ALIVE : la mémoire en mouvement, cinquante ans après la chute de Phnom Penh
- La Rédaction

- il y a 6 jours
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Cinquante ans après la chute de Phnom Penh, la mémoire reprend souffle au Centre Bophana. Dans ces murs consacrés à l’image, la voix du passé s’élève à nouveau à travers ALIVE, la nouvelle exposition du photographe et artiste cambodgien Kim Hak. Une œuvre puissante, silencieuse et lumineuse, née de la volonté de regarder en face les ombres de l’histoire sans cesser d’y chercher la vie.

Sous la direction artistique du cinéaste Rithy Panh, figure majeure du cinéma de la mémoire, et la commissaire Moeng Meta, ALIVE se déploie comme une méditation sur la survie, la filiation et la transmission. Elle invite à parcourir un espace où chaque objet devient témoin — un éclat de lumière dans les ténèbres de l’oubli.
« Chaque brique, chaque mur du Centre Bophana s’élève contre l’amnésie », confie Rithy Panh, cofondateur du lieu et directeur artistique de l’exposition. « En consacrant ces espaces à ALIVE, nous rappelons que se souvenir n’est pas seulement résister : c’est fonder la démocratie sur la dignité retrouvée. »
Du rez-de-chaussée à l’étage supérieur, en passant par la bibliothèque du premier étage, les œuvres de Kim Hak s’inscrivent dans un dialogue subtil entre passé et présent. Cette expansion témoigne du rôle croissant du Centre Bophana comme sanctuaire vivant de la mémoire et catalyseur de créations contemporaines.
Réalisée en partenariat avec la Rei Foundation Limited, l’exposition réunit une décennie de travail patient : des photographies d’objets modestes — marmites, vêtements, héritages intimes, images sauvées — que des familles cambodgiennes ont préservés pendant les années de terreur. Ces fragments du quotidien, devenus « vaisseaux de mémoire », racontent la persistance de la vie au cœur du désastre.

Réunis aujourd’hui à Phnom Penh, ils reconstituent, pièce par pièce, une carte sensible du Cambodge dispersé. ALIVE transcende le deuil : elle transforme la mémoire en matière vivante, en dialogue entre les générations, en langage visuel universel où se rejoignent la douleur, la tendresse et l’espérance.
Dans le silence contemplatif de ses salles, ALIVE nous enseigne que la mémoire n’appartient pas au passé : elle est ce souffle invisible qui maintient les peuples debout, les âmes éveillées, les regards ouverts. À travers l’art, Kim Hak offre au Cambodge — et au monde — un acte de résilience : une manière de dire que vivre, malgré tout, c’est se souvenir.

L’exposition ALIVE a ouvert ses portes ce samedi au Centre Bophana à Phnom Penh et se tiendra jusqu’au 15 novembre. Elle est accessible du lundi au samedi, de 9h00 à 17h00. L’entrée est libre, offrant à chacun la possibilité de plonger dans cette mémoire vivante, essentielle et partagée.







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