Dans un contexte mondial dominé par les réseaux sociaux étrangers, un groupe cambodgien dirigé par Lee Ngeap, comptable devenu entrepreneur, entend marquer le monde du numérique de son empreinte avec Snapkyu. Cette plateforme de médias sociaux conçue localement est le fruit d’une ambition commune : créer une solution cambodgienne pour les utilisateurs cambodgiens.
Face à l’essor rapide du numérique au Cambodge, Ngeap s’est engagé à proposer une plateforme qui réponde aux besoins des utilisateurs locaux.
« J’ai observé que jusqu’à 88 millions de dollars quittent le Cambodge à cause des dépenses en ligne », déclare M. Ngeap.
Selon l’entrepreneur, les principales difficultés rencontrées par les utilisateurs cambodgiens sur les plateformes internationales concernent souvent la recherche d’une assistance pour des problèmes de compte, ainsi qu’un appel à des pages commerciales désignées et à une vérification simplifiée. La vision de Ngeap est de faire la différence.
« Notre objectif est de construire une plateforme où les utilisateurs cambodgiens se sentent soutenus et responsabilisés, un espace pour la croissance des entreprises et la connectivité sans dépendre totalement des plateformes étrangères », explique-t-il.
Snapkyu, officiellement reconnu par le ministère du Commerce, est imprégné d’un objectif : le terme « snap » désigne la capture d’un instantané, tandis que « kyu » s’inspire de la file d’attente.
Cette entreprise a démarré il y a six ans, lorsqu’un groupe d’amis engagés a décidé d’investir son temps libre dans le projet.
« Au fil des années, nous avons été confrontés à des défis et avons même dû coder à nouveau en raison de la forte utilisation, ce qui a causé des désagréments à nos utilisateurs », révèle M. Ngeap, ajoutant :
« En tant que Cambodgiens inexpérimentés, nous nous sommes attaqués à ces obstacles un par un »
La construction d’une plateforme locale de médias sociaux n’est pas exempte de difficultés. L’équipe a été confrontée à des problèmes de codage complexe et à la nécessité occasionnelle de réécrire le code en raison d’une utilisation intensive. Cependant, elle a su faire preuve de persévérance.
« Nous avons persévéré en tant qu’équipe, en réglant les problèmes un par un, en exploitant notre esprit cambodgien de détermination et de créativité », dit-il.
Malgré une croissance plus progressive que celle des mastodontes de la technologie, Snapkyu a attiré près de 200 000 utilisateurs, ce qui démontre un certain attrait de la part de la communauté.
M. Ngeap admet qu’il est difficile de rivaliser avec des plateformes étrangères bien établies, mais il reste déterminé à renforcer la confiance des utilisateurs, en particulier au sujet de la rapidité de Snapkyu.
Travaillant avec une société de serveurs singapourienne, l’équipe est déterminée à garantir une expérience utilisateur rapide et ininterrompue. Malgré les moments de doute, l’engagement de Ngeap envers Snapkyu est alimenté par son désir d’améliorer le paysage numérique du Cambodge :
« J’y ai consacré six ans, comment pourrais-je arrêter maintenant ? Des fonds marketing supplémentaires feraient certainement une différence significative, en particulier à mesure que Snapkyu gagne en notoriété. »
Snapkyu se distingue par des fonctionnalités uniques, telles que le « commentaire vocal » sur le fil d’actualité, qui offre aux utilisateurs un nouveau moyen de s’exprimer. En outre, il facilite la conversion de la voix en texte en khmer et en anglais, ce qui répond à la diversité linguistique des utilisateurs cambodgiens. Pourtant, le voyage n’a pas été exempt d’obstacles, tels qu’un codage complexe et des processus de conception qui prennent du temps.
Ngeap reconnaît le manque de confiance dans les réseaux sociaux locaux, principalement en raison des préoccupations liées à la protection de la vie privée. Il souligne toutefois que la confidentialité absolue est un mythe, car toutes les entreprises ont accès aux données des utilisateurs.
« Dès l’instant où nous achetons un téléphone, notre vie privée est compromise. Et toute application mobile, qu’elle provienne de Google ou d’Apple, exige que nous acceptions les termes de leurs politiques de confidentialité avant de l’utiliser », explique-t-il.
Ngeap calme les appréhensions en rappelant aux utilisateurs que Snapkyu a obtenu une licence du ministère de tutelle. L’entreprise prévoit d’établir un bureau pour vérifier publiquement son engagement en matière de protection de la vie privée.
Pour garantir la sécurité, Snapkyu dispose d’un système de connexion unique où les utilisateurs reçoivent un code via leur numéro de téléphone mobile, ce qui constitue un niveau de vérification et de protection plus élevé.
Toujours tourné vers l’avenir, Snapkyu a des projets ambitieux pour améliorer ses offres, notamment la diffusion en direct d’ici 2023, et un engagement fort en faveur de la sécurité des utilisateurs, avec des mesures robustes contre les contenus abusifs.
« Si les utilisateurs publient des contenus inappropriés, nous prenons des mesures pour les supprimer et les fermer. Notre temps de réponse aux contenus abusifs peut être aussi court qu’une journée, pendant laquelle nous désactivons tout partage, à l’exception de l’enregistrement, ce qui n’est pas possible sur d’autres plateformes de médias sociaux », affirme M. Ngeap.
Alors que Snapkyu trace sa propre voie dans le paysage numérique cambodgien, Ngeap reste inébranlable.
« Nous avons parcouru un long chemin et, avec davantage de marketing et une reconnaissance croissante, Snapkyu a le potentiel d’avoir un impact significatif sur notre communauté numérique », dit-il.
Snapkyu aspire à devenir la plateforme que les Cambodgiens peuvent s’approprier, en favorisant les connexions, en donnant du pouvoir aux entreprises et en reflétant le dynamisme de la communauté numérique cambodgienne. Avec ses caractéristiques distinctes, son engagement en faveur de la protection de la vie privée et ses projets de croissance future, Snapkyu est appelé à devenir une plateforme solide, aidant les Cambodgiens à se connecter, à créer et à s’épanouir à l’ère numérique.
Hong Raksmey avec notre partenaire The Post