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Cambodge & Textile : Passer à la fabrication de masques et maintenir l’activité et les emplois

Alors qu'au Cambodge, plus de 180 usines ont récemment suspendu leurs activités ou fermé, affectant environ 200 000 travailleurs, l’usine de Ming Fai a décidé de trouver une autre source de revenus pour parer au ralentissement économique provoqué par la pandémie de coronavirus.

Passer à la fabrication de masques et maintenir l’activité et les emplois
Passer à la fabrication de masques et maintenir l’activité et les emplois. Photographie ILO

L’usine, basée à Kampong Speu dans le district de Samraung Torng, fabrique des produits pour les hôtels et les compagnies aériennes, et avec l’arrêt brusque des voyages et le fort ralentissement du tourisme, l’usine a choisi de se diversifier. Pour poursuivre son activité, l’usine a modifié sa ligne de production afin de répondre à la demande mondiale de masques chirurgicaux.

Savoir s'adapter, pour combien de temps ?

Em Sarat, un représentant de l’usine, déclare qu’avec un accès limité aux marchés d’exportation aux États-Unis, dans l’Union européenne, à Singapour et en Australie, la production de masques chirurgicaux s'avère probablement la meilleure solution pour le moment.

« Les demandes de masques chirurgicaux augmentent de façon significative, nous avons alors ajouté cette fabrication dans notre chaîne de production »

Ming Fai est l’une des trois usines qui ont rapidement diversifié leurs opérations pour répondre à la demande mondiale d’équipements médicaux. Roo Hsing Garment et Global Apparel and Textile, deux autres usines basées au Cambodge, ont décidé de suivre le même chemin. Si Ming Fai n’avait pas été en mesure de modifier sa chaîne de production pour fabriquer des masques, indique Em Sarath, rien ne garantissait que les 2 300 travailleurs seraient toujours employés.

Il ajoute que la demande pour leurs anciens produits, tels que les pantoufles en tissu, les chaussettes et les masques pour les yeux, ont chuté de 70 %, mais avec la production de masques faciaux, près de 70 % de leurs travailleurs ont conservé leur emploi. L’attitude contraste fortement avec d’autres usines, qui ont décidé de suspendre totalement leurs opérations pour plusieurs mois en raison du manque de commande, ou ont complètement fermé, laissant les employés sans travail.

Selon les statistiques du ministère du Travail et de la Formation professionnelle, le royaume abrite environ 1 200 usines de confection, de chaussures et d’articles de voyage. Elles emploient plus de 750 000 travailleurs. Les vêtements et les chaussures sont un pilier clé des exportations du Cambodge, représentant jusqu’à 80 % des échanges avec l’Union européenne.

Face à pénurie

En pleine pandémie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé la pénurie de masques, d’équipements de protection et de ventilateurs, alors que les infections ont atteint plus de quatre millions de cas dans le monde cette semaine. Ce manque d’équipement de protection individuelle paralyse les hôpitaux et les installations médicales, en particulier dans des pays comme les États-Unis et l’Italie, et met la vie du personnel médical en danger.

M.Fadela Chaib, porte-parole de l’OMS, confirme que l’organisation encourage le passage industriel à la production d’équipements médicaux lorsque cela s’avère possible.

« Nous avons vu de nombreuses usines dans le monde changer leur production pour fabriquer du matériel médical, afin de s’adapter en ces temps difficiles »

Mais ce changement de production n’a pas été facile ni possible à grande échelle, précise Ken Loo, secrétaire général de l’Association des fabricants de vêtements du Cambodge.

« C’est très difficile », dit-il. « Tout d’abord, les machines sont complètement différentes. Deuxièmement, l’exigence est également différente, car si vous voulez produire des masques chirurgicaux, vous devez le faire dans une salle blanche. Vous ne pouvez pas travailler dans un environnement ouvert. » Il confirme qu’il n’est pas « simple » pour les usines d’effectuer ce changement et que dans l’intervalle, jusqu’à ce que les commandes et la production reviennent à la normale, il n’existe pas beaucoup de propriétaires d’usine au Cambodge capables d’adapter rapidement leur production.

Encouragement gouvernemental

Le secrétaire d’État au ministère de l’Industrie, Oum Sotha, précise que le gouvernement soutient l’initiative de transformer les lignes de production en fabrication de masques et autres équipements de protection, admettant que le processus n’est pas aisé.

« Cela ne signifie pas les patrons d’usine ne veulent pas », annonce Oum Sotha. « Mais certaines “reconversions” peuvent être un défi pour certaines usines, car elles manquent de techniciens et cela ne peut pas se faire du jour au lendemain en raison des changements nécessaires dans les chaînes de production. »

Les dossiers du ministère indiquent que sept usines et sept ateliers produisent ou ont effectué la demande pour des permis de production de masques et d’équipements de protection au début du mois d’avril 2020. Les dossiers montrent qu’il est possible de produire au moins 91,2 millions de masques médicaux, 17,8 millions d’ensembles de vêtements de protection et 9 millions de masques faciaux par mois.

Kun Nhim, chef du Département général des douanes et accises du ministère des Finances déclare accorder carte blanche aux usines pour fabriquer, vendre et exporter des masques « parce que le gouvernement royal souhaite aussi gérer et sécuriser des stocks suffisants de masques pour servir la lutte nationale contre le COVID — 19. »

Garantir la sécurité des travailleurs

Alors que la transformation de la production peut aider les travailleurs à garder leur emploi, Yang Sophorn, président de l’Alliance cambodgienne des syndicats, déclare qu’il faut également assurer la sécurité des travailleurs, comme le maintien de la distance sociale, pour garantir que les employés ne soient pas mis en danger en raison de la pandémie.

« Dans le flux de production, les articles sont soit travaillés conjointement, soit transmis d’un travailleur à un autre », explique Yang Sophorn.

« Cela soulève des questions sur les pratiques de sécurité et d’hygiène qui exigent que les usines demeurent extrêmement vigilantes »

De retour à l’usine de Ming Fai, malgré le passage de la production aux masques, Em Sarat, le représentant de l’usine, ne se montre pas certain de la pérennité de cette reconversion. « Mais, tant qu’il y aura des besoins et des commandes régulières, nous poursuivrons la production de masques », conclut-il.

Aun Chhengpor — VOA Khmer & Christophe Gargiulo

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