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Initiative : Le Cotton Club de Battambang et le souci du 100% naturel

Le marché mondial du « cuir végétalien » - des matériaux de substitution au cuir traditionnel qui peuvent être synthétisés à partir de liège, de pelures de pomme, de cactus, de plastique recyclé, de marc de raisin et de feuilles d’ananas, entre autres, et dont la production est censée ne nécessiter ni produits chimiques ni eau - devrait atteindre près de 85 milliards de dollars d’ici 2025.

Le Cambodia Cotton Club (CCC) cultive du coton sans pesticides, puis le file sur une machine à filer japonaise vieille de 150 ans, afin de fabriquer et ensuite vendre des produits en coton. Photographie fournie.
Le Cambodia Cotton Club (CCC) cultive du coton sans pesticides, puis le file sur une machine à filer japonaise vieille de 150 ans, afin de fabriquer et ensuite vendre des produits en coton. Photographie fournie.

Tendance

Il y a quelques années encore, les entreprises proposant des produits en cuir à base de plantes étaient reléguées à la périphérie de l’industrie de la mode. Aujourd’hui, face à la demande croissante d’une industrie plus respectueuse de l’environnement, les marques cherchent des moyens d’éliminer la nécessité d’utiliser des peaux animales dans leurs produits.

Le cuir artificiel fabriqué à partir de pelures de fruits, de feuilles d’ananas et de champignons mis au rebut est utilisé pour fabriquer des vêtements et des chaussures. Des marques mondiales comme Hermès et Adidas se sont associées à des startups pour développer de tels produits.

Le cuir végétalien, qui recrée l’aspect et la texture de la peau animale, mais avec des matières premières d’origine végétale, est désormais une tendance mondiale visant à protéger les animaux et à respecter l’environnement.

Cambodia Cotton Club

Espérant tirer parti de ces nouvelles tendances, le Cambodia Cotton Club (CCC) - une ONG située dans la commune de Voat Kor, dans la ville de Battambang - cultive du coton sans pesticides, puis le file sur une machine à filer japonaise vieille de 150 ans, afin de fabriquer et de vendre des produits en coton. Fondé par un ressortissant japonais en 2007, le CCC emploie des femmes des ménages agricoles voisins pour les aider à devenir autonomes.

Jeunes filles de Battambang montrant le coton produit. Photo fournie
Jeunes filles de Battambang montrant le coton produit. Photo fournie

« Nous avons récemment développé un cuir en utilisant du coton cultivé à Battambang et des matériaux naturels cambodgiens. Un matériau totalement nouveau a été créé. Tous sont fabriqués à partir de plantes parmi les ressources naturelles du Cambodge ou grâce à la culture durable du coton », explique Atsushi Furusawa, fondateur et actuellement conseiller technique du CCC.

Selon le fondateur, la mission du CCC est de créer de l’emploi pour les femmes, de l’indépendance économique et des opportunités éducatives en produisant du cuir de coton entièrement fabriqué au Cambodge, des matières premières au produit fini.

« Les matériaux que nous utilisons retournent à la terre. Nous utilisons des produits naturels sans traitement chimique. Par exemple, les colorants que nous utilisons pour teindre nos étoles proviennent de plantes. Nous n’utilisons jamais de produits chimiques nocifs. », précise M. Furusawa.
Pochettes en coton brut fabriqué par le Cambodia Cotton Club. Photo fournie
Pochettes en coton brut fabriqué par le Cambodia Cotton Club. Photo fournie

Selon le fondateur, l’ONG se concentre principalement sur l’aide aux mères célibataires, car c’est là que le besoin d’emploi est le plus grand dans la communauté :

« Il fut un temps où des hommes travaillaient pour nous, mais ceux-ci partaient souvent soudainement en Thaïlande pour travailler ou étaient recrutés par d’autres entreprises. De plus, lorsqu’hommes et femmes travaillent ensemble, des problèmes d’ordre romantique peuvent survenir. Les femmes sont également mieux adaptées aux travaux détaillés qui demandent de la patience ».

« Le travail du bois et celui du métal sont effectués par des femmes. Il n’y a pas grand-chose qu’une femme ne soit capable de faire si elle suit un cours et si elle le fait avec lenteur et précaution  », ajoute-t-il.

