Un refuge de biodiversité au cœur de Phnom Penh : L’inventaire des jardins de l’Ambassade de France au Cambodge

Au cœur de Phnom Penh, sur le boulevard Monivong, s’étendent les jardins de l’Ambassade de France. Cet espace vert de 4,8 hectares, offert en 1955 par Sa Majesté le roi Sihanouk à la France lors de l’indépendance du Cambodge, est aujourd’hui bien plus qu’un simple espace paysager diplomatique. Il se révèle être un véritable « poumon vert », un refuge pour une diversité animale remarquable en pleine capitale cambodgienne.

Une histoire riche et un écrin transformé

Initialement un terrain nu à la périphérie de la ville, les jardins ont été soigneusement aménagés dans les années 1958-1961 par l’architecte Pierre Dufau, avec une architecture typique des années 50.

Durant la guerre civile, ce site a connu des transformations dramatiques : fermé, abandonné, transformé successivement en centre de regroupement, poste de commandement militaire, orphelinat, avant la réhabilitation complète des bâtiments dans les années 1990. Pendant ce temps, la nature avait commencé à reprendre ses droits, laissant la végétation s’épanouir et les animaux s’installer.

Aujourd’hui, grâce aux efforts conjoints entre les Ambassadeurs successifs et des scientifiques engagés, le parc s’est métamorphosé en une petite forêt tropicale en ville. Cet espace offre un refuge protégé à une faune riche, comprenant près de 250 espèces d’animaux recensées lors d’un inventaire zoologique réalisé récemment, fruit d’une collaboration entre l’Ambassade, Sam Veasna Conservation, l’Institut Pasteur et Wild Earth Allies.

Un inventaire scientifique d’envergure

Les équipes de l’Ambassade et leurs partenaires ont conduit un inventaire précis et pluridisciplinaire réunissant diverses espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, insectes et arachnides. Ce travail d’observation rigoureux, combinant capture, identification visuelle et sonore, et analyses en laboratoire, vise à mieux connaître et valoriser la biodiversité locale pour sensibiliser le public.

En 2024-2025, ce sont près de 250 espèces animales qui ont été recensées dans le parc, avec un focus particulier :

• Mammifères : Environ quarante individus recensés, dont des chats domestiques, des macaques à longue queue, et des familles de muntjacs rouges du Nord récemment accueillies en don par le Ministère de l’Environnement cambodgien.

• Oiseaux : Une riche avifaune avec 32 espèces, incluant les emblématiques paons spicifères – symboles de pureté dans le bouddhisme – des calaos, et des oiseaux endémiques comme la couturière du Cambodge.

• Reptiles et amphibiens : Une diversité remarquable avec notamment des geckos, des serpents volants, tortues, et le python birman, témoignant des habitats tropicaux variés du Cambodge.

• Insectes et arachnides : Plus de 190 espèces identifiées grâce aux pièges et aux prélèvements scientifiques, mettant en lumière une biodiversité entomologique souvent méconnue, avec la découverte de plusieurs espèces nouvelles pour le pays.

Un espace de vie et un engagement environnemental

Ce parc est bien plus qu’un jardin diplomatique. C’est un véritable écosystème vivant, entretenu par une équipe passionnée qui veille au bien-être des espèces, installe des points d’eau, protège les zones de nidification, et garantit la sécurité environnementale. Cet équilibre fragile est aussi maintenu en lien avec des réserves naturelles régionales, où certaines espèces excédentaires ont été transférées pour leur protection.

Dans un contexte urbain en pleine expansion, cet espace vert devient un exemple emblématique de préservation de la biodiversité en milieu urbain. Il symbolise aussi l’engagement de la France et du Cambodge en matière de conservation, de sensibilisation et d’éducation à l’environnement dans les villes.

Un lieu vivant de découvertes, d’art et de mémoire

Outre son rôle écologique, les jardins sont un lieu privilégié d’activités pédagogiques et culturelles. Chaque année, ils accueillent des visites scolaires, des journées du patrimoine, et des événements comme le Marché Français, attirant des milliers de visiteurs curieux de découvrir cette nature en ville.

De plus, lors du Festival Photo Phnom Penh ou des expositions régulières, les espaces extérieurs mettent en lumière des œuvres d’artistes contemporains cambodgiens et français, qui dialoguent avec la biodiversité locale.

Le parc porte aussi la mémoire d’événements historiques douloureux, témoignant de la tragédie cambodgienne des années 1970. Un pan du portail originel de l’Ambassade, ainsi que des cénotaphes du cimetière français, sont conservés dans le parc. Pour le 50e anniversaire de la chute de Phnom Penh, des commémorations ont été organisées pour honorer les victimes et renforcer les liens franco-cambodgiens.

Des partenariats engagés, une mobilisation scientifique et citoyenne

Cette publication, événement en soi, a été rendue possible grâce à la mobilisation de nombreuses institutions et experts : Sam Veasna Conservation Tours, l’Institut Pasteur du Cambodge, Wild Earth Allies, ainsi que des contributeurs artistiques et scientifiques dont le photographe ornithologue Suong Mardy.

L’agence Melon Rouge a assuré la conception graphique de la brochure, donnant vie à ces richesses naturelles par des images saisissantes et une présentation soignée.

Les partenaires financiers comme le Cabinet DFDL et l’ONG Live & Learn Cambodia ont soutenu ce projet novateur de valorisation et de sensibilisation à la biodiversité urbaine, montrant qu’une alliance entre science, culture et éducation peut rassembler un large public autour de la protection de la nature en milieu urbain.

À travers ce travail d’inventaire et de valorisation, les jardins de l’Ambassade de France à Phnom Penh donnent à voir une autre facette de la capitale, un lieu où la nature reprend ses droits dans un espace inattendu, offrant refuge à une faune exceptionnelle et faisant de ce parc un écrin vivant à découvrir et préserver activement.

Cette présentation est basée sur la brochure officielle « Flâneries Zoologiques » éditée en 2025 par l’Ambassade de France au Cambodge et ses partenaires scientifiques et culturels.

EXE_Ambassade_France_Faunce_DIGITAL (1).pdf

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