Il existe de nombreux types de théâtres khmers qui ont survécu et ont pu être préservés jusqu’à ce jour. Parmi eux, le Lakhon Bassac, un art toujours apprécié par le public, en particulier par les Cambodgiens d’âge moyen.
Nous avons interrogé au hasard plusieurs habitants de la capitale. Mme Sun Kalyan, une habitante de Phnom Penh âgée de 57 ans, confie qu’elle est toujours intéressée par le Lakhon Bassac et de nombreuses autres formes d’arts traditionnels khmers, mais qu’elle a rarement l’occasion de les admirer.
« Quand j’étais jeune, j’avais l’habitude de regarder souvent le Lakhon Bassac, mais c’est bien plus rare aujourd’hui. Lorsque mon village organise un grand festival, les artistes sont engagés pour se produire, mais nous sommes trop occupés pour en profiter, quoi qu’il en soit, je continue à soutenir cet art », dit-elle.
Mme Sun Kalyan précise que lorsqu’elle était jeune, quand elle et d’autres villageois entendaient dire qu’il y avait une pièce de Lakhon Bassac dans le village, ils emballaient des oreillers, des nattes et des ustensiles de cuisine pour profiter de la représentation.
« Maintenant, nous avons moins souvent l’occasion de voir des représentations parce que nous ne sommes plus à la campagne, nous vivons en ville avec nos enfants et mon mari qui travaille à Phnom Penh. »
Un autre habitant de Phnom Penh, M. Tuon Sarom, 62 ans, partage le même enthousiasme à propos du Lakhon Bassac.
« Pour certaines formes de spectacles d’art traditionnel comme le Ballet royal, le Lakhon Bassac et ainsi de suite, nous ne nous sentons pas intéressés juste en les entendant, mais lorsque nous pouvons les admirer, nous apprécions beaucoup », dit-il.
« Je n’ai pas regardé une pièce de Lakhon Bassac depuis de nombreuses années. Mais à la fin de l’année dernière, mes villageois ont invité une troupe à se produire et j’ai trouvé que c’était toujours aussi spectaculaire et intéressant », ajoute-t-il.
Le Lakhon Bassac est une forme de théâtre parlé et chanté qui fait appel à de nombreuses disciplines : comédie, tragédie, chant, danse, et musique. Cela intéresse les Cambodgiens d’âge moyen, car les jeunes semblent un peu hésitants, surtout ceux qui n’ont jamais pu apprécier ce genre de spectacle d’art classique.
Tep Vong Piseth, un étudiant de 16 ans, raconte avoir appris l’existence du Lakhon Bassac, mais ne l’a jamais regardé. « J’étudiais, mais je ne l’ai jamais vu, donc il est difficile de dire si je le soutiens ou non. À l’école, les enseignants disent que c’est une forme d’art qui doit être protégée et préservée », confie le jeune étudiant.
Les ancêtres khmers ont laissé derrière eux de nombreuses formes d’art différentes en plus du Lakhon Bassac, comme le Yike, l’Ayai, le Chapey Dang Veng, le Ballet royal et bien d’autres danses et théâtres traditionnels qui représentent l’âme de la nation.
En ce qui concerne le Lakhon Bassac, Ol Sam Ang, chef de troupe du Lakhon Bassac khmer Ol Sam Ang, affirme qu’il est difficile de comparer le Lakhon Bassac avec d’autres formes d’art moderne, notamment les films et les concerts.
« Mais si les artistes ont une vision claire, nous pouvons continuer à gagner du soutien et à protéger nos valeurs traditionnelles », dit-il.
Sa troupe a connu bien des difficultés pendant les deux années de l’épidémie de Covid-19, mais les beaux jours semblent revenir.
« Avant le Covid-19, nous pouvions avoir plus de 60 représentations par an, mais les deux années crise sanitaire ont été très mauvaises. Maintenant, la situation semble meilleure après la reprise des activités économiques », affirme-t-il.
En ce qui concerne les efforts visant à préserver les formes d’art traditionnelles, la ministre de la Culture et des beaux-arts, S.E. Mme Phoeurng Sackona, a récemment souligné que toutes les parties prenantes devaient continuer à travailler ensemble pour promouvoir toutes les activités culturelles de manière durable.
S.E. la ministre a également réaffirmé le soutien total du ministère aux activités culturelles visant à préserver et à renforcer la culture cambodgienne, en particulier les initiatives visant à créer des festivals ou des événements culturels afin de promouvoir et d’offrir aux jeunes générations la possibilité de faire l’expérience de la protection du patrimoine culturel national et d’y prendre part.
Heng Panha - AKP
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