La province de Battambang était autrefois une importante région productrice de coton, mais l’industrie a été détruite pendant la guerre civile. Les mines terrestres enterrées pendant la guerre civile sont toujours là et le travail pour les enlever est en cours.

Selon M. Furusawa, il est bien connu que la culture du coton représente généralement la plus grande quantité de pesticides utilisés dans le monde, soit cinq kilogrammes pour un kilogramme de coton cultivé, et que le processus de teinture utilise également, dans la plupart des cas, de grandes quantités d’eau et de produits chimiques toxiques.

En fait, 20 % des eaux usées dans le monde proviennent de la teinture des vêtements. Ce n’est pas le cas du coton CCC, qui n’utilise aucun pesticide et uniquement des teintures naturelles.

« Par ailleurs, souligne M. Furusawa, la moitié des vêtements fabriqués avec un impact significatif sur l’environnement naturel sont incinérés ou mis en décharge en peu de temps. Dans le processus de production, de consommation et d’élimination, de grandes quantités de dioxyde de carbone sont émises et les masses d’eau sont polluées, et cela se passe en grande partie en Asie du Sud-Est, où se trouvent de nombreuses usines ».

Les locaux de Battambang
Les locaux de Battambang

« J’étais infirmière au Japon, donc je suis chargée de la gestion de la santé et de la coordination du personnel, ainsi que de la supervision de leur travail pour s’assurer qu’il n’y a pas d’accident’, explique la principale bénévole Yuka Bando, 36 ans.

« Nous n’utilisons pas de colorants chimiques. Nous fabriquons des teintures à partir de plantes et de fruits qui poussent à l’état sauvage dans la forêt voisine. Nos teintures proviennent de graines de mangue et d’avocat et nous utilisons des teintures herbacées 100 % biologiques.»

Yuka confie qu’elle est motivée par le fait d’avoir la chance de voir le personnel du CCC se développer et gagner en compétences et en confiance.

« Je suis très heureuse quand je vois un membre du personnel qui n’avait pas de ciseaux à la maison apprendre à utiliser les nombreux types de ciseaux de l’atelier à des fins différentes, ou quand je vois un nouveau venu à qui un employé plus âgé apprend à travailler », ajoute Yuka.

Travailler sur un lieu de travail exclusivement féminin peut parfois poser des difficultés pour soulever des objets lourds, mais en faisant preuve de créativité, les femmes parviennent à contourner ces problèmes.

« J’espère que nos employées apprendront qu’avec un peu d’ingéniosité et de bonnes idées, elles peuvent tout faire, même soulever des objets lourds, même sans force, et qu’elles auront la confiance nécessaire pour ne pas abandonner avant même de commencer », dit Yuka.

Rouleaux de coton. Photographie fournie
Rouleaux de coton. Photographie fournie

La volontaire japonaise indique aussi qu’elle a elle-même beaucoup appris au cours des sept années où elle a travaillé avec le personnel féminin de la CCC.

« Réfléchir ensemble à des travaux, puis les accomplir en surmontant les difficultés est un excellent moyen d’apprendre. Je crois qu’il est important de ne pas être pessimiste, mais de réfléchir à la manière dont nous pouvons atteindre nos objectifs. J’espère qu’à travers leur travail, nos ouvrières apprendront beaucoup de choses et grandiront ».

Un membre du personnel de 28 ans, Rorn Chanreuy, explique qu’elle travaille ici depuis sept ans et qu’elle habite à proximité.

« Je suis vraiment heureuse de mon travail, car je peux me permettre de prendre soin de ma famille avec le salaire qu’ils me versent », dit-elle.

Jusqu’à présent, les produits de la CCC ont surtout été vendus au Japon, en partie à cause des racines des fondateurs de l’organisation dans ce pays.

« Pourquoi le Japon ? Parce nous pensons que si les clients japonais sont satisfaits, les clients des autres pays le seront aussi. Nous avons eu d’autres clients comme les États-Unis, la France et une église catholique en Espagne. Mais quand nous n’avons pas assez de ventes, je travaille la nuit et j’utilise l’argent pour payer les opérations du CCC. Mais plus de 10 précommandes de cuir de coton sont arrivées du Japon », conclut Atsushi.

Pann Rethea avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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