ceux qui les utilisent sans justification.
Votre compte Instagram contient autant de vidéos/histoires courtes que de CAO (dessins informatiques). Avez-vous une préférence ?
La photographie est fondamentalement mon activité préférée. Cela me permet de rencontrer des gens, d’apprendre à les connaître ou d’élargir mon réseau. Je les transpose ensuite en personnages dans mes projets créatifs.
Comment choisissez-vous vos sujets ?
En général, j’organise des castings via Instagram ou Facebook. Sinon je travaille aussi avec le directeur de la troupe de danse khmère RACHANA PERFORMING ARTS d’Atlanta lorsqu’il a fait appel à mes services (productions vidéo).
Vos séries où vous revisitez : l’histoire khmère, les guerriers légendaires, la mode — ou encore les rois et les reines — ont fait un carton sur le net. D’où sont venues ces idées ?
Je considère toujours tout ce que je vois comme une version khmère des choses. Cela peut aller, et ce depuis mon enfance, à la version khmère des chansons anglaises que j’écoutais, à l’histoire des trois royaumes de Chine.
En 1996, une expérience surnaturelle lors de mon séjour au Srok Khmer m’a donné ce déclic pour concrétiser tout cela, notamment pour créer des histoires de fantômes cambodgiens.
Pensez-vous que votre travail peut inspirer la nouvelle génération américaine à découvrir son pays d’origine ?
Dès le début, j’ai reçu beaucoup de commentaires positifs de la part de la communauté khmèricaine, qui a décrit mon travail comme une bouffée d’air frais et une inspiration pour promouvoir notre culture.
Parlez-nous de votre projet de mode fou au-delà des Khmers rouges ?
Cette idée est née d’une conversation que j’ai eue avec une créatrice cambodgienne qui confectionne notamment des costumes de théâtre traditionnels khmers.
On a alors voulu imaginer la quintessence de la mode et son évolution s’il n’y avait pas eu la tragédie des Khmers rouges, en s’appuyant sur de grands créateurs comme Alexander McQueen, Versace ou Chanel.
À propos de votre projet de guerriers légendaires, comment avez-vous choisi ?
Ce projet a commencé par écrire sur Wikipédia les sujets monarques et guerriers du Cambodge. Je les ai ensuite transposées en séries graphiques.
Comment êtes-vous arrivé à ce résultat graphique ?
J’aime imaginer une combinaison entre les personnages du jeu vidéo Dynasty Warriors et ceux du peintre indien Raja RAVI VARMA
Quelle est la place de la culture khmère dans votre quotidien américain ?
Je puise ma principale source de culture à la maison auprès de ma mère, fervente pratiquante du bouddhisme, et avec qui j’échange quotidiennement le khmer.
Quelles ont été vos trois réalisations préférées ?
Rembourser avec succès mon prêt étudiant
Ma première publication dans Infographics Designers' Sketchbooks
Mes fonctionnalités pour Android répertoriées comme Google's Best of Design 2020
Quelles ont été vos créations les plus difficiles à concevoir ?
La vidéo YAK pour le danseur khmer Peter Veth et la réalisation de la combinaison du son traditionnel khmer avec le son Hip Hop.
Quels sont vos futurs projets ? avez-vous pensé aux NFT ?
Mon dernier projet en cours s’appelle STAR LOTUS, à travers lequel je vais collaborer avec de nombreuses troupes de danseurs khmers à travers les États-Unis et ajouter ma propre vision artistique.
Avez-vous des projets au Srok Khmer ou aimeriez-vous en avoir ?
J’aimerais idéalement pouvoir — un jour — passer au moins un an au Srok Khmer afin de pouvoir collaborer avec des artistes locaux, et réaliser des projets communs, comme ceux réalisés ou en cours aux USA.
Un conseil à donner ?
« FAIS-LE C’EST TOUT ! JUST DO IT! » Car, quel que soit votre niveau, assouvir vos passions, car la nouvelle génération a cette opportunité de pouvoir… alors n’hésitez plus
Propos recueillis par Françoise Framboise
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