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Cambodge & Sports : Semi-marathon d’Angkor, les temples comme témoins

C’est l’une des courses les plus prestigieuses d’Asie : depuis sa création en 1996, le semi-marathon d’Angkor attire dans ses temples des coureurs venus des quatre coins du monde. Sa 27e édition vient de s’achever, voyant la victoire de l’Américaine Nickel Lindsay et du Cambodgien d’origine japonaise Kuniaki Takizaki. Près de 8 000 participants auront pris part à l’épreuve.

Du soulagement, de la satisfaction et de la fierté, mais aussi de la fatigue et parfois de la souffrance pouvaient se lire sur les visages des coureurs franchissant la ligne d’arrivée en cette matinée du 4 décembre. Malgré un départ à l’aube, la chaleur et l’humidité du climat tropical ont mis les organismes à rude épreuve. Ce qui n’aura en rien entravé la joie des participants venus récupérer leur médaille à l’effigie d’une porte d’Angkor Thom, brandie bien haut le temps d’une photo.

Sport et patrimoine

Pour les 7.534 inscrits, tout a commencé dans le hall de l’hôtel hébergeant le Comité d’organisation, dont les murs ont résonné de cent langages. Venus prendre possession de leurs dossards et des instructions relatives à la course, les coureurs interrogés invoquaient pour beaucoup les temples d’Angkor comme principale motivation. Parmi les 69 nationalités représentées, un grand nombre de Français, qu’ils se soient déplacés seuls, en famille ou entre amis, n’ont pas eu peur d’effectuer un voyage plus ou moins long afin de concilier amour du sport et du patrimoine. Du groupe d’amis habitant Phnom Penh, des familles résidant en Thaïlande ou du couple de Parisiens rencontrés, tous se montraient impatients de parcourir ainsi le parc archéologique d’Angkor. Particulièrement spectaculaire, cette course rejoint des épreuves légendaires telles que les marathons de la Grande muraille de Chine, de Bagan, de Petra ou de Venise.

Afflux de touristes

Une fois leur kit de course récupéré, les athlètes sont ensuite partis à la découverte de Siem Reap, dont de nombreux établissements leur réservaient des tarifs spéciaux. « Ce semi-marathon est une bonne occasion pour la ville d’oublier les deux longues années passées, lorsque la fréquentation touristique s’était effondrée. C’est pour nous une belle bouffée d’oxygène », remarque un commerçant dont l’établissement se situe non loin de Pub Street, l’une des principales artères de Siem Reap. Durant quelques jours en effet, les rues ont bruissé d’une agitation inhabituelle et les temples ont enregistré un afflux significatif de visiteurs.

Course à travers le temps

Démarrant et s’achevant devant Angkor Vat, le parcours aura permis de longer Banteay Kdei et Takeo, de raser le Bayon et de franchir deux des portes monumentales gardant l’entrée d’Angkor Thom. Ce sont en tout 13 temples qui ont été salués par les coureurs, tout du moins pour celles et ceux qui se sont confrontés aux 21 kilomètres, d’autres options étant disponibles, respectivement de 10, 5 et 3 kilomètres. Défendant l’inclusivité, la course a aussi permis à des coureurs handicapés, amputés ou en fauteuil roulant de briller par leurs performances.

S'engager pour de justes causes

Pour les organisateurs, l’écrin d’Angkor, regroupant dans un même espace richesses historiques et naturelles, permet de sensibiliser les athlètes aux beautés, mais aussi à la fragilité des lieux. Pour mener à bien cette mission didactique, 1 000 coureurs, principalement issus de la jeune génération, sont invités chaque année à concourir sans avoir à s’acquitter de frais d’inscription. La participation demandée aux autres candidats sert quant à elle à financer des organisations caritatives luttant contre le virus du SIDA, pour l’inclusion des personnes handicapées et pour l’éducation des enfants issus de milieux défavorisés, sans oublier la promotion du sport, de ses valeurs et de ses capacités d’insertion. Les hôpitaux de la ville, Angkor Hospital for Children et Kantha Bopha, font aussi partie de la liste des bénéficiaires.

Yuko Arimori, la dame de cœur

Lorsqu’il fut créé en 1996, le semi-marathon d’Angkor n’a rassemblé qu’une centaine de coureurs venus de 14 pays. Première course de ce type au Cambodge, l’objectif de cet événement a toujours été de venir en aide aux plus vulnérables, focalisant ses premiers efforts sur les victimes des mines antipersonnel. Mais un autre aspect propre au sport a alors eu lieu, comme l’a remarqué l’athlète japonaise Yuko Arimori, cofondatrice de l’événement. Lorsqu’en 1997 se déroula la deuxième édition, et tandis que le royaume menaçait de retomber dans la guerre civile, « Tous les participants, quelle que soit leur opinion politique, se tinrent ensemble sur la ligne de départ et appelèrent à la paix pour le Cambodge. J’ai réalisé que le sport avait le pouvoir de rendre la société plus salubre et de prévenir les conflits * » déclarait alors la médaillée d’argent des J.O. de Barcelone en 1992 et de bronze à ceux d’Atlanta en 1996. L’année suivante voyait la création par l’athlète de l’ONG Hearts of gold, toujours active au Cambodge, et faisant partie des associations bénéficiaires des fonds levés par le semi-marathon. De 17 689 dollars en 1996, les donations aux organisations caritatives ont atteint la somme record de 144 611 dollars en 2019.

Dernière ligne droite avant les SEA Games

Fidèle à ses engagements et heureuse de renouer avec cette course dont la pandémie l’avait privée, Yuko Arimori était présente lors de cette édition, courant le 10 kilomètres et remettant leur médaille aux athlètes montés sur le podium. Ota Natsuko, Japonaise finissant troisième dans sa catégorie, n’a pu s’empêcher de fondre en larmes lorsque Mme Arimori l’a étreinte, avouant toute l’admiration suscitée par cette immense sportive au grand cœur. Résolument international, ce semi-marathon fut aussi l’occasion pour les Cambodgiens, qui représentaient près de 75 % des participants, de s’illustrer dans une discipline qui séduit de plus en plus.

Depuis quelques années, les épreuves fleurissent, qu’il s’agisse du Khmer Empire marathon ou des semi-marathons internationaux de Sihanoukville et de Phnom Penh. Mais ce qui retient le plus l’attention est la tenue très prochaine, en mai 2023, des SEA Games. Se déroulant à Phnom Penh, ces Jeux d’Asie du Sud-Est très attendus seront l’occasion de faire briller toutes les valeurs du sport.

 

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