Alors qu’une partie des restrictions a été levée, la capitale du Royaume peine à retrouver son dynamisme et son effervescence des beaux jours. Toutefois, les rues ne sont pas vides comme on pouvait le craindre et certains se déclarent relativement confiants pour l’avenir.
À Riverside et face au Palais Royal, les pigeons sont quelque peu à la diète ce samedi tant les gardiens municipaux appliquent à la lettre les quelques restrictions, imposées ou conseillées toujours en vigueur. Pas d’activité sportive, pas de regroupement, pas de balade, les pelouses sont vertes et vides en cette journée de mousson décidément bien grise.
Devant les pelouses du Palais, quelques mamans tentent bien d’acheter des graines afin que leur progéniture puisse les jeter vaillamment vers les pigeons, mais, si quelques vendeurs réussissent à fourguer leur petit stock, la tentative de « pigeon feeding » tourne court alors que le garde municipal rabroue les fameuses mamans à coup de porte-voix.
Côté fleuve, le lieu de promenade est tout autant peu fréquenté malgré une circulation continue. Quelques promeneurs, quelques vendeurs de barbe à papa ou de snacks, rien d’autre, Riverside semble en convalescence.
Les restaurants d’en face sont ouverts, les terrasses sont garnies, mais relativement peu de clients. Quelques tables sont occupées malgré tout. Vrai que les nuages noirs s’amoncellent et la proximité de l’orage ajoutée à la morosité liée au virus ne favorise pas l’envie d’aller s’attabler et se repaître de bonne chère en extérieur.
Vers le Musée national, même calme, quelques chauffeurs de cyclo et chiffonniers discutent au coin de la rue, rejoints par un vendeur de ballons bien colorés. Là aussi, l’ambiance est particulière, d’ordinaire plutôt entreprenants et parfois limites, les chauffeurs de tuktuk et motodop ne vont pas à la pêche au client, ils attendent avec un demi-sourire, peut-être persuadés qu’ils reverront les jours heureux et que cette période étrange n’est qu’un mauvais moment à passer.
En avançant vers le boulevard Norodom, les conversations vont bon train entre les restaurateurs, clients et même les passants. Chacun d’eux tient son discours, souvent sensé et presque identique :
« Nous réussissons à affronter les chocs liés aux périodes de lockdown, mais il sera difficile d’affronter de nouvelles fermetures provisoires »
D’autres confient accueillir un afflux clientèle encourageant dans la matinée. Si cela compense la faible fréquentation en soirée, cela reste tout de même insuffisant. Logique, nombre d’entre eux ont déployé des efforts considérables pour garder leurs employés et ils ont besoin de la réouverture des discothèques, cinémas et autres lieux de divertissement qui drainent la clientèle de soirée dans les restaurants du centre.
Difficile de prévoir à quelle vitesse la capitale pourra retrouver son rythme, son ambiance et un minimum d’activité permettant aux acteurs du secteur hôtelier, touristique et de divertissement de retrouver une affluence raisonnable. S’il y a plusieurs raisons d’espérer, le gouvernement prévoit une ouverture aux touristes vaccinés en fin d’année, les cas d’infection semblent se stabiliser dans Phnom Penh et chacun s’emploie à respecter et faire respecter ces fameuses règles sanitaires qui, quelque part, même si elles peuvent paraître contraignantes, constituent une des conditions essentielles à un retour à la normale ou vers cette « nouvelle normalité » dont on parle tant.
Nota : Les sujets photographiés ont été dédommagés.
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