top of page
Ancre 1

Cambodge & Diplomatie : Au cœur de Kigali, la Francophonie cambodgienne se réinvente

Alors que Kigali accueillaient la 46e Conférence ministérielle de la Francophonie, la diplomatie cambodgienne y a trouvé une scène idéale pour affirmer une ambition nouvelle : faire du Royaume l’un des moteurs politiques, culturels et géopolitiques de l’espace francophone.​

Le Vice‑Premier ministre et ministre des Affaires étrangères PRAK Sokhonn
Le Vice‑Premier ministre et ministre des Affaires étrangères PRAK Sokhonn

Un voyage officiel qui resserre les liens

Le 18 novembre 2025, le Vice‑Premier ministre et ministre des Affaires étrangères PRAK Sokhonn entame une visite officielle au Rwanda, prélude à la Conférence ministérielle. Cette halte bilatérale, à l’invitation de son homologue rwandais Olivier J.P. Nduhungirehe, vise à donner de la consistance à une relation encore jeune mais stratégique entre deux pays qui se reconnaissent des trajectoires de sortie de conflit et de reconstruction institutionnelle.​

Les discussions portent sur la coopération politique, économique et culturelle, avec la signature d’un mémorandum de consultations régulières entre les deux ministères et d’un accord d’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels. Au‑delà des textes, c’est une vision partagée qui se dessine : celle de deux États du Sud qui misent sur la Francophonie comme levier de diversification de leurs partenariats et de montée en gamme de leurs économies.​

Kigali, laboratoire d’une Francophonie inclusive

La 46e Conférence ministérielle, organisée du 19 au 20 novembre 2025 autour du thème « Trente ans après Beijing : la contribution des femmes dans les pays francophones », offre à PRAK Sokhonn une tribune pour inscrire le Cambodge dans les débats de fond de l’OIF. Le ministre met en avant les progrès réalisés par le Royaume en matière d’égalité de genre : accès accru des filles à l’éducation, soutien à l’entrepreneuriat féminin, présence renforcée des femmes dans la fonction publique et déploiement de casques bleus cambodgiens, dont de nombreuses femmes, dans les opérations de maintien de la paix.​

Cette mise en récit n’est pas qu’un exercice de communication. Elle sert à positionner le Cambodge comme pays contributeur de solutions, et non plus simple bénéficiaire d’assistance. En soulignant le rôle des femmes dans les ODD, la transition numérique et la résilience sociale, Phnom Penh s’aligne sur les priorités contemporaines de la Francophonie, tout en valorisant des politiques publiques nationales en cours de consolidation.​

Le pari d’une Francophonie du futur

Lors d’une session de retraite consacrée aux ambitions de l’OIF face aux recompositions internationales, PRAK Sokhonn plaide pour une Francophonie « voix équilibrée » sur les grands dossiers globaux : climat, intelligence artificielle, gouvernance numérique et sécurité. Il insiste sur la nécessité d’un multilatéralisme plus inclusif, humain et centré sur les besoins des pays en développement, dans lequel l’espace francophone agirait comme force de proposition plutôt que simple bloc de réaction.​

Pour y parvenir, le chef de la diplomatie cambodgienne appelle à investir davantage dans l’éducation, la technologie numérique et des économies plus inclusives, en particulier pour les jeunes. Il plaide aussi pour renforcer les capacités d’anticipation, d’alerte et de médiation de l’OIF afin de prévenir les conflits, en cohérence avec les valeurs de paix, de démocratie, de droits humains et de diversité inscrites dans la Charte de la Francophonie.​

Le retour en force de la langue française

Au‑delà des enjeux géopolitiques, la participation cambodgienne à Kigali réaffirme un choix linguistique assumé. PRAK Sokhonn rappelle ainsi le programme de réintroduction du français dans 50 lycées publics, la formation de centaines d’enseignants et le développement de filières universitaires francophones. Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie plus large de promotion d’un environnement multilingue où le français demeure un atout diplomatique, économique et culturel, notamment par les échanges de jeunes et d’artistes en Asie du Sud‑Est.​

En parallèle, le Cambodge voit dans la Francophonie un cadre idéal pour soutenir l’éducation numérique, l’entrepreneuriat créatif et l’émergence de start‑up tournées vers les marchés francophones. Là encore, Kigali sert de caisse de résonance : les ministres y discutent de plateformes d’apprentissage en ligne, de coopération universitaire et de projets culturels communs, autant de domaines où Phnom Penh entend se positionner comme partenaire dynamique.​

Une présidence cambodgienne à haute responsabilité

Moment symbolique fort : le 20 novembre, PRAK Sokhonn assume officiellement la présidence de la Conférence ministérielle de la Francophonie, succédant à la France et ouvrant un cycle qui culminera avec le Sommet de 2026. Dans son allocution, il remercie le Rwanda pour l’organisation de la 46e CMF, rend hommage à la présidence française sortante et salue la Secrétaire générale de l’OIF pour son engagement à une Francophonie « dynamique et fondée sur les valeurs ».​

Cette nouvelle responsabilité n’est pas qu’honorifique. Elle oblige le Cambodge à garantir la réussite des prochains rendez‑vous : la 47e Conférence ministérielle prévue en novembre 2026 et surtout le 20e Sommet de la Francophonie, qui se tiendra à Siem Reap, au cœur du site d’Angkor. Pour le Royaume, accueillir chefs d’État, délégations et acteurs de la société civile francophone représente une opportunité unique de mettre en avant patrimoine, hospitalité, mais aussi savoir‑faire en matière de gouvernance et de coopération Sud‑Sud.​

Un maillage diplomatique patient et ciblé

En marge des travaux de Kigali, PRAK Sokhonn multiplie les rencontres bilatérales avec ses homologues de Belgique, de France, du Québec et de Suisse. Avec Bruxelles, les discussions portent sur la poursuite des programmes conjoints en santé, éducation, protection sociale et déminage, tout en explorant de nouveaux axes de coopération sectorielle.​

Face aux représentants français et québécois, le ministre cambodgien met l’accent sur la préparation du Sommet 2026, invitant entreprises, collectivités et acteurs culturels à s’engager dans le « Village Francophone » et dans les événements FrancoTech prévus en marge. Les échanges avec la Suisse soulignent quant à eux la continuité du soutien helvétique aux hôpitaux Kantha Bopha et à des projets de gouvernance locale, tout en réaffirmant l’importance de la paix et du règlement pacifique des différends, notamment le long de la frontière cambodgiano‑thaïlandaise.​

En filigrane, c’est toute une cartographie de partenariats ciblés qui se dessine, combinant coopération traditionnelle et nouvelles alliances autour de la technologie, de la santé et de la culture. Pour le Cambodge, Kigali n’aura donc pas été qu’une escale diplomatique de plus, mais le point de départ assumé d’une séquence où le Royaume entend battre la mesure d’une Francophonie résolument tournée vers l’avenir.​

  • Télégramme
  • Youtube
  • Instagram
  • Facebook Social Icône
  • X
  • LinkedIn Social Icône
bottom of page