Les textes chinois constituent une source d’information primordiale pour retracer l’histoire du Cambodge ancien.
Dès le premier siècle avant notre ère, pour chacune des dynasties qui se sont succédées en Chine, était rédigée une « histoire officielle » contenant de nombreuses informations sur l’Empire du Milieu. Fort de ces dernières, il est possible d’en savoir plus sur les relations avec les autres pays.
Compilation historique pour la compréhension des relations sino-khmères
Le Cambodge est souvent cité dans ces annales, sous ses différents noms chinois (Funan, Zhenla, Jianpuzhai). Les deux pays ont entretenu très tôt des relations suivies. En plus de l’Histoire des Ming, la chronique officielle de la dynastie des Ming (1368-1644), on dispose encore pour cette période d’une masse d’informations. Ces dernières sont regroupées dans une compilation intitulée Documents authentiques des Ming, qui relate les événements se déroulant à la cour impériale au jour le jour.
Journée du 7 octobre 1404
Les scribes chinois ont pris note du quatrième jour du neuvième mois de la deuxième année de l’ère Yongle, le 7 octobre 1404. Un vice-ministre du royaume du Zhenla, appelé en chinois Nai-zhi, envoyé par son roi Can-lie-po-pi-ya à la tête d’une délégation de neuf personnes, fut reçu à la cour de l’empereur de Chine et offrit à ce dernier différents présents.
Se trouvait également à la cour un eunuque chinois, qui rentrait justement d’une mission diplomatique au Zhenla.L’Empereur fut très étonné de remarquer dans l’escorte de l’eunuque la présence de trois soldats étrangers. Il fut rapporté à l’Empereur que, lors du retour de l’eunuque en Chine, trois des soldats faisant partie de l’escorte de l’ambassadeur chinois avaient déserté.
Les efforts déployés pour retrouver les déserteurs furent vains. Le roi du Zhenla prit alors l’initiative de recompléter l’escorte de l’Ambassadeur chinois avec trois de ses soldats. Le Ministre chinois des Rites présenta ces trois fiers guerriers khmers à l’empereur Yongle.
Yongle trouva surprenant que le roi du Zhenla eût estimé qu’il fût de son devoir de recompléter l’escorte de l’eunuque chinois. Les soldats chinois avaient en effet déserté de leur propre chef. Le Roi des Khmers ne pouvait donc être tenu pour responsable de ce fâcheux indicent.
Le bienveillant Empereur chinois expliqua ensuite que puisque ces soldats khmers ne parlaient pas le chinois, la différence de coutumes marquerait également un frein à leur employabilité dans l’armée impériale. En outre, ils avaient probablement laissé une famille au pays. Il convenait donc que ces guerriers khmers soient renvoyés chez eux.
Le Ministre des Rites tenta de faire revenir l’Empereur sur sa décision. Il argua notamment du fait que des Khmers avaient certainement donné refuge aux déserteurs chinois. Il était somme toute naturel que la Chine fût compensée pour la perte de ses soldats. Mais Yongle, disant qu’il était de son devoir d’être magnanime, ne tint pas compte de l’avis de son Ministre des Rites.Il fit alors renvoyer chez eux les malheureux soldats khmers.
La traduction en anglais de ce passage précis des Documents authentiques des Ming est disponible en ligne, ici.
Pascal Médeville
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