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Nature : A propos des sanctuaires d'éléphants par Pierre-Yves Clais

Dernière mise à jour : 9 mars 2020

En relation directe avec l'article de Rémi Abad à propos du sanctuaire d'éléphants de Siem Reap appelé « Kulen Elephant Forest », nous proposons à nos lecteurs l'intégralité des commentaires émis par Pierre-Yves Clais de la fondation Airavata au sujet de cette démarche.

« La démarche de « Kulen Elephant Forest » est née du besoin de corriger l’image de marque qui collait à leur précédente entreprise, la « Compagnie des Éléphants d’Angkor », ils ont donc souhaité rompre radicalement avec le précédent modèle et opté pour ce que font la plupart des gens sous la pression des militants antispécistes, à savoir un « sanctuaire ».

C’est leur choix et nous le respectons ; il est bien certain que leurs 14 pachydermes seront mieux lotis dans leur nouvel emplacement qu’au milieu des voitures.

La famille Piot, propriétaire de ces éléphants, travaille, comme Airavata, avec le grand spécialiste suédois Dan Koehl pour améliorer les conditions de vie de ses pachydermes, ça ne peut donc être que positif !

Ce n’est pas si simple, car il faut composer avec la propagande incessante des antispécistes diffusée par les médias

La protection des éléphants dits domestiques est devenue un sujet particulièrement clivant ces dernières années. Surfant sur des abus réels liés au tourisme de masse, principalement en Thaïlande, des activistes antispécistes ont lancé une offensive tous azimuts sur les opérateurs « traditionnels », les accusant de tous les maux. D’après eux, voilà plus de 3 000 ans que les Asiatiques torturent les éléphants ! Ils ont donc créé ce concept de « sanctuaires » qui la plupart du temps ne sont ni plus ni moins que des zoos déguisés, où les touristes payent très cher pour observer les éléphants brouter de l’herbe et apprendre à quel point ces animaux étaient maltraités avant d’être sauvés par les Occidentaux qui opèrent ces centres. Ils ont une égérie, la Thaïlandaise Lek Chailert, mais dans l’ensemble c’est un mouvement occidental, principalement anglo-saxon, qui ne peut survivre qu’en couvrant d’opprobre ceux qui ne suivent pas leur modèle. Sans bourreaux, pas de sauveurs…

L’approche d’Airavata est différente dans le sens où nous considérons l’éléphant comme le pilier central de la culture, des traditions et de l’histoire khmères et que nous rejetons les conclusions des antispécistes sur les rapports hommes / éléphants en particulier le fait que monter sur leur dos avec une nacelle serait dommageable à leur colonne vertébrale. Tant que nous le pourrons, nous maintiendrons ces traditions que nous sommes maintenant les derniers à défendre au Cambodge.

Des études vétérinaires menées en Thaïlande ont pourtant démontré que les éléphants des sanctuaires étaient en moins bon état de santé et surtout plus stressés que leurs congénères

Ce n’est pas si simple, car il faut composer avec la propagande incessante des antispécistes diffusée par les médias, des vidéos violentes qui choquent à dessein le public. Une tradition plurimillénaire est ainsi caricaturée à partir d’une poignée de faits divers datant parfois de… 30 ans. Ces groupes de pression ne tolèrent aucune opposition et s’acharnent par tous les moyens sur les « dissidents », quelquefois en dénonçant publiquement les mécènes qui les soutiennent (« name and shame »). Des études vétérinaires menées en Thaïlande ont portant démontré que les éléphants des sanctuaires étaient en moins bon état de santé et surtout plus stressés que leurs congénères qui ont une activité physique régulière par le biais des balades traditionnelles.

C’est uniquement en faisant travailler Bak Maï, l’éléphant « tueur » de Mondolkiri que nous avons pu le réhabiliter et qu’il a pu reprendre confiance en l’homme. Pendant trois ans il avait été délaissé, ne s’était plus dépensé physiquement, c’est ce qui a conduit au drame. Notons au passage qu’aucun « sanctuaire » n’en voulait à l’époque, avant qu’Airavata, qui n’en avait pas les moyens, ne s’endette pour acquérir Bak Mai. Dans leur communication, les antispécistes n’achètent d’ailleurs jamais un éléphant, ils le « sauvent »…

La plupart du temps, les « sanctuaires » n’ont que des femelles, pas de mâles, qui sont beaucoup plus difficiles à gérer et tombent au moins une fois par an en musth, une période allant de 2 à 3 mois, où leur testostérone est multipliée par 60 et où ils attaquent tout ce qui bouge : congénères, hommes et autres animaux. Pour les reprendre en main ensuite, le travail est vital et c’est là que le concept de « sanctuaire » achoppe, attendu qu’il est proscrit dans les textes…

Que vont d’ailleurs devenir les deux éléphants mâles de Siem Reap : Tong Kham et Khamsong, le frère de notre femelle Ikeo, dans le nouveau centre des Kulen ? Il est peu probable qu’ils soient laissés en liberté avec le reste du troupeau…

Encore une fois, rien n’est simple, seuls les antispécistes le croient, avant d’être parfois rattrapés par la réalité et les accidents…

Les éléphants des sanctuaires ne travaillant plus, par manque d’activité, ils développent de l’agressivité et plusieurs cornacs ont payé de leur vie les lubies de leurs patrons, le dernier est mort en 2018 à « Elephant Nature Park » en Thaïlande. Mais on en n’en parle pas, on le cache et continue, comme si de rien n’était à marteler que les éléphants peuvent être gérés avec de « l’amour et des bananes » et à diffuser les mêmes films sur la barbarie des autres. Il y a tant d’argent en jeu, les « sanctuaires » comme ENP rapportent des millions…»

Pierre-Yves Clais

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