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Arts : Le Chapei dong veng, chef-d'oeuvre en péril par manque de nouveaux talents

Le 30 novembre sera le sixième anniversaire de l’inscription du chapei dong veng - un instrument de musique à cordes unique au Cambodge - sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Cet honneur a été annoncé en 2016 en Éthiopie.

maître Kong Nay
Maître Kong Nay Photo CG

Né dans le village de Doung Khpos, dans le district de Borei Cholsar, province de Takeo, Pich Sarath, 38 ans, joue de cet instrument. Il enseigne à plus de 200 élèves cambodgiens et étrangers.

Sarath, chef de la « Community of Living Chapei » et professeur d’art à l’école secondaire Chea Sim Chhouk Va, raconte comment il s’est consacré à une carrière à plein temps avec le chapei depuis 2010. Instrument qu’il a commencé à apprendre en 2002.

Inquiet du manque d’intérêt des arts classiques khmers, Sarath conseille à la prochaine génération de prêter plus d’attention à leur propre culture — en particulier aux élèves du lycée où il enseigne.

« L’école intègre une leçon artistique pendant une heure chaque semaine. Nous voulons inculquer aux élèves une culture plus approfondie de la forme artistique du chapei dong veng », dit-il.

« À l’heure de la mondialisation, il est plus important que jamais que la prochaine génération apprenne les arts classiques khmers, la préservation du patrimoine culturel khmer est la responsabilité — et le devoir — de chaque citoyen », ajoute-t-il.

Parcours

Entre 2002 et 2007, Sarath étudie à l’école secondaire des beaux-arts, apprenant le chapei auprès du maître Kong Nay, avec le parrainage de Cambodia Living Arts (CLA). Il apprend aux côtés de quatre autres étudiants — Pich Sarath, Kong Boran (le fils de maître Kong Nay), Ouch Savy et Sin Sophea, qui se trouve maintenant en Australie.

« J’ai commencé à enseigner en 2011, et j’ai créé la “Community of Living Chapei” en 2013. Depuis lors, nous avons enseigné cet art à plus de 200 étudiants de tous âges et de toutes nationalités », confie-t-il.

Lorsque cet instrument a été ajouté à la liste du patrimoine culturel immatériel en 2016, Sarath a voulu profiter de l’occasion pour s’assurer que tous les Cambodgiens appréciaient la valeur de cette forme d’art unique. Il voulait surtout encourager davantage d’enfants à s’y intéresser et peut-être même à apprendre à en jouer.

Le Chapei dong veng, chef-d'oeuvre en péril par manque de nouveaux talents
Le Chapei dong veng, chef-d'oeuvre en péril par manque de nouveaux talents

Manque d’intérêt

En revanche, selon lui, les jeunes Cambodgiens d’aujourd’hui — et leurs parents — semblent plus intéressés par les instruments de musique modernes étrangers que par les instruments khmers classiques. Ils sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour acheter des instruments modernes pour que leurs enfants apprennent ou même pour décorer leur maison, affirme-t-il.

« Au Cambodge, nous voyons certaines familles qui peuvent se permettre d’acheter des instruments étrangers, comme un piano à 10 000 dollars ou une guitare valant autant ou plus, mais qui semblent réticentes à dépenser de l’argent pour acheter des instruments khmers classiques. Cela doit changer, si nous voulons préserver le patrimoine culturel du pays », clame Sarath.

« Un petit chapei dong veng peut être acheté pour seulement 170 dollars. Il est de petite taille, mais sonne de manière très similaire à un modèle de taille normale. Les prix d’un grand chapei varient en fonction du type de bois utilisé pour le produire. Ils vont de 280 dollars à plus de 500 dollars », expliquent-ils.

La popularité du chapei dong veng semble s’estomper lentement auprès de la nouvelle génération d’enfants cambodgiens, dit-il, précisant que cela n’était pas aidé par les rumeurs selon lesquelles « l’apprentissage de l’instrument pouvait conduire à la cécité ». De nombreux parents avaient interdit à leurs enfants de l’apprendre après avoir vu les maîtres Prach Chhuon, Kong Nay et Neth Pe, qui sont tous aveugles. En fait, tous trois sont aveugles depuis l’enfance.

« De toute évidence, Prach Chhuon et Kong Nay étaient tous deux aveugles depuis leur enfance, bien avant de fréquenter l’école chapei dong veng. Plus de 200 élèves sont sortis de mes propres classes, et aucun n’a souffert d’une quelconque perte de vision », conclut-il.

Pann Rethea avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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