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Économie & Cambodge : La difficile question du salaire minimum

Le ministère du Travail du Cambodge a annoncé jeudi dernier que le salaire minimum passerait à 192 dollars US mensuels pour 2021, soit une augmentation de 2 dollars par rapport à cette année.

Ouvrières du textile à Phnom Penh. Photographie ILO

S’il s’agit d’une augmentation moindre par rapport aux attentes des représentants des travailleurs, les parties engagées dans les négociations ont convenu d’un chiffre qui selon eux, permettra une légère amélioration du pouvoir d’achat sans compromettre davantage la situation difficile des entreprises du privé.

Contexte

Dans un entretien avec des journalistes après la réunion, le ministre du Travail et de la Formation Professionnelle, S.E. Ith Samheng a déclaré :

« Le nouveau salaire minimum a été approuvé en tenant compte du grave impact de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement et également sur les exportations des usines »
le ministre du Travail et de la Formation Professionnelle, S.E. Ith Samheng
le ministre du Travail et de la Formation Professionnelle, S.E. Ith Samheng. Photo RFA

Il a expliqué que chaque partie, gouvernement, syndicats et propriétaires d’usine, avait un chiffre à proposer lors des négociations, mais que trop de différences entre les propositions les ont amenés à s’accorder sur le montant de 192 $. Les représentants syndicaux avaient initialement proposé une augmentation de 12,35 $ soit 6,5 % du salaire minimum actuel.

«En évaluant l’écart important entre les différents chiffres proposés, nous nous sommes finalement tous mis d’accord sur 190 $ », a déclaré S.E. Ith Samheng. Le ministère précise dans son communiqué :

« À partir du 1er janvier 2021, les ouvriers des usines de confection et de chaussures recevront donc 192 dollars US par mois, tandis que les travailleurs temporaires percevront 187 $, jusqu’à ce qu’ils deviennent des travailleurs permanents »

Le texte indique qu’en plus du salaire minimum mensuel, les travailleurs bénéficieront toujours des avantages sociaux, notamment 10 $ de plus par mois pour l’assiduité et 7 $ mensuels de plus pour le transport et le loyer, ainsi que des primes pour ceux ayant plus de deux ans d’ancienneté. Le ministère précise ainsi :

« Par conséquent, chaque travailleur sera payé de 209 à 220 dollars par mois »

« Le ministère du Travail tient à remercier le Premier ministre Samdech Hun Sen qui a maintenu la paix, la stabilité, l’ordre social et les réformes, en attirant les investisseurs et en créant des emplois pour soulager la population et restaurer l’économie en pleine crise de COVID-19 », conclut le document du ministère.

Pour comparaison, les travailleurs contractuels de Thaïlande, du Vietnam et du Laos gagnent respectivement un salaire minimum mensuel de 191, 182 et 88 dollars US.

Challenges

L’industrie du vêtement au Cambodge, qui emploie approximativement 800 000 travailleurs, a connu des licenciements massifs et des arrêts d’activité principalement en raison du ralentissement de la demande pendant la pandémie. L’industrie est également confrontée à l’impact du retrait par l’Union européenne de l’accès en franchise de droits et sans contingent à son marché dans le cadre du programme “Tout sauf les armes” (TSA) pour environ 20 % des exportations du Cambodge, mesure entrée en vigueur le 12 août dernier.

Le Cambodge a exporté 6,4 milliards de dollars américains de marchandises, principalement du secteur de l’habillement, vers l’UE en 2018, soit 45 % des exportations totales du pays. D’après le rapport du premier semestre 2020 de la Banque Nationale du Cambodge, les produits industriels destinés à l’exportation ont baissé de 12,5 %, les exportations de vêtements ont chuté de 10 %, les chaussures de 2 % et les articles de voyage ont augmenté de 8 %.

Selon une déclaration conjointe du GMAC et de la Cambodia Footwear Association, en juillet de cette année, environ 400 usines de vêtements, de chaussures et d’articles de voyage ont suspendu leurs activités au Cambodge — laissant plus de 150 000 travailleurs sans emploi. En juin dernier, le GMAC avait donc demandé au gouvernement de reporter les négociations annuelles sur le salaire minimum, affirmant que le secteur devait d’abord se remettre d’une pénurie de commandes d’acheteurs étrangers et des fermetures d’usines causées par l’épidémie de coronavirus.

Faire face à l’inflation

Ath Thun, président de la Confédération cambodgienne du travail, a déclaré jeudi au service khmer de RFA que le nouveau salaire minimum de 192 $ serait insuffisant au regard du rythme de l’inflation et a déclaré que pour que les travailleurs s’en sortent, ils devaient gagner entre 230 et 250 dollars US par mois.

Il estime que les travailleurs risquent de se trouver “dans une situation délicate”, car ils devront effectuer des heures supplémentaires pour subvenir à leurs besoins. Il ajoute que si le gouvernement devrait prendre plus de mesures pour juguler l’inflation afin que les travailleurs puissent vivre correctement.

Ouvrière du textile à Phnom Penh. Photographie ILO
Ouvrière du textile à Phnom Penh. Photographie ILO

Pendant ce temps, Sok Sreymom, une travailleuse de l’usine de vêtements W&D dans la capitale Phnom Penh, a déclaré à RFA Khmer que chaque mois, elle avait besoin de plus de 200 $ juste pour couvrir ses dépenses de base et envoyer des fonds à ses parents. Elle estime que 192 $ ne suffisent pas pour aider les travailleurs à maintenir un niveau de vie décent, car le coût des produits de nécessité augmente régulièrement, mentionnant également que certains propriétaires de logement n'ont pas joué le jeu et augmenté les loyers malgré les appels du gouvernement au maintien ou à la baisse.

« Je souhaite que le gouvernement s’attaque également à la hausse des prix sinon, même si nous gagnons entre 210 et 220 $, ce sera encore juste », conclut-elle. Une autre travailleuse du secteur, Aun Pithon, a confié à la presse locale :

« Je comprends qu’en raison de la pandémie de COVID-19, nous devions nous attendre à une augmentation moindre cette année. Cependant, le prix des produits de première nécessité, comme le lait pour mes enfants, sera difficile à couvrir »
Ouvrières du textile à Phnom Penh. Photographie ILO

Notes : RFA, AKP, ministère du Travail et de la Formation Professionnelle

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