À l’occasion du 18e anniversaire de la proclamation de Preah Reach Troap Dance (Ballet Royal ) en tant que patrimoine immatériel de l’humanité (7 novembre 2003)...
Extraits du script de la série télévisée réalisée par Christophe Gargiulo avec l’assistance de Son Altesse le Prince Tesso Sisowath, avec l’aide de la Francophonie et de l’ONG NKFC, Cambodge Mag vous propose de lire ou redécouvrir le script illustré de l’épisode intitulé « Le Temps des Enfants ».
Nous sommes ici à quelques kilomètres d’Angkor, dans le district de Banteay Srei. Cet endroit paisible qui ressemble à un petit village est en fait le centre de la Fondation Nginn Karet pour le Cambodge. La NKFC est une ONG pas comme les autres qui a initié la création de l’école de danse Buppha Devi. Ces jeunes enfants en tenue de répétition sont les élèves de la fondation. La NKFC ne prétend pas seulement former des artistes musiciens et danseurs, sa vocation est aussi d’aider les enfants à assumer aussi les travaux de la vie quotidienne. La Fondation s’est initialement attachée à soutenir le développement et à venir en aide à la population en assurant les besoins essentiels de sept villages du district de Bantei Srey choisis parmi les derniers à avoir été libérés de l’oppression des Khmers rouges.
L’école de danse a été créée en 2004, à l’initiative de Ravynn Karet Coxe qui écrivait alors à S.A.R la Princesse Buppha Devi et lui demandait d’être la marraine de cette école des arts de la scène destinés aux enfants les plus démunis de la région. Ravynn Coxen, ancienne de la cour royale dans les années soixante, est en effet irritée par la multitude de troupes de danseurs qui dansent dans les restaurants de Siem Reap et se prétendent du Ballet classique khmer.
Ravynn Coxen raconte : »… Nous avons commencé la fondation en 1994. J’étais en exil depuis 1971 et je suis revenue en 1992. Quand je suis revenue, j’étais très émue par mon pays et j’ai pensé que je devais faire quelque. Au début, je me demandais ce que je pourrais faire, et comment ? Comment aider, et/ou ? Donc, une fois que la fondation a été enregistrée en Angleterre, en 1994, j’ai voyagé à l’intérieur du pays, dans les provinces les plus éloignées. Je voulais me rendre compte de ce qu’il était possible de faire pour aider. Pour les programmes d’hygiène et de santé alimentaires, la fondation reçoit l’aide de volontaires venus de France. Ce sont des étudiants en médecine en général, toujours ravis de venir partager la vie des futurs artistes pendant quelques semaines.
J’ai reçu beaucoup de demandes, non seulement des enfants, des professeurs et des parents, mais aussi de la part du gouverneur de district, pour créer une école de danse, une école de musique, tout le monde était très impatient. Mais il a fallu trouver un terrain, et aussi que je réalise l’ampleur du projet. Je devais être sure de développer un projet dans les règles de l’art. J’avais besoin de soutien, en particulier pour l’école de danse classique. J’ai donc écrit à Son Altesse Royale, et elle a gentiment accepté d’être la marraine de l’école. Elle a également accepté que l’École porte son nom. Mais je n’ai utilisé son nom qu’à partir de 2009. Aujourd’hui nous avons 166 danseurs et musiciens, nous avons 34 musiciens, 73 danseurs, garçons et filles pour la danse folklorique, et 66 pour le Ballet classique khmer.
J’ai appris à ces enfants à ne pas aller danser dans les restaurants et hôtels. Je pense que, depuis que Son Altesse Royale et le Roi sont parvenus à inscrire le Ballet au patrimoine de l’humanité, il y a des standards à respecter. La danse classique ne peut pas être banalisée. Ils feront partie d’une troupe de danse que nous allons créer. En complément, nous leur apprenons d’autres métiers traditionnels tels que la fabrication des instruments, la fabrication des cuirs pour les marionnettes du théâtre d’ombres. Nous leur apprenons la broderie, toutes les disciplines liées à la danse classique. Nous leur apprenons aussi tout le répertoire de ces disciplines. Nous avons eu le grand privilège d’être invités par Sa Majesté le roi. J’ai présenté les petits danseurs à Sa Majesté. Et, ils ont pu danser à Chanchhaya, au Palais Royal à Phnom Penh. Imaginez alors deux autobus remplis d’enfants qui n’avaient jamais vu la ville, ne connaissaient pas l’électricité. Ils n’avaient aussi jamais dansé sur des tapis. Je me demandais s’ils pourraient danser… c’était un immense honneur… »
Ce samedi ensoleillé est un jour spécial pour l’école de danse. Son Altesse Royale la Princesse Norodom Buppha Devi vient depuis Phnom Penh visiter l’école qui porte son nom. Après que les enfants aient salué la Princesse, ces derniers font une démonstration de leur entrainement quotidien. Chaque jour, les enfants font des exercices d’assouplissement. C’est une contrainte nécessaire tant les mouvements du Ballet de danse classique sont difficiles et demandent beaucoup de souplesse. Avec beaucoup de gentillesse et de patience, la Princesse corrigera et montrera elle-même l’exécution de quelques mouvements. Vient ensuite la démonstration de danses folkloriques. Les enfants semblent maîtriser leur discipline et ne sont pas timides. Ils avaient déjà interprété cette danse à Chanchhaya pour Sa Majesté le roi.
Là aussi, la Princesse est très attentive au déroulement de la chorégraphie. La visite passe aussi par les musiciens, essentiellement des jeunes garçons. La performance est de qualité est assez étonnante, cela fait à peine quelques années que cette discipline est enseignée à la fondation. Là aussi, la Princesse prend le temps de donner quelques conseils au jeune professeur de danse, apparemment ravi d’avoir pu faire jouer les enfants pour son illustre invitée. Le professeur de danse est tout de même un peu intimidé. La visite se termine avec les jeunes danseuses de Ballet classique, à quelques mètres des musiciens. Là aussi, les élèves montrent les exercices qu’ils effectuent chaque jour. La aussi, Son Altesse est très attentive au déroulement de l’exercice. Des élèves seront peut-être sélectionnés pour venir faire un stage à Phnom Penh et se perfectionner.
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